Christ ayant déjà rencontré de cruels ennemis de son sacerdoce. Nos anticléricaux se trompent en croyant que les prêtres sont ennemis du progrès et veulent gouverner les choses de ce monde. Dans le cœur des prêtres l’espoir n’est point pour les choses d’ici-bas. A cette conférence, le P. Monsabré fut merveilleux de vie et de verve (84e).
Carême de 1887 : Le mariage. — Le mariage a une éminente dignité naturelle et une sainteté de sacrement (85e). — Le lien conjugal est indissoluble (86}}e.
— Le divorce amène des catastrophes bien plus grandes que les inconvénients de l’indissolubilité (87e). — Le mariage étant un sacrement dans l’Église, l’Église seule peut légiférer sur ce sacrement (88e). — Le mariage doit être fécond, fidèle et chrétien. Cette conférence très importante fut donnée par le P. Monsabré avec une conviction et une ardeur extrêmes (89e). — Le Christ gardait le célibat. La virginité et le célibat ont des vertus qui prennentjtout leur sens lorsqu’elles sont rapportées à leur fin religieuse. Les vieilles filles ont droit au respect (90e).
Carême de 1888 : La vie future. —’A cette’question : qu’est-ce que la mort ? le théologien seul peut vraiment répondre (91e). — Les traditions et les croyances à la vie future sont générales chez beaucoup de peuples et rejoignent notre Credo… vilom venturi sseculi (92e). — La vie future est prouvée par les intuitions et déductions de la raison (93 « ). — Illusions et chimères sont les croyances à la métempsycose, l’espérance qu’il n’y a pas d’enfer ou que notre vie future ne dépend pas des responsabilités accumulées ici-bas (94e). — Il faut secouer l’indifférence des choses de l’au-delà et se refuser toute tendance qui tendrait à les nier (95e). — La foi apporte sur la vie future les plus grandes lumières qui puissent éclairer l’obscurité de l’esprit humain, et rendre sa conduite efficace pour mener à bien sa destinée (96e).
Carême de 1889 : L’autre monde. — Il faut rendre vivant en nous la pensée du dogme, si raisonnable, du purgatoire (97e). — L’éternité des peines de l’enfer est tout ce qu’il y a de plus certain et aussi tout ce qu’il y a de plus légitime (98e). — La théologie explique que les peines de l’enfer sont la suite pure et simple du péché (99e). —Le ciel, c’est le bonheur et, comme le veut saint Thomas, c’est avant tout la vision béatifique (100e). — La raison nous montre que nous pouvons croire à la résurrection (101e). — Espérons qu’il y aura beaucoup d’élus ! (102e).
Carême de 1890. Amen, synthèse et conclusion. — Le dogme, trop fort pour notre intelligence, la déborde, mais il lui convient à merveille (103e). — Les besoins de croire et d’aimer sont entièrement satisfaits par la contemplation du dogme catholique (104e). — Dans le dogme catholique, le sens esthétique voit ce qu’il y a de plus beau, le divin (105e). — On ne peut pas bâtir de morale solide en dehors du dogme catholique (106e). — Le dogme catholique est, pour la vie sociale, une école sans pareille de respect mutuel (107°). — La grande leçon de l’histoire est celle de la bonté du Christ et de la vérité du dogme catholique (108e). 3° Appréciation générale.
