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MAURICE DU PORT — MAURISTES

de Tuam en Irlande et le sacra lui-même à Rome. Wadding, Modèle:''ibid''., an. 1510, n. 15. Maurice du Port ne prit pas immédiatement possession de son siège, mais demeura en Italie. Le 29 mars 1512, il était de passage à Padoue. Favoro, loc. cit., p 92. La même année il assista au Ve concile œcuménique du Latran et signa les Actes des deux premières sessions. Peu après il partit pour l’Irlande et mourut à Galway, le 24 juin 1513 selon Wadding, le 25 mars d’après Eubel, Hierarchia catholica medii ævi, Munster, 1910, t. iii, p. 340.

Maurice du Port fut un très actif disciple de Duns Scot. Il écrivit plusieurs commentaires sur les ouvrages du maître franciscain : Annotationes in quæstiones metaphysicales Scoti, Venise, 1-197 : Expositio in quæstiones metaphysicales Scoti, Venise, 1497 ; Expositio in quæstiones dialecticas Scoti, Venise, 1505. Il édita en outre plusieurs ouvrages importants de Duns Scot et de ses disciples immédiats : Quæstiones Scoti in Metaphysicam Aristolelis. Ejusdem de primo principio tractatus atque theoremata, Venise, 1497 ; Quæstiones Scoti super uniuersalibus Porphyrii et Aristotelis prædicamentis et perihermeneias ac elenchorum necnon discipuli ejus Antonii Andreæ super libro sex principiorum Gilberti Porretani, Venise, 1500 ; Expositio Antonii Andreæ in Metaphysicam Aristotelis, Venise, 1501 ; Libri IV Sent. scripti Oxoniensis D. Scoti, Venise, 1506. Ces diverses éditions ne sont pas sans mérite. Maurice du Port a été tenu en grande estime par les théologiens de son temps. Eck, De prædestinatione, s. l., 1513, cent. 4, n. 35. La douceur de son caractère lui a valu le titre honorifique de flos mundi. Wadding, Annales, an. 1510, n. 15.

Franchini, O. M. Conv., Bibliosofiae memorie letterarie degli scrittori franciscani conventuali, Modène, 1693, p. 454 ; Jean de S. Antoine, Bibliotheca universa franciscana, Madrid, 1732, t. ii, p. 357-358 ; Little, The Grey Friars in Oxford, Oxford, 1892, p. 267-268 ; D’Alton, M. O’Fihely, art. de la Catholic Encyclopædia, 1911, t. xi, p. 221 ; Sbaralea, Supplementum ad Scriptores, édit. Mardecchia, Rome, 1921, t. ii, p. 242-243.

E. Longpré.

MAURISTES. — De l’avis de tous les érudits, la Congrégation de Saint-Maur, de l’ordre de saint Benoît a, pendant plus de cent cinquante ans, rendu des services signalés dans le domaine des sciences sacrées et profanes. Étendue, variée et féconde, suivant les expressions de Ch. Langlois, l’activité des Mauristes mérite d’être relevée dans ce Dictionnaire, où les plus marquants d’entre eux ont eu déjà ou auront dans la suite, une notice spéciale. Ce qu’il importe de faire ressortir ici, au risque de quelques répétitions, ce sont les résultats d’ensemble, obtenus par un travail intellectuel dont l’organisation fut de tous points excellente, qu’il s’agît d’aller explorer les archives des bibliothèques en France ou à l’étranger, de mettre ensuite en œuvre les copies et les notes recueillies, de publier enfin des traités d’érudition ou des collections de textes précieux. L’œuvre pourtant ne se réalisa pas sans des difficultés qui en rehaussent le mérite : les obstacles vinrent des querelles religieuses de l’époque auxquelles bon nombre de mauristes furent mêlés, et parfois aussi du défaut d’entente parfaite pour l’exécution des travaux. Il est curieux d’entendre un dom de Sainte-Marthe se plaindre du déclin des études au moment même où un Mabillon, un Montfaucon et tant d’autres avec eux étaient dans toute l’ardeur du travail. Il n’en reste pas moins établi qu’aucune compagnie religieuse, aucun groupement de savants n’a égalé la Congrégation de Saint-Maur, ne peut même se vanter de l’avoir suivie à une longue distance. A l’heure actuelle, beaucoup d’érudits trouvent à s’instruire et se documenter dans les manuscrits des mauristes, sauvés du pillage de la Révolution, et conservés dans les bibliothèques de Paris ou de la province.

