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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), LITTÉRATURE
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d'être rendue en arabe par son auteur, une introduction aux Psaumes et le commentaire de certains psaumes et cantiques de l’Ancien Testament.

A la fin de la période arabe, à ce qu’il semble, après Sabriso' bar Paulos qu’il cite, mais assez longtemps avant Ébedjésus qui ne le connaît plus que sous son pseudonyme, vécut l’auteur du Gannat Bussamê, dit « l’Interprète des Turcs ». Son ouvrage est un commentaire aux leçons évangéliques du cycle liturgique, intéressant surtout pour les fragments de commentaires perdus, qui y sont cités. Analyse et étude par .1. M. Vosté, Étude sur le Gannat Bussamê, dans Revue biblique, 1928, p. 221-232, 386-419.

La théologie sous les Arabes ne se cantonna pas dans les discussions d'écoles : beaucoup de traités ont un caractère apologétique ou polémique, et plusieurs, afin d’atteindre un public plus nombreux, sont écrits en arabe. Surin qui était exégète à l'école de Nisibe, écrivit en vers un éloge de Narsaï et de ses neveux, Abraham et Jean d’Beit-Rabban, composa un ouvrage contre les hérétiques où il s’appuyait sur la méthode de la philosophie aristotélicienne ; Sylvain, du Beit Qardu, écrivit contre les astrologues et contre les superstitions qui avaient cours parmi les chrétiens ; Gabriel, du Beit Qatarayë, professeur à l'école de Séleucie, composa un livre sur l’union des natures en Jésus-Christ et des réponses à diverses questions d’ordre théologique, dont nous ne possédons que la mention par Ébedjésus. Apnimaran était connu comme l’auteur d’une lettre sur Dieu et les créatures ; Sabriso' Rostam polémiqua contre les hérétiques, qui erraient en matière de spéculation mystique et produisit un ouvrage en huit livres sur la vie de NotreSeigneur et l’activité missionnaire des apôtres, dont nous ignorons le caractère, peut-être simple lecture édifiante à l’usage des moines. Simon bar Tabbahë, trésorier chrétien d’Al-Mansur écrivit, au dire d'Ébedjésus, sur ceux qui se rassemblèrent à Chalcédoine, ou plutôt contre les chalcédoniens. De même, l’ouvrage de Sahdost de Tirhan sur les raisons de la séparation entre les Occidentaux et les Orientaux, dont quelques fragments étaient conservés dans un manuscrit de Séert, devait être de caractère polémique plutôt qu’historique. Abu Nûh, secrétaire du catholieos Timothée I er, polémiqua contre les jacobites, ainsi que Gabriel « la Vache » ou Tauretâ, de Zirzor, qui écrivit spécialement contre les moines de Qartamin et contre Sahdonâ. Éphrem, métropolite de Beit Lapât, composa un ouvrage en deux parties sur l’ordre des préceptes et l’objet de la foi, dont nous ne connaissons que le titre ; une lettre à Gabriel bar Boktiso' contre la réception de l’eucharistie distribuée par les Grecs et les jacobites s’est conservée.

Au xe siècle, alors que s’affirme définitivement dans la production littéraire la prédominance de la langue arabe, nous trouvons cependant encore quelques auteurs écrivant sur la théologie en syriaque. Élie d’Anbar, après avoir professé que le Christ n’aurait point participé à l’eucharistie pendant la dernière Cène et avoir abjuré son erreur en 922-923 devant le catholieos Abraham III, publia une rétractation en forme littéraire. Il avait composé comme diacre une Somme théologique en 40.000 vers rimes de sept syllabes, dont il reste de nombreux manuscrits. Emmanuel as-Sahhar écrivit lui aussi, sous couleur d’hexaméron, une Somme en 28 traités, dont neuf concernent l'économie du salut et trois les fins dernières.

