Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/749

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1439
1440
ANTIOCHE (ÉCOLE THÉOLOGIQUE D’)

de Dieu au sein de la création. Il a reçu de Dieu les forces nécessaires pour atteindre sa fin ; mais, pour qu’il en fasse usage, il faut qu’il soit pénétré d’un principe de vie divine, et élevé, par son union avec Dieu, de sa condition changeante à l’immutabilité morale, qu’il devra ensuite faire rejaillir sur toute la création. Le combat et la tentation sont nécessaires pour se perfectionner et travailler à l’acquisition de sa fin. Le premier homme, comme tous ses descendants, fut créé sujet à la mort. Si Dieu l’a puni de mort, après son péché, c’est une simple métaphore pour porter l’homme à craindre et haïr le péché. De plus si Dieu a permis le péché, c’est parce qu’il prévoyait qu’il tournerait au salut de l’homme. En se perfectionnant par la lutte dans la vie présente l’homme acquiert des mérites auprès de Dieu et prépare ainsi sa résurrection bienheureuse.

IV. Jugement critique sur l’école d’Antioche. — L’école théologique d’Antioche présente des qualités et des défauts dont il appartient au critique de tenir compte dans son appréciation. Il est incontestable que les grands maîtres de cette école furent les créateurs d’une méthode scientifique et rigoureuse qu’ils appliquèrent dans toutes leurs recherches ; ils imprimèrent à la théologie un puissant mouvement qui, venant se heurter à l’opposition d’Alexandrie, souleva de savantes et longues discussions, força les esprits à mieux analyser les données dogmatiques et prépara ainsi la voie aux définitions conciliaires. Il est certain aussi que cette école sentit fortement le besoin scientifique, s’efforça de pénétrer dans l’intelligence du dogme avec les seules ressources de la raison, et inaugura ainsi l’explication rationnelle des dogmes. Sous ce rapport elle rendit de réels services. — Mais là aussi fut pour elle le véritable danger ; ses hardiesses mêmes furent la cause de sa ruine et sa méthode la conduisit à des conséquences erronées que l’Église condamna. Nous savons en effet qu’elle aboutit aux anathèmes d’Éphèse. De plus, par l’organe de Théodore de Mopsueste, elle posa des principes qui devaient ouvrir la voie à des hérésies postérieures. En méconnaissant les suites du péché originel et sa transmission aux descendants d’Adam, en insistant trop fortement sur le rôle et la puissance du libre arbitre, en proposant une nouvelle théorie de la rédemption, qui rompait avec les idées habituelles et traditionnelles, en concevant la grâce comme le résultat des mérites de l’homme, l’évêque de Mopsueste fut le précurseur de Pélage. — Comme il ne voyait dans le mal qu’une simple transition au bien, il se figurait qu’un jour la rédemption le supprimerait entièrement et qu’il y aurait une rénovation générale pour tous les pécheurs ; il niait également l’éternité des peines de l’enfer et donnait par là la main à Origène.

Frd. Chr. Münter, Commentatio de schola Antiochena, Copenhague, 1811 ; Id., Ueber die Antiochenische Schule, dans Archiv für alte und neue Kirchengeschichte de Staüdlin et Tzschirner, t. i, 1813 ; Dubois, Études sur les principaux travaux de l’école d’Antioche, Genève, 1858 ; K. Hornung, Schola Antiochena de Scripturæ interpretatione quonam modo sit merita, Neustadt am Saal, 1864 ; Kuhn, Die antiochenische Schule, Ingolstadt, 1866 ; Ph. Hergenrother, Die antiochenische Schule und ihre Bedeutung auf exegetischen Gebiete, Wurtzbourg, 1866 ; H. Kihn. Die Bedeutung der antiochenischen Schule auf dem exegetischen Gebiete, Weissembourg, 1807 ; Id., Theodor von Mopsuestia und Julius Africanus als Exegeten, Fribourg-en-Brisgau, 1880 ; F. A. Specht, Der exegetische Standpunkt des Theodor von Mopsuestia und Theodoret von Kyros, Munich, 1871 ; L. Diestel, Geschichte des Alten Testaments in der christlichen Kirche, Iéna, 1809, p. 120-141 ; cardinal Hergenrother, Histoire de l’Église, trad. Belet, 1880, t. ii, p. 131-140 ; Ad. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, Fribourg-en-Brisgau et Leipzig, 1894, t. ii, p. 322-330 ; V. Ermoni, De Leontio Byzantino et de ejus doctrina christologica, Paris, 1895, p. 93-90 ; Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. i, col. 2426-2427.

