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NESTORIENNE (L’EGLISE), UNION A ROME


où aucune considération dogmatique n'était en jeu. Lorsque Augustin Hindi mourut le 6 avril 1828, son successeur sur le siège de Diarbékir n'émit aucune prétention au titre de patriarche, et le 5 juillet 1830 un nouveau statut était donné au patriarcat chaldéen catholique, avec résidence à Mossoul.

.1. S. Assémani, Bibliolheea orienlalis…, t. m a, p. 603608, sur Joseph II ;.1. Al. Assémani, De catholicis seu pairiarchis Clialdwurum…, p. 242-247 ; A. d’Avril, La Chaldée chrétienne, réimpression dans Revue des Églises d’Orient, t. iii, 1801-1893, p. 105-109, 113 sq. ; J. Tfînkdji, L'Église chaldéenne…, dans Annuaire pontifical catholique, 1914, p. 458-460, extrait, p. 101-121.

6° Le patriarcat de Babylone des Chaldéens de 1830 à nos jour' ;. — Le mouvement vers Rome, qui se développa dans la ville et la région de Mossoul de 1728 à 1730, ne fut pas stérile, nonobstant l’abandon momentané auquel Joseph II avait été ohligé de souscrire. Le patriarche Élie XII sentit que ses fidèles lui échappaient : en 1735, il écrivit une première fois au pape Clément XII pour lui manifester son désir d’union. Joseph III était à Rome lorsque la lettre de celui qui l’avait si durement malmené y arriva ; sur son conseil, sans doute, on préféra ne pas répondre. En 1749 cependant, Élie revint à la charge : à l’instigation du vicaire apostolique de Babylone, Emmanuel de Saint-Albert Balliet, il envoya une profession de foi, conservée en traduction latine dans le Vatic.lat. 8062, fol. 255-257 v°. Cette profession de foi ne pouvait donner satisfaction ; la Propagande répondit le 10 janvier 1750 par une lettre où les encouragements étaients suivis d’une déclaration très nette, sur les exigences de l'Église r « naine en matière de foi. Ibid., fol. 259-263. Le 29 mai 1750, enfin, le patriarche écrivit trois lettres, au pape, au cardinal-préfet et aux cardinaux composant la Congrégation de la Propagande, avec les formules attendues, confessant la maternité divine et la procession ab utroque. Ibid., p. 265-275. Il était en cela poussé par ses fidèles, presque contraint par l’un d’entre eux qui avait l’oreille du pacha, dit le P. Sorriano, O. P.. dans une lettre écrite le lendemain, 30 mai 1756. Ibid., p. 277-280. Aussi l’union ne dura guère ; mais, comme l’action des dominicains installés à Mossoul depuis 1750 continuait à se faire sentir parmi les fidèles, une nouvelle déclaration d’union fut encore faite en 1771 par Élie XII, conjointement ave ; celui de ses neveux qui était destiné à recueillir sa succession, l'évêque Iso’yahb, ci-dessus col. 242. Ainsi se préparait l’union définitive.

Cette union, que l’attitude d'Élie XIII empêcha de se faire dès la mort d'Élie XII, eut pour héraut Jean Hormez qu'ÉIie XII avait favorisé dans les dernières années des sa vie, en le consacrant évêque à l'âge de seize ans. Au lendemain de la mort de son oncle, tandis que son cousin Iso’yahb montait sur le trône patriarcal (1778), Jean Hormez abjurait le nestorianisme ; derrière lui, se trouvait un parti nombreux, mais le Saint-Siège ne jugea cependant pas que le grand nombre de ses partisans fût une raison suffisante pour lui reconnaître la dignité patriarcale, puisque l'élection d'Élie XIII avait été conforme aux usages. Jean Hormez fut donc traité par la S. Congrégation de Propaganda Fide comme simple métropolite de Mossoul. Il eut en outre à subir les persécutions des deux personnages que gênaient ses prétentions au patriarcat, son cousin Élie XIII qui gouvernait les nestoriens, et Augustin Hindi, qui, de Diarbékir, aurait voulu administrer tous les Chaldéens catholiques. Les attaques de ses ennemis furent si habilement menées que le Saint-Siège le suspendit même de l’exercice de son autorité ordinaire sur le diocèse de Mossoul, le 26 juin 1818. S. Giamil, op. cit., p. 391-394. Jean Hormez ne vacilla pas dans sa soumission