Avant de dire ce que furent les travaux des mauristes nous donnerons : I. Un aperçu historique sur la Congrégation de Saint-Maur ; II. L’exposé du jansénisme au sein de la Congrégation (col. 411) ; III. Une description de la formation des religieux et de l’organisation du travail intellectuel (col. 417) ; IV. Les travaux des mauristes (col. 423).

I. Aperçu historique sur la Congrégation de Saint-Maur. — La Congrégation bénédictine de Saint-Maur tire son origine de celle de Saint-Vanne à Verdun, où dom Didier de la Cour, profès de 1575, avait opéré une réforme en 1600 ; unie à la communauté de Moyen moutier en 1601, celle de Verdun forma une congrégation à laquelle une bulle de Clément VIII, en 1604, donna l’existence canonique sous le nom des Saints Vanne-et-Hydulphe. En peu d’années la nouvelle congrégation groupa plus de quarante monastères. Plusieurs maisons de France voulurent s’y agréger, entre autres Saint-Augustin de Limoges, Saint-Junien de Noaillé, Saint-Faron de Meaux ; mais comme la Lorraine n’appartenait pas à la France, il y eut des difficultés et l’on résolut d’ériger en France une autre congrégation. L’instrument dont se servit la Providence pour l’exécution de ce dessein fut un jeune religieux de l’ordre de Cluny, dom Laurent Renard (ou Besnard) alors prieur du Collège de Cluny à Paris, et docteur en Sorbonne. Ayant trouvé son prieuré dans un état déplorable, il demanda et obtint des religieux lorrains pour son collège. Parmi ceux-ci se distinguaient dom Athanase de Mongin et dom Colomban Régnier. Au chapitre général de Saint-Mansuy à Toul, en 1618, la demande des Français fut agréée par les Lorrains, dom Laurent Renard fut désigné pour faire les démarches nécessaires, et, dès le mois d’août, il obtenait de Louis XIII des lettres patentes ; les bénédictins réformés français purent tenir leur premier chapitre au couvent des Blancs-Manteaux : on nomma dom Martin Tesnière président de la Congrégation de Saint-Maur. Dom Laurent Benard, un de ses assistants, ne tarda pas à mourir (1620). Peu de temps après, arrivait du Languedoc à Paris dom Tarrisse, désireux d’établir la réforme bénédictine dans les couvents de sa région : né à Cessenon dans l’Hérault, en 1575, il avait d’abord appartenu à la Congrégation des Exempts ; il venait aux Blancs-Manteaux réclamer les conseils des religieux. À force d’instances, il obtint que deux Pères, dom Colomban Régnier et dom Placide le Simon l’accompagneraient à Toulouse et rapporteraient au chapitre général de Jumièges, ce qu’ils auraient vu. Grâce à la générosité du cardinal de La Valette, archevêque, un séminaire bénédictin fut établi à Toulouse Dom Tarrisse y entra en juin 1623, se soumit de nouveau aux épreuves du noviciat, obtint que son prieuré de Cessenon serait uni à Saint-Maur et fit profession le 29 juin 1624 ; il prit alors le nom de Grégoire. Successivement prieur de la Daurade à Toulouse, en 1627, de Saint-Junien de Noaillé près de Poitiers en 1629, il fut envoyé l’année suivante au chapitre général tenu à Vendôme, où on le nomma définiteur.

La Congrégation de Saint-Maur, jusqu’à cette date, avait été gouvernée par des supérieurs qui avaient le titre de président du régime, ils étaient renouvelés tous les trois ans : tel fut le cas de dom Martin Tesnière, de 1618 à 1621 et de 1624 à 1027, de dom Colomban Regnier, de 1621 à 1624, de dom Maur Dupont, de 1627 à 1630. Ces présidents du régime résidaient au couvent des Blancs-Manteaux dont ils étaient prieurs. Élu au chapitre général de Vendôme pour succéder à dom Maur Dupont, dom Grégoire Tarrisse