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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/200

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NEWMAN (JOHN-HENRY), LA GRAMMAIRE DE L’ASSENTIMENT


lande), 1896. Gc livre est un recueil dé documents rela

tifs à rétablissement de l’université catholique de Dublin, avec une longue introduction historique. N’a pas été mis dans le commerce.

4. Addresscs to cardinal Newman witli hit replies (Discours adressés au cardinal Ncwnuin avec ses réponses) 1879-1881. Publiés en 1905. Contiennent une longue préface narrative et le discours du lliglietto.

5. Sermon notes (Notes pour des sermons), 18491878. Publiées en 1913. Traduction française par J. D. Folghera, Paris, 191 1.

6. The correspondence oj John Henri) Newman wilh John Keble and olhers (Correspondance de J. H. Newman avec John Keble et d’autres personnes) 18391845. Publié en 1917.

/II. ÉTUDE SPÉCIALE DE LA GRAMMAIRE DE L’AS-SENTIMENT. — La Grammaire de l’assentiment peut être regardée comme la dernière réponse de Newman à deux sortes de difficultés que son apostolat, aussi bien anglican que catholique, lui avait mis sans cesse devant les yeux. Le Symbole de saint Athanase, avec les continuelles protestations que suscitait sa présence dans le Praijer-Book anglican, se présente comme un exemple de la première de ces difficultés. Si le but de la religion est d’exciter des sentiments de dévotion et d’amour, en quoi une série de propositions embrouillées et apparemment inconciliables, comme celles qui sont contenues dans ce symbole, peut-elle aider à atteindre ce but ? La seconde difficulté, c’est l’assentiment absolu qui est la condition sine qua non de la foi. Comment les preuves qui viennent à l’appui de la religion naturelle ou révélée peuvent-elles fonder un tel assentiment, surtout quand il s’agit de l’homme concret, individuel, qui en règle générale est incapable d’étudier ces preuves scientifiquement ?


Or, la Grammaire est divisée en deux parties qui traitent respectivement de ces deux sortes de difficultés. I. Assentiment et appréhension (Assent and appréhension). II. Assentiment et inférence (Assent and inférence). Les trois traits les plus caractéristiques de la Grammaire sont : La distinction entre « notionnel et réel », qui vient en tête de la I re partie ; la distinction entre « inférence et assentiment », et « le sens de l’inférence » (Illative sensé) qui appartiennent plus spécialement à la IIe partie.

Première partie. — Une proposition notionnelle esteellequi se compose de termes abstraits : « L’homme est un animal raisonnable ; » une proposition réelle est celle qui se compose de termes concrets : « Edouard VII était fils de la reine Victoria. » Les actes d’appréhension et d’assentiment auxquels donnent lieu ces propositions seront appelés respectivement notionnels et réels. Il importe de remarquer que la même proposition peut être notionnelle pour un homme et réelle pour un autre. La proposition : « Le choléra sévit dans la ville de B. » est comprise « notionnellement » par une personne pour qui le choléra est simplement le nom d’une maladie, et la ville de B. un simple terme géographique ; elle est comprise « réellement » par celle qui a la connaissance expérimentale de la maladie et de la ville atteinte. Il est, d’ailleurs, impossible d’établir une division tranchée entre ces deux sortes d’appréhension ; mais, d’une manière générale, quand l’objet appréhendé est envisagé en première ligne comme appartenant à un genre ou à une espèce particulière, on peut dire que son appréhension est notionnelle ; elle est réelle quand c’est tout particulièrement son caractère individuel qui frappe l’esprit. L’importance de cette distinction se marque à tout instant dans le langage quotidien : on dit par exemple : « Je savais cela, mais je ne

DICT. DE THÉOL. CATH.

l’avais jamais réalisé avant cette expérience », » avant de l’avoir vu de mes yeux. »

Les objets réellement perçus par les sens ou l’esprit, joie, peine, etc., et leur souvenir sont la matière première de V « appréhension réelle ». Nous pouvons appeler leurs images respectives visuelles et mentales. On remarquera que les images mentales, en règle générale, persistent davantage que les visuelles dans la mémoire. Un enfant qui perd sa mère retiendra jusque dans sa vieillesse un vif souvenir du chagrin qu’il eut à la mort de celle-ci, tandis que s’effaceront bientôt les traits de son visage. De plus, par le jeu de ce que Newman appelle la faculté de combinaison (imagination créatrice des psychologues), l’esprit peut se fabriquer à lui-même des objets d’appréhension réelle, en mettant en œuvre ses expériences réelles pour en former de nouvelles combinaisons. C’est cette faculté qui donne au dramaturge, au romancier son pouvoir créateur, qui nous rend capables de nous faire à nous-mêmes, après avoir entendu la description de telle personne, de tel endroit, éloignés dans le temps et l’espace, une idée qui nous rend cette personne, cet endroit, réels, individuels et non plus seulement les parties de telle ou telle catégorie. C’est par là que Napoléon devient pour nous Napoléon, et non pas seulement un des grands conquérants de l’histoire.

L’assentiment est réel ou notionnel, suivant que la proposition à laquelle il s’adresse est elle-même réelle ou notionnelle. Cela ne constitue pas une différence dans l’assentiment en tant que tel ; car l’assentiment est assentiment ou il n’est pas. Mais il y a une différence pratique. L’assentiment réel s’adresse au concret, et le concret met en branle l’imagination et devient ainsi un excitant à l’action, tandis que l’assentiment notionnel ne le fait pas, s’adressant à ce qui est abstrait et général.

Il est impossible de discuter ici toutes les applications de cette distinction entre notionnel et réel ; il en est une pourtant que l’on ne peut passer sous silence. Supposons un homme qui défend une proposition qu’il appréhende réellement, contre un autre qui n’en a qu’une appréhension notionnelle, le premier ne sera pas long à s’apercevoir que la discussion est inutile, car il ne peut user, à l’égard de son adversaire, des arguments mêmes qui ont le plus de poids à ses yeux.

Le ch. v applique ces distinctions aux idées religieuses : croyance en Dieu ; croyance à la Sainte-Trinité ; croyance à la théologie dogmatique

Croyance en Dieu. — Cette croyance, sans doute, peut comporter un assentiment notionnel, venant à la suite d’inférences et d’actes d’ordre purement intellectuel (par exemple la déduction tirée de l’ordre de l’univers, à laquelle la Grammaire se réfère, p. 72). Mais ne pouvons-nous arriver à un assentiment plus profond et plus vif que celui qui est accordé à ces notions intellectuelles ? Ne pouvons-nous croire comme si nous voyions ? — Il est impossible de donner en quelques mots une idée adéquate de la réponse fournie par Newman à ces questions. Tout ce qu’on peut essayer ici, c’est d’indiquer l’endroit précis où la découvrir, et c’est précisément dans le parallèle qu’il établit de façon détaillée entre la connaissance de nos semblables (connaissance qui nous vient de phénomènes sensoriels) d’une part, et d’autre part l’image mentale d’un Juge, infiniment clairvoyant, infiniment juste, image qui nous vient de certains phénomènes de la conscience morale : honte, remords, crainte de l’avenir quand nous désobéissons, paix et sécurité quand nous obéissons. Ces sentiments sont la réponse aux menaces et aux promesses de la conscience, et réclament comme cause excitante

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