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MAUR DK L’ENFANT.JÉSUS — MWJRICE DU PORT


de Gascogne, que les supérieurs de Touraine consentirent enfin, le 1 er mai 1665, à son affiliation définitive à cette province. Il mourut au couvent de Bordeaux, le 19 avril 1690. Par son zèle ardent.il contribua beaucoup à intensifier le véritable esprit de la réforme de Touraine, d’abord dans la province de Touraine même, puis, pendant la plus grande partie de sa vie, dans la province de Gascogne. Il fut un véritable exemple de toutes les vertus ; il aima particulièrement la solitude et l’oraison. Résidant à l’ermitage de Loi mont, près de Bordeaux, il consacrait à la prière souvent jusqu’à sept heures par jour. Aussi Dieu le combla-t-il de ses faveurs ; il fut favorisé, entre autres, du don de prophétie. On lui doit divers traités ascético-mysùques. L’auteur ne s’y occupe guère des faveurs extraordinaires, mais tend surtout à guider les âmes dans les diverses étapes de la vie spirituelle et mystique au moyen de la mortification, de l’abnégation et de la mort continuelles. Il se montre admirablement pénétré de la doctrine du « rien » de saint Jean de la Croix, c’est-à-dire de la mort complète à soi-même et à tout ce qui n’est point Dieu. On connaît de lui : 1. La crèche de l’Enfant Jésus, Bordeaux, in 12 ; 2. Le Royaume intérieur de Jésus-Christ dans les âmes divisé en trois parties, Paris, 1664, in-12 ; 3. L’entrée à la Divine Sagesse, comprise en plusieurs traitiez spirituels, qui contiennent les secrets de la théologie mystique, à savoir : a) Les trois portes du ï’alais de la Divine Sapience ; b) La montée sprituellc contenant huit degrez ; c) L’exposition des communications divines, dans les estats et degrez de la vie mystique et spirituelle ; d) Le Sanctuaire de la Divine Sapience, dans lequel sont compris les plus profonds secrets de la vie spirituelle ; e) Théologie chrestienne et mystique. Ce recueil eut beaucoup d’éditions ; la l re parut à Bordeaux, 1652, in-12 ; le P. Pascal du Saint-Sacrement, CD., en a commencé une nouvelle édition à Louvain, 1921, 1 vol. in-12 ; 4 et 5. Réflexions sur la vie de Noire-Seigneur et Traité de la fidélité de l’âme à son Dieu parurent à la fin de l’ouvrage précédent, édition de Paris, 1672 et éditions suivantes.

Daniel de la V. M., Spéculum carmelitanum, Anvers, 1680, t. ii, p. 1093, n. 3854 ; Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t. ii, col. 426-427, n. 127 ; P.Pascal du S.-Sacrement, C. D., L’Entrée à la Divine sagesse, Louvain, 1921, t. i, p. 5 sq.

