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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/692

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ANOMEENS — ANSALDI

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puissance d’agir ou l’activité, hzpyv.a, séparable et communicable. C’est ràvEpyeîa, et non pas l’o-Jc-t’a, qui est en Dieu le principe de la paternité, et c’est aussi la participation de l’ivepyda ou puissance créatrice qui constitue la divinité du Fils, car elle l’élève au-dessus du niveau ordinaire des créatures et lui confère vis-à-vis des choses qu’il a créées le rang qui revient au créateur.

L’autre point de divergence se rapporte à la connaissance de Dieu. Arius considérait l’être divin comme incompréhensible. S. Athanase, De synod., loc. cit. Les anoméens. au contraire, proclamaient hautement l’intelligibilité absolue de l’essence divine : « Dieu ne sait de son être rien de plus que nous ; son être n’est pas plus clair pour lui que pour nous. Tout ce que nous savons de lui, il le sait également, et tout ce qu’il sait de lai-même, nous le trouvons pareillement en nous sans différence aucune. » Ce sont les propres paroles d’Eunomius, d’après Socrate, Hisl. eccl., iv, 7, P. G., t. lxvii, col. 474. Et l’anoméen Philostorge compte expressément l’opinion contraire parmi les erreurs d’Arius et d’Eusèbe de Césarée, Hist. eccl., I, 1 ; il, 3 ; x, 2, P. G., t. lxv, col. 461, 468, 583. Quelle put être la genèse de celle doctrine, c’est une question qui demanderait un plus long exposé des idées d’Eunomius sur la manière dont nous connaissons Dieu et sur l’origine divine et la portée des noms appellatifs. Voir Eunomius. Il suffit de remarquer ici une étroite connexion entre cette doctrine et les principes des anoméens sur l’àyevvrtria ; en soutenant que ce mot seul exprimait, et exprimait parfaitement l’essence divine, conçue d’ailleurs avec un caractère de simplicité absolue excluant toute distinction même virtuelle, ils se trouvaient facilement amenés à conclure qu’ils comprenaient pleinement l’essence divine comme le terme même d’àyevvYi<j(a. Cf. S. Grégoire de Nvsse, Contra Eunom., l. XII, P. G., t. xlv, col. 918, 930, 938.

A ces diverses erreurs les anoméens en joignirent d’autres dans l’ordre pratique. Ils rebaptisaient les catholiques et même jusqu’aux ariens qui n’étaient pas de leur secte ; de plus, à la triple immersion alors en usage ils substituaient une seule immersion, en mémoire de la mort de Jésus-Christ. Philostorge, x, 4, P. G., t. lxv, col. 585 ; Sozomène, Hist. eccl., vi, 26, P. G., t. lxvii, col. 1362 sq. Saint Épiphane ajoute qu’ils changeaient aussi la formule traditionnelle, en baptisant au nom du Dieu incréé, et du Fils créé, et de l’Esprit sanctificateur et procréé par le Fils créé. Hæres., hxwi, 6, P. G., t. xlii, col. 657. L’administration du baptême aurait même dégénéré chez eux en pratiques ridicules ou inconvenantes. Théodoret, Hæret.fabul., iv, 3, P. G., t. lxxxiii, col. 420. On reproche encore aux anoméens leur attitude irrespectueuse et rationaliste à l’égard des saintes Ecritures, S. Épiphane, loc. cit., et leur aversion pour le culte des reliques et des saints. Astère d’Amasée, Homil, x, P. G., t. xl, col. 331 ; S. Jérôme, In Vigilant., c. VIII, P. L., t. XXIII, col. 347. Enfin, leurs principes de morale, opposés à l’ascétisme chrétien, auraient été fort larges, comme saint Grégoire de Nysse le dit assez nettement, en défiant les anoméens eux-mêmes de lui porter un démenti. Contra Eunom., l. I, P. G., t. xlv, col. 266, 282.

I. Sources anciennes : les Histoires ecclésiastiq ues de Socrate, Sozomène, Théodoret et Philostorge citées au cours de cet article, et les écrits des Pères qui ont lutté contre les anoméens : S.Basile, Contra Eunomium libri V, les deux derniers livres étant vraisemblablement l’œuvre d’Apollinaire de Laodicée, P. G-, t. xxix, col. 498 sq. ; S. Grégoirede Nazianze, Oral-, xxxm-xxxvi, P. G., t. xxxvi, col. 214 sq. ; S. Grégoire de Nysse, Contra Eunom. libri XII, P. G., t. xlv, col. 243 sq. ; S. Épiphane, Hxres., lxxvi, P. G., t. xlii, col. 516 sq. ; S. Jean Chrysost., Homil., De incomprehensibili, P. G-, t. XLHI, col. 701 sq.

