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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), LITTÉRATURE


(fin du ixe siècle). Jean V, qui écrivit en arabe dans d’autres circonstances, prit la précaution de faire accompagner d’une traduction arabe les canons syriaques de son synode.

Le droit successoral étant réglé par le Coran pour les musulmans, devait être fixé pour les chrétiens par les chefs des communautés, patriarches, catholicos, ou mafriens ; d’où la nécessité pour les chrétiens d’avoir des manuels de droit successoral. Les décisions de Jean V en cette matière furent acceptées aussi par les jacobites. Un résumé de Georges d’Arbèles est connu uniquement par des manuscrits nestoriens ; enfin, le traité d’Abdiso' bar Bahriz sur le même sujet n’est connu que par la mention d'Ébedjésus.

L’activité liturgique à l'époque arabe fut considérable ; c’est alors surtout que la liturgie fut codifiée, principalement grâce aux efforts des catholicos instruits que furent Iso’yahb III et Timothée I er. La liste serait longue des auteurs à qui l’on doit soit une hymne (teSbohtà), soit un répons ('onità) ; les manuscrits ne portent pas toujours des indications d’auteurs, et il n’est pas certain que toutes leurs attributions soient exactes. Le livre de l’office divin pour les dimanches, les fêtes et les fériés du jeune de Ninive (hudrâ ou pendikliDîut mis en ordre parles soins d’Iso’yahb III. Le gazzâ, qui contient les offices des saints et des fêtes du Seigneur, qui ne sont pas assimilées à des dimanches, fut mis en ordre seulement sous Yahballâhâ I er ; l’euchologe — aiic’phores et rites des sacrements — entre ces deux points extrêmes, à une date qui n’a pas encore été précisée. Le catholicos Georges I er, dans la deuxième moitié du viie siècle, et Sabriso' bar Paulos vers 1200, sont connus comme ayant écrit des formulaires de proclamations diaconales. Cyprien, métropolite de Nisibe, écrivit certaines parties du rite de l’ordination, auquel avait déjà contribué Iso’yahb III. Yazzirâ est l’auteur de prières pour le dimanche de la consécration des églises et choisit des homélies de saint Éphrem et de Narsaï pour les longs offices du jeûne de Ninive.

Les commentateurs des textes liturgiques méritent davantage de retenir l’attention, car il y a souvent à prendre, du point de vue théologique, dans leurs commentaires. Le plus ancien pour cette période est l’ourage en cinq livres de Gabriel Qatarayâ sur l’office <<es fériés et des dimanches, qui est peut-être le début d’un ouvrage en neuf livres sur toute la liturgie. A. Baumstark, op. cit., p. 200 et n. 14. Abdiso' bar Bahriz et Jean de Mossoul sont connus aussi comme auteurs de commentaires sur la liturgie ; l'œuvre de ce dernier en vers de sept syllabes nous a été transmise aussi par des manuscrits jacobites, qui le placent sous le nom de Georges de Kudadâ. Le commentaire le plus important est l’explication anonyme de l’office divin, transmise quelquefois sous le nom de Georges d’Arbèles. Bien que sa date ne puisse être exactement déterminée, cet ouvrage marque un point de repère très important pour la connaissace du développement de la liturgie nestorienne.

Avec l’histoire, nous quittons le domaine des sciences sacrées, bien que dans la plupart des chroniques les faits de l’histoire ecclésiastique tiennent une place prépondérante. Au commencement du vue siècle, Jean du Beit Garmaï passe pour avoir composé une chronique, laquelle cependant doit être plutôt un ouvrage sur la chronologie et les divers calendriers ; nous n’en avons que la mention dans le catalogue d'Ébedjésus. Daniel bar Maryam, qui avait écrit un ouvrage du même genre, est en outre l’auteur d’une histoire ecclésiastique en quatre livres, qui semble avoir été la source principale de la Chronique de Séert. Allâhâ-zkâ est cité par Elie bar Sinayà pour les événements des années 593-60(5. Mikâ du Beit Garmaï

