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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), UNION A ROME


ne quitta pas tout de suite sa résidence de Khosrova, prétextant qu’il n’avait pas reçu le bérat d’investiture.

Il se rendit à Constantinople et l’obtint après un assez long séjour, mais, se trouvant à son retour en Mésopotamie en face de difficultés inattendues, il donna sa démission du siège patriarcal et se retira en Perse dans son ancien diocèse, où il mourut en 1855.

Joseph Audo, qui avait été jadis, abusivement consacré pour Mossoul contre Jean Hormez, fut désigné par la Propagande pour gérer le patriarcat pendant la vacance, puis fut élu par le synode à la fin de 1847. Jbid., p. 406, Il fut confirmé par bulles du Il septembre 1848, ibid., p. 407-413, et eut un long pontificat, pendant lequel de nombreux nestoriens adhérèrent à la foi romaine. Il eut cependant de graves différends avec Rome, à partir de 1860. L’occasion en fut d’abord la chrétienté chaldécnne du Malabar, dont la situation sera exposée à l’article Syro-maiæahe (Église). Les catholiques malabares de rit chaldéen désiraient un évêque de leur rit ; ils envoyèrent auprès du patriarche Audo des députés dont l’obstination eut raison de sa résistance. Le patriarche consacra Thomas Rokos avec le titre de Bassorah, en lui donnant comme mission de visiter les chrétientés du Malabar, sans y faire acte de juridiction. Celte consécration eut lieu, malgré les protestations du délégué apostolique de Mossoul, Henri Amanton, qui venait d'être nommé par bref du 25 mai 1860. Le délégué poita des censures contre les évêques chaldéens ; le patriarche répondit par deux encycliques aux prêtres et fidèles de son Église, en date des 21 décembre 1860 et 4 janvier 1861. Il partit peu après pour Rome, où il avait été invité à se rendre, tandis que l'évêque Rokos partait pour le Malabar. Arrivé à Rome le 31 juin 1861, Audo fut invité à rappeler l'évêque envoyé au Malabar, à écrire une lettre d’excuses à la Propagande et un acte de soumission au souverain pontife. Il se soumit, sans toutefois écrire à la S. Congrégation, et fut reçu par le pape le 14 septembre 1861. Le 23 septembre, il écrivait une encyclique à la nation chaldéenne, dans laquelle il reconnaissait ses erreurs et révoquait les mesures qu’il avait prises contre la délégation apostolique et les missionnaires dominicains. Il rentra à Mossoul le 2 décembre, et Rokos revint des Indes à Bagdad en juin 1862, après avoir été excommunié sur l’ordre de Rome par le vicaire apostolique de Vérapoly.

Mais l’affaire ne se termina pas pour autant : un des membres de la réunion qui avait donné mission à Rokos, Bar Tatar, métropolite de Séert, ne se fit pas relever] des censures portées par le délégué. Le patriarche se brouilla de nouveau avec les dominicains, et porta l’interdit sur tous les lieux où il leur arriverait de célébrer en présence des Chaldéens. Un autre incident se produisit le 5 juin 1864 : lorsque Jean Éllie Mellus fut consacré pour le siège d’Akra, le nouvel évêque omit dans la profession de foi d’Urbain VIII les passages relatifs aux conciles de Florence et de Trente. Il y eut rapport à Rome, et bien qu’Audo eût couvert son subordonné et que l’affaire se fût arrangée, l’amertume s’accrût de part et d’autre.

En 1867, Grégoire Pierre di Natale, évêque de Diarbékir mourut à Rome. La Propagande voulut appliquer la disposition de droit latin, suivant laquelle le Saint-Siège pourvoit directement aux bénéfices dont les titulaires décèdent à Rome, et demanda au patriarche de désigner trois noms après entente avec les évêques. On annonça en outre au patriarche qu’on entendait appliquer à toutes les Églises orientales les dispositions de la constitution Reversurus, du