V. Ermoni.

ANTIOCHUS, moine du couvent de Saint-Sabas près de Jérusalem, serait né, d’après un manuscrit, au bourg de Medosaga, à vingt milles d’Ancyre. Il se retira depuis dans la laure de l’anachorète palestinien, fut témoin oculaire de l’invasion persane en 614 et du massacre de quarante-quatre de ses confrères par les tribus bédouines des environs. À la suite de la conquête du pays par les troupes de Chosroës, Eustathe, supérieur du monastère d’Attaline, près d’Ancyre, fut contraint, d’abandonner son couvent sans emporter de livres ; il pria donc son ami Antiochus de lui rédiger un petit manuel de la morale chrétienne, où il insérerait toute la substance de l’Ancien et du Nouveau Testament et des anciens auteurs ecclésiastiques. L’ouvrage nous est parvenu sous le titre de : Πανδέϰτης τῆς ἁγίας γραφῆς, ou plus simplement Pandecte ; il est divisé en 130 chapitres que le traducteur latin a pris, à tort, pour autant d’homélies. Une lettre d’introduction raconte le martyre des quarante-quatre moines de Saint-Sabas, le dernier chapitre énumère les hérétiques depuis Simon le Mage jusqu’aux partisans de Sévère. Une prière, jointe ordinairement à la Pandecte, dépeint les souffrances de Jérusalem depuis la conquête de Chosroës et demande à Dieu la délivrance des Lieux saints. La rédaction de ces deux écrits se place entre les années 620 et 628. Antiochus possède une connaissance parfaite des saintes Écritures qu’il utilise avec un sentiment très juste et presque sans erreur. Sa compilation nous est également précieuse parce qu’elle nous a conservé des extraits d’ouvrages qui sont aujourd’hui perdus.

Migne, P. G., t. lxxxix, col. 1427-1850 ; Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Literatur, Munich, 1897, p. 146.

S. Vailhé.

ANTIPATER DE BOSTRA. Antipater, évêque de Bostra en Arabie, vivait en 458 ; il était lié d’amitié avec saint Euthyme († 473), qui lui députa sur la fin de sa vie un de ses disciples. Sa sainteté l’a fait inscrire dans le Ménologe grec, à la date du 13 juin. Compté par l’empereur Léon Ier au nombre des principaux évêques, cité par saint Maxime et saint André de Crète, Antipater fut, au VIIe concile général, rangé parmi les sommités ecclésiastiques. Il avait dans un grand ouvrage réfuté l’Apologie d’Origène, écrite par Pamphile et Eusèbe de Césarée ; vers l’an 540, l’higoumène Gélase fit lire quelques extraits de cette Ἀντίῤῥησις pour s’opposer aux intempéries de langage des moines sabaïtes. De cet ouvrage aujourd’hui perdu il ne reste plus que des fragments dans les Actes du VIIe concile, Hardouin, t. iv, col. 304, dans les Parallèles de saint Jean Damascène et dans le cardinal Mai. Nova Patrum bibliotheca, t. vii, p. 208. Antipater écrivit encore un traité contre les apollinaristes, dont on possède quelques lignes seulement, ainsi qu’un grand nombre d’homélies. Un fragment de son homélie sur la femme adultère se trouve dans les actes du VIIe concile. Hardouin, t. iv, col. 169. Deux autres homélies sont publiées en tout ou en partie dans Migne, P. G., t. lxxxv, col. 1763-1796 ; l’une a pour titre : « Saint Jean-Baptiste, le silence de Zacharie et le salut des saintes femmes, » elle appartient sûrement à un écrivain postérieur ; l’autre, concernant l’annonciation de Marie, présente plus de caractères d’authenticité, bien qu’elle ne soit pas absolument garantie. S. Vailhé.

ANTIST Vincent Justinien. Né à Valence d’Espagne, où il entra dans l’ordre des frères prêcheurs. Théologien et hagiographe estimé, il mourut dans sa ville natale, en 1599. On a de lui un commentaire sur toute la logique et des vies de saints. Nous devons particulièrement citer ici l’ouvrage dans lequel il défend la conception immaculée de la sainte Vierge : Tratado de la concepcion de Nuestra Señora, 1 vol. in-16, Huesca ; Valence ; in-8o, Madrid, 1615 ; in-12, Majorque, 1616. Oldoinus dit qu’il en existe une traduction latine. Une