pour les années 594-605, Iso’denah de Bassorah pour les années 624-715 (il avait écrit une histoire ecclésiastique en trois parties), un abbé du Grand-Monastère pour les années 740-743, un Péthion, inconnu par ailleurs, pour les années 765-769, Élie d’Anbar pour les années 899 et 900. Les œuvres de ces auteurs sont perdues, mais nous possédons encore un ouvrage de Jean bar Penkayê, rempli de considérations philosophiques jetées à travers le récit des événements de l’origine du monde jusqu'à l’année 686 : analyse des quinze livres par A. Baumstark, Eine syrische Wellgeschichte des siebten Jahrhiindertes, dans Rëmische Quartalschrift, t. xv, 1901, p. 273-280. L’autre chronique importante pour cette époque, la Chronique de Séert, qui a été composée en arabe peu après 1036, a été indiquée au début de cet article, col. 158. La Chronique de Simon de Sanqëlabad n’est pas un livre d’histoire, mais un manuel de chronologie et d’héortologie. F. Millier, Die Chronologie des Simeon Sankelâwâjâ, Leipzig, 1899.

La Tour, de Mari ibn Sulaymân, dont nous avons cité la liste patriarcale, n’est pas un livre d’histoire, mais une Somme, de contenu assez complexe, où l’histoire de l'Église nestorienne n’occupe qu’une section. Voici l’analyse de cet ouvrage, encore presque totalement inédit, d’après les manuscrits Valicans arabes 108 et 109, et. J.S.Assémani, Bibliotheca orientalis, t. m a, p. 580-586, et A. Mai, Scriptorum veterum nova collectio, t. iv, Borne, 1831, part, ii, p. 221-223. Chapitre I er. L'édifice, préface. Ch. n. La démonstration. 1) Somme : sur l’unité de Dieu et ses attributs. 2) Fondement : sur l’incarnation, la généalogie du Christ, les prophéties messianiques. 3) Construction : sur la Trinité et l’incarnation. Ch. ni. Les bases. 1) Le baptême. 2) Sur l’excellence du sacrifice liturgique. 3) Preuves tirées de l'évangile sur la divinité et l’humanité du Christ. 4) Sur la crucifixion. Ch. iv, Les sept candélabres. 1) Sur la piété, les vertus et les vices. 2) Sur la charité. 3) Sur la prière. 4) Sur le jeûne. 5) Sur la miséricorde. 6) Sur l’humilité. 7) Sur la pureté, la virginité et la continence. Ch. v. Les colonnes. 1) Sur la création du monde. 2) Sur la vérité de la résurrection, du jugement et des châtiments. 3) Sur la vérité des prophéties depuis Isaac jusqu'à la venue de NotreSeigneur. 4) Démonstration de la venue de Notre-Seigneur. 5) Sur les constitutions, lois, décrets et canons portés par les apôtres et leurs successeurs (c’est dans cette section que se trouve l’histoire des catholicos nestoriens). 6) Sur l’action des rois et des prélats pour confirmer la foi et s’opposer aux nouveautés en matière de religion. 7) Sur le sentiment unanime des chrétiens au sujet des livres de l’Ancien et du nouveau Testament. Ch. vi. Les fossés. 1) Sur la prière dite en se tournant vers l’Orient. 2) Sur la sanctification du dimanche. 3) Sur le port de la ceinture, l’allumage des lampes pendant l’office et l’usage de l’encens. 4) Sur la satisfaction parla pénitence. Ch. vu. Les jardins. 1) Sur l’abandon de la pratique de la circoncision. 2) Sur la suppression du sabbat dans le Nouveau Testament. 3) Sur l’autorisation de manger les viandes, qui étaient interdites dans l’Ancien Testament. 4) Sur les erreurs blâmables des Juifs. Cette analyse est donnée par Abû'l-Barakât ibn Kabar dans sa Lampe des Ténèbres, sous le nom d’Amr ibn Mattaï. Cf. W. Biedel, Der Katalog der christlichen Schriften in arabischer Sprache von Abû'l Barakât, dans Nachrichten von der kgl. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen, philologisch-historische Klasse, 1902, p. 680-682.

La Somme de Mari nous amène à un groupe de polygraphes qui ont occupé des situations importantes dans la hiérarchie nestorienne, et ont presque tous terminé leur vie comme catholicos. Plusieurs ont joint à la