II. Synthèses historiques ou dogmatiques : Tillemont, Mimoires, Paris, 1704, t. VI, p. 501-516 ; Klose, Geschichte und

Lehre des Eunomius, in-8o, Kiel, 1833, p. viii-68 ; Nemwan, The arians ofthe fourth century, c. iv, sect. iv, 4e édit., Londres, 1870 ; Hefele, Hist. des conciles, §77, trad. Leclercq, Paris, 1907, t. i, p. 880 ; Schwane, Dogmengeschichte (1er patristiclien Zeit, 1’eu t., Fribourg-en-Brisgau, 1895, p. 19-31, 128-129. Voir aussi les ouvrages cités aux articles Aétius et Eunomius.

X. Le Baciillet.

1. ANSALDI Chaste Innocent. Né à Plaisance, le 7 mai 1710, prend l’habit des frères prêcheurs à Parme, le 6 septembre 1726. Appelé à Rome en 1733 par le général de son ordre, il suit les études de la Minerve et se lie surtout avec le cardinal Orsi. En 1735, il va enseigner la philosophie à Naples dans le couvent de Sainte-Catherine de Formelo. Il obtient l’année d’après la chaire de métaphysique de l’université. Ses succès font créer en sa faveur, en 1737, par le roi de Naples, une chaire de théologie qu’il n’occupe qu’une année. Il publie en 1738 le premier de ses ouvrages dont la longue série devait lui faire une haute réputation. En 1745, il est nommé premier professeur de théologie dans le couvent de Brescia, et en 1748, professeur d’Écriture sainte. Il est appelé, en 1750, à la chaire de théologie de l’université de Ferrare, qu’il quitte, en 1756, pour occuper, sur la demande du roi de Sardaigne, celle de l’université de Turin. Il y enseigne 14 ans et meurt dans cette même ville, les premiers jours de mai 1780. La plupart des ouvrages d’Ansaldi sont empreints d’une grande érudition et visent d’ordinaire la critique rationaliste et la philosophie anti-chrétienne de son temps. La liste suivante contient ses principales publications : — 1° PatriarchseJosephi, jEgypti olini Proregis, Religioa criminationibus Basnagii vindicata, in-8o, Naples, 1738 ; rééditée sous ce titre : De veteri A£gyptiorum idolatriaac moribus dissertalio, in qua palriarch. Joseph, ab criminationibus Basnagii vindicatur. Eclitio altéra pi urimum emendata et aucta (dans la Raccolla d’opuscoli, du P. Calogerà, Venise, 1741, t. xxiii), in-8o, Brescia, 1747. — 2° De caussis inopiee veterum monumentorum pro copia martyrum dignoscenda, aduersus Dodmvellum dissertatio, 1 vol. in-8o, Milan, 1740 ; — 3° De prin cipiorum legis naturalis traditione libri III, 1 vol. in4°, Milan, 1742. — 4° De romana tutelarium deorum in oppugnationibus urbium evocatione liber singularis, in-8% Brescia, 1743 ; in-8o, Venise, 1753, 1761 ; Oxford, 1765. — 5° De marty ribus sine sanguine, altéra aduersus Dodvellum, in qua et romani martyrologii loca a criminationibus Bselii vindicanlw, 1 vol. in-8o, Milan, 1744 ; Venise, 1756, avec le De caussis inopiee. — 6° DeforensiJudseorum buccinacommentarius, l vol.in-8 », Brescia, 1745 ; Venise, 1763, dans le t. xxvii du Thésaurus antiquitatum sacrarum d’Ugolini. — 7° Herodiani infanticidii vindiciee. Accedit dissertatio de loco Joltannis aliter atque habet Vulgata a nomudlis Patribus lecto, 1 vol. in-4°, Brescia, 1746. — 8° De aulhenlicis sacrarum Scripturarum apud SS. Patres lectionibus libri duo, 1 vol. in-4o, Vérone, 1747. —9° De futuro sseculo ab Hebreeis ante captivitatem cognitn, adversus Johannem Clericumcommentarius, vol. in-8 ii, Milan, 1748.

— 10° De baptismale in Spiritu Sancto et Igni commentarius sacer philologico-criticus : cui accedunt orationes duee in Ferrariensi Atltenmo habitée, vol. in-4°, Milan, 1752. — 11° De sacro et publico apud Elhnicos tabularum pictarum cultu, lvol. in-4, Venise, 1753 ; Turin, 1768(édit. augmentée). — 12° Vindiciee Maupertuisanee ab animadversionibus viri Cl. Francisci M. Zanotti quibus quantum philosophiee morali stoicorum preestet religio ininfelicitate vitx minuenda demouslratur, 1 vol. in-4o, Venise, 1754. — Difesa del Signor di Mauperluis dalle censure del Signor dot tore Francesco Maria Zanolli, tradotla dal latinodel P. C. I. Ansaldi in linguaggio italiano da Lorenzo Dorighi Ferrarese, 1 vol. in-4o, Venise, 1756, et dans le t. i de Raccolla di traitait didiversi auluri, concernenii alla Religion naturale, cd allamorale filosofia de’cristiani, Venise, 1756.