à Rome ; aussi la Propagande, en présence des rapports favorables qui arrivaient de l'évêque latin de Babylone, Pierre Alexandre Couperie, décida, le 21 avril 1826, de lui accorder l’absolution des censures encourues, espérant qu’en retour il renoncerait spontanément à toute administration. Mais ses ennemis veillaient, ayant à leur tête les moines de Rabban Hormizd, entraînés avec d’autant plus d’ardeur dans la lutte contre Jean Hormez que l’un d’entre eux, Joseph Audo, avait été consacré évêque de Mossoul par Augustin Hindi et s'était créé dans la ville un parti important. Le fondateur de la communauté catholique de Rabban Hormizd, Gabriel Dembo, se rendit à Rome, sous prétexte de solliciter l’approbation des constitutions dont il avait doté sa communauté, et y devint le représentant du parti opposé à Jean Hormez. Lorsque Augustin Hindi fut mort, la Propagande était d’avis de donner immédiatement à Jean Hormez le pallium et l’autorité patriarcale. Les machinations de Dembo firent tant et si bien que Léon XII mourut sans avoir pu confirmer Jean Hormez en consistoire, comme il avait décidé de le faire. C’est Pie VIII qui posa le 5 juillet 1830 l’acte définitif donnant naissance à la série actuelle des patriarches chaldéens catholiques. S. Giamil, op. cit., p. 394-399.

La division entre catholiques, qui avait son origine dans la compétition entre Augustin Hindi et Jean Hormez, rebondit sur le nom de Joseph Audo, que le soi-disant Joseph V avait consacré pour le diocèse de Mossoul en 1824, de façon tout à fait abusive, puisque Jean Hormez, bien que momentanément suspendu, en demeurait le titulaire légitime. Il avait été décidé à Rome que Joseph Audo recevrait du nouveau patriarche un diocèse, mais c’est seulement en 1833 qu’il fut pourvu de celui d’Amadiah. Les dissensions demeurèrent telles que le Saint-Siège décida de faire procéder à une visite apostolique, confiée le 25 septembre 1835 à Jean-Baptiste Auvergne, vicaire apostolique d’Alep, puis le 28 mai 1839 à François Villardell, délégué apostolique de la même ville. Butlarium poniificium S. Congregationis de Propaganda Fide, t. v, Rome, 1841, p. 127-129 et 174 sq.

Cependant, le patriarche vieillissait et devenait infirme : le 13 octobre 1837, il résolut de se retirer et se choisit un coadjuteur qu’il nomma « gardien du trône », en la personne de l’ancien élève de la Propagande, Grégoire Pierre, appelé di Natale « fils de Noël » dans les documents italiens, évêque de Djézireh depuis 1833. Jean Hormez prit sans doute cette mesure pour exclure du trône patriarcal un de ses neveux, Élie, qui s'était fait consacrer métropolite d’Amadiah par le catholicos nestorien, puis avait obtenu le pardon pour cette folle équipée. Mais Jean Hormez n’avait pas promis la succession à son coadjuteur. Le Saint-Siège, voulant peut-être prendre une garantie encore meilleure contre l’application du principe héréditaire, désigna comme coadjuteur avec future succession, par bulle du 25 septembre 1838, l’ancien élève du collège de la Propagande, Nicolas Zéia, de Jacobbe « fils de Jacques », évêque de Salmas. S. Giamil, op. cit., p. 400 sq. Jean Hormez était mort le 16 août 1838. Sa famille, qui depuis Simon IV Basidi avait fourni 15 patriarches consécutifs à l’antique siège de Babylone, renonça enfin à son privilège, inouï dans l’histoire de l'Église, retenant seulement comme nom de famille ce titre d’Abouna « notre Père », qui était devenu héréditaire parmi les siens. J. Tfinkdji, op. cit., p. 463, extrait, p. 15.

Nicolas Zéia, dont la désignation parRome déplut aux évêques, privés pour une fois de l’exercice de leur droit d'électeurs, fut confirmé comme patriarche le 27 avril 1840, S. Giamil, op. cit., p. 102-405, mais il