1835
- MIRACLE##
MIRACLE. POSSIBILITÉ : ACTION DÉS CAUSES SECONDES
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t. xii, col. 771 : et surtout de saint Grégoire le Grand Diaiog., II, xxx. P. 1… t. i.xiii. col. 188.
Il faut en lin considérer que les ange s, par leur proPre vertu naturelle, sont capables de réaliser des faits d’apparence miraculeuse, dépassant la puissance de la nature corporelle ou visible’. Mira et non miracula, disent communément les théologien, à moins d’entendre le mot miraculum dans un s « ens large de fait dépassant le pouvoir et l’entendement humain. Cf. De potentia, loc. cit.
Ces miracles inférieurs, simples prodiges, peuvent-ils être considérés comme suffisants pour attester la volonté divine et être reçus comme tels dans les procès de canonisation ? Benoît XIY le pense, De servorum Dei beatif. et canoniz., I. IV. c. i. n. Il ; c. vi. n. 5 sq., et avec lui de bons auteurs, comme Hooke, Tractatus de vera religione, 1, dissert. ii, c. i, § 1. dans Aligne. Cursus théologiens, t. n. col. 509 sq. ; Schouppe, Elementu theologise dogmatiese, t. i, n. 137 : Stiefelhagen, Théologie des Heidenthums, Ratisbonne, 1858, p. 137 : Rohling, Der Katechismus des XIX. Jahrhunderls, Mayencc, 1877, p. 38 : Ottiger, Theologia fundamentalis, Fribourg-en-B., 1897. 1. 1. p. 173.
Les démons, de leur côté, ne peuvent pas opérer tous les prodiges que leur nature supérieure leur permettrait ; Dieu parfois peut les « lier », afin de les empêcher de nuire. Néanmoins des prodiges peuvent être accomplis par eux, qu’il faut savoir discerner. Voir Démons, t. iv, col. 405-40(i. Dans le De potentia, q. vi, a. 5, saint Thomas exclut des démons tout pouvoir instrumental par rapport aux miracles proprement dits : ce pouvoir, en effet, n’est communiqué par Dieu aux créatures que dans le but de corroborer la vérité et de promouvoir le bien, ce dont sont incapables les démons. S’il fallait, dit saint Thomas, attribuer^le changement de la femme de Loth en statue de sel au démon, il conviendrait alors d’accepter que Dieu peut parfo is communiquer au démon un véritable pouvoir inst rumental d’accomplir des miracles, mais uniquement d ans le but d’infliger un châtiment à des coupables. De malo, q. xvi. a. 9, ad 3 UI ".
2. L’humanité de Jésus-Christ. Nous résumerons la doctrine exposée à l’art. Jésus-Christ. L’existence en Jésus-Christ d’une puissance instrumentale relative aux miracles ne peut faire aucun doute. Les miracles accomplis par le Sauveur témoignent en elle ! du pouvoir de les accomplir, et, parce que Jésus pouvait user de ce pouvoir comme il le voulait, Matth., vin, 2-3, il s’ensuit que le charisme du pouvoir des miracles était en Jésus à l’état permanent. Voir Jésus-Christ, col. 1315. L’union physique de l’humanité à la divinité fait qu’il n’en pouvait être autrement, l’humanité du Christ étant l’organe, instrument « conjoint » et non séparé de la divinité, comme chez les autres thaumaturges. Cf. S. Thomas, De veritale, q. xxvii, a. 4.
Quant à l’étendue du pouvoir des miracles dans l’humanité de Jésus-Christ, nous n’avons aucune restriction à faire. Comme instrument de la divinité. l’humanité du Sauveur devait précisément pouvoir opérer tous les miracles utiles à la fin de l’incarnation. Sum. theol., III 11, q. vii, a. 7. ad 1’"", et q. xiii. a. 2 avec le commentaire de Cajétan. El parce « pie la fin du mystère de l’incarnation est la restitution de toutes choses dans l’ordre, le pouvoir d’opérer des miracles devait s’étendre à tout ce qui peut favoriser cette restitution. Sum. theol., III a, q. xi.m. a. 1-1, et les commentaires des auteurs. Voir JÉSUS-CHRIST, col. 1233 ; 1310.
3. Les Inimitiés. L’existence de thaumaturges, opérant au nom (le Dieu des miracles, ne peut cire niée. Les apôtres opérèrent de multiples guérisons iramculeuses, dont le récit est consigné aux Actes.
