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AMÉRIQUE LATINE


vernait. L’hérésie avait été chassée, l’idolâtrie presque complètement éteinte : c’est à peine si parmi tant de centaines de mille habitants on en trouvait quelques-uns qui ne s’appelassent point chrétiens et catholiques. » Ces paroles de Ms r Montes de Oca, secrétaire du concile plénier de l’Amérique latine, tenu à Rome en 1899, dans un discours qu’il lit à ce concile, dépeignent bien l’état de cette chrétienté ilorissante qui embrassait plus de la moitié du nouveau monde. Laudatio funebris Episcoporum Americse lalinse, Romae in acla conciliaire IV nonas Julias 1800 habita, Rome, 1899, et dans Acta et décréta concilii, Rome, 1900.

Mais au commencement du xixe siècle, la Révolution qui avait fait tant de mal à l’Europe franchit les mers et brisa les liens des divers pays de l’Amérique latine avec leur mère patrie. Se constituer en république fut facile ; mais bientôt, sous cette forme de gouvernement, les pouvoirs publics cherchèrent à opprimer la religion catholique ; l’Église eut ses martyrs dont Ma r Montes de Oca a aussi rappelé la liste glorieuse, lbid., p. lxxix. Nous indiquerons plus loin les épreuves par lesquelles elle passa dans chaque État particulier.

II. Concile plénier.

Léon XIII crut qu’un concile plénier donnerait un nouvel essor à cette Église éprouvée. Ils s’était tenu autrefois des conciles provinciaux dans l’Amérique du Sud et le Mexique ; mais jamais il n’y avait eu de concile plénier pour toute l’Amérique latine. Les évoques qui devaient y assister aimèrent mieux se réunir à Rome que dans aucune ville de leur vaste pays. Le concile fut annoncé par le souverain pontife le 25 décembre 1898 et la convocation fut faite le 7 janvier 1899. Tous les archevêques y étaient personnellement invités, ainsi que les évêques des républiques qui n’ont qu’un siège épiscopal. Les autres évêques n’étaient pas tenus de venir tous au concile. Dans chaque province, ils devaient élire un ou plusieurs d’entre eux, pour les y représenter. Les séances se tinrent à Rome au séminaire latino-américain, du 28 mai au 9 juillet 1899. Douze archevêques et quarante et un évêques y assistèrent. Les archevêques présents furent successivement délégués par le souverain pontife pour présider, à tour de rôle, les congrégations générales et diriger les délibérations du concile. Divers cardinaux furent délégués pour présider les sessions solennelles.

A partir de la 17e congrégation (26 juin) le cardinal Vives, qui venait de recevoir la pourpre, après avoir été consultent’du concile, assista aux congrégations comme président d’honneur. Les secrétaires du concile furent Ma r Montes de Oca, évêque de Saint-Louis de Potosi, au Mexique, et Ma r do Rego Maia, évêque de Pétropolis, au Brésil. Léon XIII approuva les actes du concile le Ie’janvier 1900. Le jour de la clôture de ces solennelles assises les Pères assemblés écrivaient au clergé et aux fidèles de leurs diocèses que, depuis la conversion de l’Amérique latine, il ne s’était produit pour ce pays aucun événement plus important : Nihil in tota America lalina post ejus conversionem majoris monienti unquam factum est quod solemni celebralioni concilii plenarii antecedat splendore, magnificentia et gratiarum ubertatc. Acta, p. xcvin. Les décrets du concile embrassent en effet tout le dogme et toute la discipline, en ces xvi titres subdivisés eux-mêmes en chapitres et en 998 articles : 1. De fide et ecclesia catholica ; 2. De fideiimpedimentis et periculis ; d. De persotn ecclesiasticis ; 4. De cullu divino ; ^. De sacramentis ; <i. De sacramentalibus ; 7. De institulione clericorum ; 8. De vita et konestate clericorum ; 9. De catholica instilutione juvenlulis ; 10. De doctrina christiana ; 11. De zelo animarum et caritate christiana ; 12. bc modo confcrendi ecclesiastica bénéficia ; 13. De jure Ecclesise acquirendi et possidendi bona temporalia ; 14. De rébus sacris ; 15. Dejudiciis ecclesiasticis ; 16. P< promulgatione et execulionc dccrelorum concilii. Ces