De 1 ! 03 à 1024, par
vingt-deux carêmes consacrés à l’Exposition de la morale catholique, un des successeurs du P. Monsabré, le P. Janvier, a complété à Notre-Dame son Exposition du dogme, en sorte que, du haut de cette chaire célèbre, toute la théologie dogmatique et morale de saint Thomas, la théologie tout court, a été magnifiquement prêchée aux foules. Nul plus que le P. Janvier, qui acheva cette œuvre gigantesque, n’est qualifié pour apprécier la part de son hardi prédécesseur. Il l’a fait en ces termes : < La langue française ne possède aucun
monumen comparable à celui que le P. Monsabré a élevé en l’honneur du dogme catholique, sans comp ter que ses retraites pascales, ses livres de piété, ses homélies contiennent la plupart des vérités se rapportant à la morale… Ce qu’il faut souligner, c’est que, si étendue qu’elle soit, cette œuvre n’a rien de prolixe, rien de « redondant ». Partout, bien qu’adaptés à la parole publique, les raisonnements y sont serrés, les démonstrations rigoureuses, les conclusions fortement établies et fortement motivées. En un mot, le P. Monsabré est avant et par-dessus tout un maître en divinité. Ne voir en lui qu’un orateur, qu’un écrivain, ce n’est pas le comprendre. La valeur doctrinale, voilà ce qui fait le véritable prix de son œuvre. »
A vrai dire, le « maître en divinité » qu’est Monsabré n’est qu’un répétiteur d’un maître plus grand. Il a eu le mérite d’être un excellent interprète de saint Thomas, à la manière dont on dit d’un artiste qu’il est l’intelligent interprète des personnages d’une pièce et de son auteur. « Kant, disait l’abbé Moser en 1887, se désespérait de ne trouver personne qui le comprenne et le traduise ; saint Thomas, plus heureux… a trouvé un vulgarisateur digne de lui et de sa doctrine. » Tandis que les conférences de Lacordaire présentent pour le lecteur l’intérêt de pages géniales où manque cependant la verve encore plus géniale de leur jaillissement oratoire, les conférences du P. Monsabré, patiemment rédigées pour vulgariser saint Thomas, gardent à la lecture la plus grande partie de l’intérêt qu’elles avaient pour leur auditoire primitif, parce que cet intérêt est avant tout doctrinal. L’abbé Moser disait de l’Exposition du dogme catholique : « Elle fera partie de la bibliothèque des prédicateurs futurs ; elle y occupera non pas le premier rang, mais un rang honorable à côté de nos grands sermonnaires. Elle y figurera surtout à titre de commentaire et d’interprète de la Somme de saint Thomas : inépuisable mine d’or et d’argent dont il a habilement exploitée au profit du présent et de l’avenir les plus précieux filons. Il serait téméraire de promettre l’immortalité à un monument fait sans doute de pierres précieuses, mais que le génie n’a pas marqué de son empreinte. Toutefois, si le P. Monsabré va à une postérité lointaine, ce sera sous l’égide de saint Thomas qu’il a fait parler en si bon français : il lui devra un fameux cierge. » Quarante ans sont passés depuis ce jugement de l’abbé Moser, et les bibliothèques des presbytères conservent toujours parmi leurs livres les plus lus l’Exposition du dogme catholique. C’est qu’un talent de vulgarisateur n’en est pas moins un talent rarei Le P. Longhaye, qui aimait le P. Monsabré, disait « qu’ilfut dix-sept ans le premier catéchiste de France : je m’assure qu’au gré des gens qui croient et qui savent, c’est lui rendre un grand et juste honneur. Il fut catéchiste avec saint Thomas, son frère et son maître, lequel — on tremble d’y songer — présentait son immortelle Somme plutôt comme un ouvrage élémentaire, un manuel fait pour ceux qui n’auraient pas le temps d’approfondir ». Il est exact que la Somme de saint Thomas fut le manuel du baccalauréat théologique du xme siècle. Il est exact que la Somme prêchée et prédicable qu’est l’Exposition du dogme catholique, reste le livre par excellence du fidèle et du prédicateur, le catéchisme des adultes. I.e P. Monsabré est beaucoup plus qu’un fort en thème ». Il atteint à une certaine perfection. Comment lui reprocherait-on de n’être pas davantage que parfait, en sa grande œuvre ?
III. Ouvrages et écrits divbrs.
1° Le premier complément des conférences du P. Monsabré sur l’Exposition du dogme est la collection de ses Retraites pascales publiée en 9 volumes : 1872, commentaire du psaume Miserere ; 1873-1874, les idoles ; 1875. la somme de nos devoirs : 1876, la prière ; 1877, la tentation ; 1878, la recherche de Jésus ; 1879,