Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
275
276
NESTORIENNE (L’EGLISE), LITTERATURE


littéraire de ses écrits chez les acobites, tandis qu’il fut l’objet d’une condamnation posthume de la part du catholicos Timothée I er. La collection de 25 traités et 51 lettres sur des sujets ascétiques, dont l’original syriaque nous est d’ailleurs parvenu dans plusieurs manuscrits, a été traduit en arabe sous le nom de Jean Saba, puis, rendu en ghe’ez, est devenu le manuel ascétique le plus répandu dans les couvents d’Ethiopie, sous le titre d’Arâgaivi manfasâwi « vieillard spirituel ». Analyse de cette collection dans J. S. Assémani, .B/M(otheca orientalis…, 1. 1. p. 435-444.

Dadiso' Qatarayâ, dont nous avons signalé le commentaire au Paradis de 'Enaniso', composa aussi un commentaire aux écrits d’Isaïe de Scété, des exhortations aux solitaires et des lettres. A. Scher, Notice sur la vie et les œuvres de Dadiso' Qatraya, dans Journal asiatique, sér. X, t. vii, 1905, p. 103-118. Au Xe siècle, Abdmësihâ de Hirâh est l’auteur d’un livre d’exhortations aux moines, d’une collection de 55 traités ascétiques et de lettres. Enfin, au xiii c, Jean de Mossoul, qui mit en vers un traité de Jean de Dalyatâ sur la direction des novices et plusieurs des livres sapientiaux de l’Ancien Testament, composa une œuvre poétique en 39 sections sur l’ascèse, intitulée Les beautés de la vie.

Plusieurs de ceux de ces auteurs qui appartiennent aux viie et vin » siècles sont citées dans le recueil ascétique, dont le P.Vosté a donné la notice dans l’article cité ci-dessus ; son analyse montre de quelle façon les ouvrages d’ascétique étaient utilisés dans les monastères. Cette collection explique pourquoi beaucoup de citations et de fragments se sont conservés et très peu d’ouvrages comolets.

Lesautres sciences sacrées intéressaient moins unanimement les moines ; il s’en faut cependant de beaucoup qu’elles aient été abandonnées. Lorsque la traduction syriaque du texte hexaplaire, avec leçons marginales, eut été accomplie en territoire jacobite, elle pénétra chez les nestoriens : le savant catholicos Timothée I er fit faire trois copies de la syro-hexaplaire, sur papier du format de Nisibe, y employant six copistes pendant six mois ; lettre 47 citée par Ignace Éphrem II Rahmoni, L'étude de l'Écriture sainte dans l'Église syrienne d’Antioche, §arfeh : 1924, p. 20 ; O. Braun, Ein Brie/ des Katholikos Timotheos I liber biblische Studien des 9. Jahrhunderts, dans Oriens Christianus, t. i, p. 300 sq.

Le changement de la langue usuelle parmi les populations de Mésopotamie amena alors la traduction en arabe de la Bible. Un manuscrit fragmentaire rapporté d’Orient par Tischendorf, maintenant à Leningrad, contient une partie desépîtres de saint Paul, traduites par quelqu’un qui a fait dans le texte de l'Épitre aux Hébreux des retouches de saveur neslorienne. Le manuscrit étant daté de 892 donne un terme ante quem pour cette traduction. G. Graf, Die christlicharabische Litcratur bis zur frûnkischen Zeit (Ende des 11. Jahrhunderts), dans Strassburger theologische Studien, t. vii, fasc. 1, Fribourg-en-Brisgau, 1905, p. 22. Plusieurs traductions arabes des évangiles ont été faites sur la PeSittâ, mais nous n’avons pas d’indications historiques certaines sur leur origine, et rien n’a permis jusqu’ici de discerner avec certitude laquelle a été faite à l’usage des fidèles nestoriens de Mésopotamie. Celle que l’on trouve communément dans les manuscrits mésopotamiens récents, est une vulgate remaniée d’après la tradition égyptienne, qui est lue également par les maronites, les melkites et les jacobites. Rochaïd Dahdah (cité par I. Guîdi, Le truduzioni degli Evangelii in arabo ed in etiopico, dans Atii délia R. Accademia dei Lincei, ser. IV, classe di scienze morali, storichee fllologiche, t. iv, 1888, Memorie, p. 26), mentionne comme étant de l’un des Boktiso' la

traduction arabe en prose rimée, qui se lit dans plusieurs manuscrits, dont les Vaticans arabes 17 et 18, ce dernier copié au Caire en 993. L’accomplissement d’une entreprise de ce genre, avec les noms propres écrits suivant l’orthographe musulmane, s’expliquerait au mieux à la cour des califes des viiie et ixe siècles, où lettrés chrétiens et musulmans se rencontraient constamment ; toutefois, à défaut d’un témoignage positif, il vaut mieux avouer notre ignorance.