décrets inspirés du concile du Vatican, du concile de Trente, des conciles tenus précédemment en Amérique (Acta, p. lxxx), des décrets des papes et des congrégations romaines, forment un volume compact, qu’on a fait suivre d’un second volume d’appendices contenant, en 135 articles, les principaux documents propres à éclairer ou à compléter les actes du concile : Acta et décréta concilii plenarii Americse in Vrbe celebrati anno Domini MDCCCXCIX et Appendix ad concilium plenarium, 2 vol. in-8 de cxvi, 462 et 779 p. Les décrets doivent avoir force de loi dans toute l’Amérique latine, un an après leur promulgation. Acta, n. 99L Ils abrogent toutes les lois et coutumes contraires. Acla, n. 998. Il y a donc lieu d’espérer qu’ils vont amener un véritable renouvellement religieux dans ces vastes régions.

Pour en assurer la parfaite intelligence et la complète exécution, le concile en a réservé l’interprétation aux évêques, pour les questions minimes, et à la Sacrée Congrégation des Affaires ecclésiastiques, pour les points importants. Acta, n. 995. Il a aussi interdit de faire la traduction en langue vulgaire d’aucun titre, et à plus forte raison de la totalité des actes, sans la permission du saint^siège. Acta, n. 996. Les deux secrétaires du concile sont restés à Rome, après sa tenue, pour en rédiger la traduction officielle.

III. Privilèges.

Les évêques du concile se sont conformés aux lois générales de l’Église dans leurs décrets. Mais le saint-siège a daigné accorder à toute l’Amérique latine des privilèges qui constituent la partie la plus importante de sa discipline particulière et méritent, à ce titre, d’être indiqués ici. Us sont consignés dans quatre documents principaux : la lettre apostolique Trans oceanum du 18 avril 1897 ; un décret de la S. C. des Affaires ecclésiastiques du 6 juillet 1899, réglant l’obligation du jeûne et de l’abstinence pour l’Amérique latine ; un décret du 1 er janvier 1900, accordant diverses grâces demandées au saint-père par les évêques du concile plénier ; enfin un décret semblable de la S. C. du Concile du 4 mai 1900.

1° Lettre apostolique du 18 avril 1897. — Par sa lettre Trans oceanum, du 18 avril 1897, Léon XIII renouvelle pour trente ans et condense en quatorze articles les divers privilèges accordés par ses prédécesseurs à l’Amérique latine, privilèges dont un certain nombre avaient été abrogés, d’autres reconnus insuffisants.

Voici les principaux de ces articles : 1. Un évêque pourra au besoin se faire sacrer par n’importe quel évêque, en communion avec le siège apostolique, assisté de deux ou trois prêtres, à défaut d’évêques assistants ; — 2. On pourra se contenter de célébrer les conciles provinciaux seulement tous les douze ans ; — 3. Les évêques pourront faire le saint chrême et les saintes huiles en dehors du jeudi saint, s’il y a nécessité ; — 4. En cas de besoin on pourra user des huiles saintes, vieilles de quatre années, pourvu qu’elles ne soient point corrompues ; — 5. Permission de célébrer li’2 novembre trois messes, avec obligation de n’accepter l’honoraire que pour une seule messe et d’appliquer les deux autres à tous les défunts ; — 6. Le temps de Pâques commencera au dimanche de la Septuagésime et se clora à l’octave du Corpus Domini ; — 7. Si, pour gagner les indulgences ou jubilés, la condition de la confession et de la communion est imposée avec le jeune, les fidèles pourront se contenter de jeûner à défaut de confesseur, pourvu qu’ils aient le ferme propos de se confesser le plus tôt possible ou au moins dans le mois ;

— 8. Les Indiens et nègres peuvent contracter mariage au troisième et au quatrième degré d’affinité el de consanguinité ; — 9. Ils peuvent recevoir la bénédiction nuptiale toute l’année, mais sans pompe pendant le temps où les noces sont interdites ; — 10. Les Indiens et les