12 juillet 1867, promulguée pour l'Église arménienne. De fait, le 31 août 1869, la bulle Cum ecclesiastica disciplina appliquait à l'Église chaldéenne

les mesures pour les élections d'évéques de la constitution Reversurus. H. de Martinis, Juria pontifleit de Propaganda Fide purs prima, l. vi, part. 2, Rome, 1806, p. 32-55. Audo se rendit au concile du Vatican sans avoir encore consacré les deux évêques désignés parla S. Congrégation de Propagqnda Fide pour Diarbékir et Mardin, bien qu’ils eussent été choisis parmi sept noms qu’il avait donnés lui-même ; il fui contraint de les consacrer à Rome en janvier 1870. Il se plaignait de ce que Rome diminuait les prérogatives des patriarches orientaux, avec d’autant plus d’amertume que les patriarcats maronite, syrien et melkite n’avaient pas encore été soumis aux dispositions de la bulle Reversuras. Ses plaintes trouvèrent immédiatement un écho parmi les évêques anti-iniaillibilistes, qui ramenèrent sans peine à leur parti ; il vota constamment avec la minorité, et s’opposa jusqu’au vout à la constitution De Ecclesia Clirisli, s’abstenant de paraître à la session où elle fut proclamée. Il n’yadhér même pas après la promulgation, prétextant qu’un acte aussi solennel devait être fait après son retour au milieu de ses fidèles. Passant à Constantinople, il protesta dans son discours au sultan, le 16 septembre 1870, qu’il n’avait pas accepté et n’accepterait jamais des dispositions qui lésaient les anciens usages orientaux et les intérêts du gouvernement ottoman. Dans le même temps, il communiquait in sacris avec les prêtres arméniens qui s'étaient séparés du patriarche Hassoun, et refusait de répondre aux lettres de la Propagande. De Rome, on essayait par tous les moyens de faire revenir le patriarche à résipiscence et d’empêcher le schisme de se propager. S. Giamil, op. cit., p. 415. Enfin, le 29 juillet 1872, après tous les autres patriarches orientaux, Audo écrivit une lettre d’acceptation des décisions du concile ; le pape l’en félicita et l’en remercia par bref du 16 novembre de la même année, Ibid., p. 420-424.

Alors que toutes les causes de désaccord avec Rome semblaient éliminées, l’affaire du Malabar rebondit. Audo avait demandé à Pie IX que l’ancienne juridiction des catholicos de Séleucie-Ctésiphon, sur les chrétiens de l’Inde, fût rétablie en sa faveur pour les catholiques du rit cbaldéen. Rome tarda à répondre ; le patriarche sans attendre envoya de nouveau une évêque pour faire la visite des chrétientés. Ce fui Jean Élie Mellus, évêque d’Akra, qui, payant d’audace, et malgré l’excommunication fulminée contre lui par le vicaire apostolique de Vérapoly, ordonna prêtres de nombreux sujets et constitua une Église dissidente. En même temps, le patriarche répudiait les dispositions de la bulle Cum ecclesiasiica disciplina, et procédait à la consécration de quatre évêques, sans en référer à Rome, les 24 mai 1874 et 25 juillet 1875. Il s’ensuivit deux brefs au patriarche et au délégué apostolique, en date des 15 septembre 1875 et 17 mars 1876. De Martinis, op. cit., p. 276-283 et 290-282. Il était interdit au patriarche de s’occuper encore du Malabar et il devait réduire au simple ministère sacerdotal les évêques indûment consacrés. Mais le patriarche s’enfonça dans sa résistance et annonça au souverain pontife son intention de réunir un synode. Le 1 er septembre 187( ;, Pie IX adressa au clergé et au peuple chaldéen une encyclique, où l’histoire des événements litigieux était reprise dans son entier. Le patriarche devait faire sa soumission dans les quarante jours, sous peine d’excommunication majeure. Audo, qui avait toujours été attaché à Rome dans le fond de son àme, avait été, à cause de son manque d’instruction, facilement entraîné par les Intrigants de toute sorte ; mais, au moment de franchir de Rubicon, il rentra en lui-même et se soumit entièrement, le 1 « mars 1877. Réponse du pape dans De Martinis, op. cit., p. 337 sq.