Mais il faut retenir à l’honneur de l'Église nestorienne la traduction arabe du Dialessaron par Abû'lFaradj 'Abdallah ibn at-Tayyib ; la donnée du manuscrit Borgia arabe 250 a étéconfirmée par les recherches de S. Euringer, relativement à la transmission de cette traduction, Die Ueberlieferung der arabischen Uebersetzung des Diatessarons, dans Biblische Studien, t. xvii, fasc. 2, p. 59 sq.

L’exégèse des Livres saints était en grand honneur dans les écoles, mais elle semble comme à l'époque précédente avoir été plutôt orale qu'écrite. Élie, métropolite de Merv au viie siècle, écrivit un commentaire aux quatre évangiles en forme de chaîne, et composa des travaux exégétiques sur la Genèse, les psaumes et les livres sapientiaux. Denhâ, dans la première moitié du viiie siècle, commenta le psautier d’après Théodore. Iso’dadde Merv, évêque de Hëdattâ, est le grand commentateur de cette époque pour l’Ancien et le Nouveau Testament. Ses commentaires sont basés sur une abondante documentation, y compris la syro-hexaplaire et quelque chose de la recension lucianique. D’autre part, tout en tenant le plus grand compte des doctrines exégétiques courantes dans l'Église nestorienne, et en particulier dusystème d’interprétation littérale de Théodore de Mopsueste, il y apporte un élément nouveau, qui le rattache à l’exégèse plus allégorique de Hënânâ l’Adiabénien. G. Diettrich, Isô dahd’s Stellung in der Auslegungsgeschichte des Alten Testamentes an seinen Commentaren zu Hosea, Joël, Jona, Sacharia 9-14 und einigen angehàngten Psalmen veranschaulicht, dans Beihejte zur Zeitschrift fur die alttestamentliche Wissenschaft. fasc. vi, 1902 ; recension de A. Baumstark dans Oriens Christianus, t. ii, 1902, p. 451-458 ; A. Baumstark, criechische und hebràische Bibelzitate in der Pentateucherklarung Iso’dâds von Merw, dans Oriens christianus, sér. II, t. i, p. 1-19. Les commentaires d’Iso' dad, comme les compilations des caténistes grecs, ont fait tort aux commentaires originaux, en se substituant à eux et en causant leur perte. Il est remarquable par ailleurs qu’Iso’dad n’a pas seulement dominé l’exégèse postérieure des nestoriens, mais encore a largement influé sur celle des j acobites, en particulier celle de Barhébreeus. On a cru que les commentaires d' Iso’dad permettraient de restituer une partie notable des ouvrages perdus ou cachés de Théodore de Mopsueste. J. Vosté, après d’autres, L'œuvre exégétique de Théodore de Mopsueste au IIe concile de Constantinople, dans Revue biblique, 1929, p. 382-395 et 542-554 ; mais ce n’est pas démontré.

Abû'l-Faradj 'Abdallah ibn at-Tayyib. dont la mort eut lieu en 1043 d’après Barhébra’us et qui ne peut donc avoir été le secrétaire de Timothée I er. composa sous le titre de Paradis des chrétiens un commentaire aux deux Testaments, où sont insérés des chapitres sur la mort des prophètes et celle des apôtres (manuscrits Vaticans arabes 36 et 37) ; cf. G. Graf, Christlicharabisches, dans Theologische Quartalschrift, t. xcv, 1913, p. 184. Il écrivit en outre un commentaire à l'évangile selon saint Matthieu, précédé d’une introduction où il réfute l’objection faite au christianisme, sur ce que son fondateur n’avait pas reçu d’instruction ; un commentaire aux quatre évangiles, dont la seconde partie aurait été écrite en syriaque avant