P. Anastase de Saint-Paul.

    1. MAURICE GAMBARINI##


MAURICE GAMBARINI, de La Morra

d’Asti, en Piémont, f. ère mineur capucin de la province de Gênes, avait revêtu l’habit religieux en 1576. Nommé professeur de théologie, il suivait dans son enseignement, conformément à l’usage de son ordre, les Commentaires de saint Eonaventure sur les Sentences, et sa réputation comme lecteur n’avait point tardé à franchir les limites de sa province. Le duc de Savoie ayant, en 1595, demandé des capucins pour les opposer aux hérétiques qui faisaient des progrès dans ses États, le P. Maurice était un de ceux qu’on lui accordait.. Il s’y employait avec zèle et succès dans les environs de Pignerol, quand une grave maladie, causée peut-être par les fatigues de cette vie de missionnaire, le contraignit au repos. Vers cette époque le cardinal de Sainte-Séverine, protecteur de l’ordre des capucins, jetait les yeux sur l’ancien lecteur de Gênes pour continuer la Summa theologica S. Bonaventuree, dont son confrère le P. Trigoso (| 1593) n’avait publié que le premier volume. Peu après toutefois, octobre 1600, cédant aux instances qui lui venaient de la Savoie.il désignait le P. Maurice comme supérieur des missionnaires de la Sainte-Maison de Notre-Dame de Compassion à Thonon. Les pouvoirs très étendus qu’il recevait alors mentionnent avec éloge ses travaux précédents dans les vallées du Piémont. Le docte et vail lant missionnaire « le bon P. Maurice », comme l’appelait saint François de Sales (Lettre, cccxxvii 16 janvier 1606, Annecꝟ. 1904, t. xiii, p. 127), mourut à Saint-Julien en Genevois, le 25 septembre 1613. Le P. Maurice était un fort savant théologien, écrit l’historien des missions de Savoie. Il fit imprimer un traité des points de controverse, l’âîi 1599, que Mgr l’archevêque de Turin lui ordonna de composer. Ce livre fut si fort estimé des théologiens, et singulièrement du R. P. Inquisiteur général, que son Altesse Royale ordonna de le faire voir au Pape Clément VIII, qui l’approuva après l’avoir fait examiner aux cardinaux d’Ascoli (Berneri) et Bellaimin ». Par un privilège du 2 juillet 1601, le duc de Savoie en réservait l’impression pour dix ans à Jean Dominique Tarino, libraire à Tuiin.qui le faisait paraître cette même année et en 1607. Le bibliographe Rossotto en donne ce titre, que nous n’avons pu contrôler : Catechismo, 6 vera dottrina christiana c catholic.a, con il modo di frutluosamenle eccuparsi nelli ordinarii esercilii di religione chrisiana, quali sola tiene la santa Chiesa Romana, per essere vcramente catholica et apostolica. Il ajoute cet éloge : c’est un ouvrage que l’on peut à bon droit appeler l’antidote des catéchismes pestilentiels de Genève et des calvinistes. En cinq parties l’auteur traitait des articles de la vraie foi, des sacrements, de la célébration des fêtes, de l’invocation et de l’intercession des saints, et des textes de l’Écriture faussement employés par les novateurs. Quant aux Commentaria in quatuor libros Sententiarum S. D. S. Bonaventur.v, datés de 1595, ils furent longtemps conservés au couvent de l’Immaculée-Conception à Gênes.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriplorum O. F. M. capuccinorum, Venise, 1747 ; Boverius, Annales O. M. capuccinorum, t. ii, p. 982, Lyon, 1639 et Silvestre de Milan, Appendix ad lomum III Annalium, Milan, 1737 ; Bullarium O. M. capuccinorum, t. v, p. 133, Rome, 1748 ; Charles de Genève, Histoire des missions des PP. Capucins de Savoy(, Chambérꝟ. 1867 ; Eugène de Bellevaux, Nécrologe et notes biographiques des f. m. capitons de la prou, de Savoie, Chambérꝟ. 1902 ; Ferreri Mathias de Cavallermaggiore, Eationarium chronographicum missionis evangelicæ a capuccinis signantpr in Gallia cisalpinu e.rercitee, Turin, 1659 ; F.-X. Mollino, I capuecini genovesi, i. Note biograficke, Gênes, 1912, ni, Necrologio, ibid., 1921 ; Roch de Cesinale, Storia délie missioni dei cappuccini, t. i, c. x, Paris, 1867 ; Rossotto, Syllabus scriplorum Ptdemontii, Mondovi, 1667.

P. Edouard d’Alençon.

MAURICE DU PORT (O’FIHELY) naquit en

1460, selon les uns à Clonfert, selon les autres à Baltimore dans le comté de Cork, Irlande. Après son entrée dans l’ordre de saint François, il étudia à l’Université d’Oxford. En 1488, le chapitre de Crémone le nomma régent du studium générale de Milan ; trois ans après, en 1491, il devenait professeur à l’Université de Padoue où l’école de Duns Scot brillait alors d’un vif éclat. Dans le Rolulus dominorum artistarum de l’année 1500, Maurice du Port est mentionné comme titulaire de la chaire de théol’ogie scotiste. A. Favoro, Lo Studio di Padova nei diarii di Marino Sanuto, dans le Nuovo Archivio Veneto, nouv. série, n. 71-72, 1918, t. xxxvi, p. 75. Le 22 février 150 1, Pierre Barozi, évêque de Padoue, intercédant en sa faveur auprès de la Seigneurie de la ville, en faisait un grand éloge : Homo doctissimo et exeroilatissimo, il quale, a judicio mio, non ha alcune pare in Ilalia, cavando fora li reverendi maistri Antonio Trombela et Gratia. Favoro, loc. cit., p. 82-83. Provincial d’Irlande, Maurice du Port dénonça vigoureusement’au chapitre célébré à Rome en 1506 le ministre général de l’ordre, Égide Del fini et provoqua sa démission. Wadding, Annal’s Ordinis Minorum, an. 1506, n. 4. La même année, le 26 juin, Jules II le nomma à l’archevêché