Dès la deuxième moitié du viie siècle, apparaît un traité de polémique contre l’Islam, sous la forme qui sera fréquente dans la suite, d’une discussion entre un chrétien et un musulman : chose curieuse, cet écrit du moine Abraham de Beit-Halê a été- rédigé en sy

riaque, sans doute parce qu’il s’agissait moins de convertir que d’empêcher des défections ; de même, le traité contre le Coran par Abu Nûh, qui avait écrit aussi contre les hérétiques. Mais Ibrahim ibn Nûh alvnbari, qui obtint la faveur du calife Al-Mutawakkil, écrivit en arabe son apologie du christianisme intitulée Le livre de la résolution des doutes, conduite sous forme de discussion entre un chrétien et un juif. G. Graf, op. cit., p. 37 sq. C’est aussi en arabe qu'Élie, métropolite nestorien de Damas, après avoir été jusqu’en 893 évêque de Jérusalem, écrivit son traité De la concorde de la foi entre les Syriens, où il s’efforça de démontrer que nestoriens, jacobites et melkites avaient une même foi et ne différaient que dans l’expression de cette foi. Ibid., p. 38 sq. Le catholieos Jean V écrivit en 903 une lettre en arabe sur le jeûne de Ninive, réponse à un Abû'l-'Abbâs al-Fadl ibn Sulaymân, qui devait être un musulman. Son homonyme, Jean VI, écrivit lui aussi en arabe, un siècle plus tard, un traité par demandes et réponses sur les devoirs du clergé ; ces deux ouvrages sont exceptionnels dans la production des catholieos, habituellement fidèles à l’usage de la langue syriaque ; cf. G. Graf, Christlich-arabisches, dans Theologische Quartalschri/t, t. xcv, 1913, p. 175. Israël I er, qui fut catholieos pendant quelques mois de l’année 960 ou 961, avait écrit lorsqu’il était évêque de Kaskar un traité sur les fondements de la foi, comme aussi sur la dualité des natures dans le Christ contre le melkite Kosta ibn Luqâ. G. Graf, Die christlich-arabische Literatur. p. 38.

Un contemporain de Yahyâ ibn 'Adi (893-974), nommé Cyriaque, écrivit en arabe une brève réfutation de son traité sur l’incarnation, qui existe dans le manuscrit Vatican arabe 115. Abu' 1-Faradj 'Abdallah ibn at-Tayyib, dont nous avons vu les travaux exégétiques, ne fut pas moins actif dans le domaine de la théologie, car il nous reste de lui un traité sur l’unité et la trinité en Dieu, un autre sur la personne et la substance, et sur ce que l’action appartient à la substance, un traité sur la pénitence et un autre contre ceux qui appellent Marie mère de Dieu, enfin une discussion feinte entre un moine chrétien et deux interlocuteurs musulmans sur les vérités de la foi chrétienne. Ibid., p. 67-69. Ibn 'Atradi, son disciple, probablement le même que Abù'l-Hasan Sa’id ibr Hibatallâh, est l’auteur d’un traité sur la théologie dogmatique et morale, conservé dans le manuscrit de Paris, arabe 82, fol. 102-137, ibid., p. 59.

La nécessité d'être compris par ceux qui ne connaissaient plus le syriaque, amena les nestoriens à composer en arabe jusqu'à des collections canoniques, tel le recueil d'Élie Djauharï, peut-être différent du métropolite de Damas (J. Graf, op. cit., p. 39. n. 1, atténué par Christlich-arabisches, p. 174 sq.) et celui d’Abû' 1-Faradj 'Abdallah ibn at-Tayyib, ce dernier étant composé surtout de traductions et remaniements d’originaux syriaques, mais aussi de compléments. G. Graf, Die christ, arab. Liter…, p. 57. En principe cependant, la langue du droit est le syriaque, si l’on excepte deux ouvrages écrits en persan, le recueil de 22 réponses sur des questions de droit familial et successoral par Simon de Rewardasir, qui nous est parvenu dans la traduction d’un moine inconnu du Beit Qatarayë, et les six livres de décisions juridiques par Iso' bokl de Rewardasir sur le mariage, les successions et les contrats, qui furent traduits en syriaque par les soins de Timothée I er. Le monument juridique le plus important de cette époque est le recueil des actes synodaux, formé selon toute probabilité par les soins de Hënaniso' II, puisque les synodes de Timothée n’y figurent pas : c’est le Synodicon orientale, dont il a été parlé au début de cet article, col. 158. Un autre recueil fut composé par Gabriel, métropolite de Bassorah