Voir col. 1801 et Act. m. 7-10 ; iv, 30 ; v, 1-12. 16 ; vin, 7 : ix. 33-34, 30-42 ; xiii, 11 : xx, 9-12. D’ailleurs, parmi les charismes accordés à la primitive Église, saint Paul énumère la grâce des guérisons et le don d’opérer des miracles. I Cor., xii, 9-10 ; cf. Marc xvi, 18.
Sans doute, les hommes peuvent obtenir de Dieu, par leurs prières, l’accomplissement de certains miracles. Cf. S. Thomas, Sum. theol., I I a - 1 I æ, q. xcvii, a. l, ad 2 1, m ; q. clxxviii, a. 1. ad lum ; III a, q. i.xxxiv. a. 3. ad 4°" 1 : Cont. (lentes. t. III, c. cm ; t. IV, c. i v : De potentia. q. vi, a. 4, 9 ; De veritate, q. xxvii, a. 3, etc. Cette prière peut être même un simple désir. L q. ex. a. 4, ad l" m. Et même, en ne considérant que la puissance naturelle de l’homme, la prière et l’intercession est le seul mode d’obtenir de Dieu des miracles, In 1 1 / » ’» Ne/iL. dist. XVI, q. i, a. 3. Mais les hommes peuvent aussi faire des miracles ex potestate, coagendo, cooperando ; c’est là la véritable causalité instrumentale. II 8 -II æ, q. clxxviii. a. 1. ad L" 1° ; Cont. Gentes, 1. III. c. cm : De potentia, q. vi, a. 4, 9. Si saint Thomas paraît affirmer que les apôtres n’ont pas reçu le pouvoir de guérir les infirmes, mais seulement celui de prier efficacement pour leur guérison, III 1’, q. lxxxiv. a. 3. ad 4um, il faut sans doute entendre qu’ils n’eurent pas ce pouvoir habituellement, comme Jésus-Christ le possédait. Trop d’autres textes, en eflet, nous font conclure à la communication, pour des cas particuliers, du pouvoir instrumental d’opérer le miracle. Cf. Cajétan, in / ;. L
a) La sainte Vierge. Pour saint Thomas, la vierge Marie reçut, avec les autres grâces, le don des miracles ; mais il lui en refuse l’usage durant sa vie mortelle ; il n’appartenait, en effet, qu’au Christ et aux apôtres de confirmer par des miracles la vérité de leur prédication. Sum. theol.. III a, q. xxvii, a. 5. ad 3° IU. Albert le Grand, saint Antonin, et surtout Suarez posent à cette doctrine une restriction importante : il leur semble que si la vierge Marie n’accomplit pas, par elle-même, et en public, des miracles avant l’ascension de son Fils, elle dut en accomplir dans la suite. Suarez, De mysteriis vitee Christi. disp. NX, sect. m. Par ailleurs, durant la vie même de Jésus, rien n’empêche qu’elle n’en ait obtenu par la prière, comme le fait s’est produit à Cana. Cf. Terrien. La Mère de Dieu, t. ii, p. 291 sq.
Dans la gloire du ciel, Marie ne cesse pas de répandre sur nous ses bienfaits. S’il est vrai d’affirmer que toute grâce nous parvient par sa médiation, voir Marie, t. ix, col. 2389 sq., aucun miracle ne s’opérerait sur terre, sans que la Mère de Dieu n’y contribuât pour quelque part. A fortiori, donc, sa coopération est-elle acquise quand il s’agit de miracles accomplis par son intercession particulière : tels les miracles de Lourdes.
b) Les saints peuvent être considérés, soit à l’état d’âmes séparées dans le ciel, soit pendant leur vie terrestre. Dans le ciel, leur coopération aux miracles doit être assimilée, toute proportion gardée, à celle de la sainte Vierge. Leur médiation s’exerce dans la collation de bienfaits que nous demandons à Dieu par leur intercession. Sur terre, l’action des thaumaturges amis de Dieu est irrécusable ; non seulement en priant, mais en agissant, ils coopèrent aux œuvres miraculeuses. Il faut dire des saints en particulier ce que nous avons dit des hommes en général.
c) Les pécheurs et ceux qui n’ont pas la vraie foi peuvent ils être Instruments de la puissance divine pour accomplir des miracles ? Question délicate. Saint Thomas en a posé les principes de solution, Sum. theol., II » - H’, q. cLxxviii, a. 2 et ad 3° m. S’il s’agit de miracles destinés uniquement à cou limier la prédication de la vérité, et non à montrer la sainteté du