Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lll

NICOLAS 1er (SAINT)

512

De divortio Lotharii régis, P. L., t. cxxv, col. 623-772 ; d’aulre part, Theutberge s’échappait du couvent où elle était enfermée, cherchait un refuge en France et de là adressait au pape une lettre où elle protestait contre les violences, par lesquelles on lui avait extorqué une confession mensongère (Allusion à cet appel dans deux lettres de Nicolas I", Jafîé, n. 2702 et 2726). Il fallut toutefois un dernier incident pour décider le pape à intervenir.

Le 29 avril 862, un nouveau concile se réunit à Aix, qui, sous la pression de l’archevêque Gunther, décide de compléter la sentence rendue contre Theutberge, prononce l’annulation du mariage contracté par elle et autorise le roi à convoler en d’autres noces. Cette solution d’ailleurs ne fut pas admise à l’unanimité ; deux évêques publièrent un mémoire pour défendre l’indissolubilité du mariage. Ces textes dans Mansi, ConciL, t. xv, col. 611-625.

Chose curieuse, d’ailleurs, Lothaire, sur le moment, n’osa pas tirer les conséquences de la décision conciliaire. Il fait dire au pape que le concile l’a autorisé à se remarier, mais que, avant d’user de la permission, il veut avoir son avis (Allusion à cette démarche dans plusieurs lettres de Nicolas. JafTé, n. 2698, 27232725, 2886). Peut-être même demande-t-il l’envoi en Lorraine de légats pontificaux. Mais soudain, se ravisant, il se résout à épouser Waldrade. Le jour de Noël 862, l’archevêque de Cologne bénit au palais d’Aix-la-Chapelle cette union sacrilège.

b) Le divorce de Lothaire II. L’intervention du pape Nicolas. Le concile de Metz. — Saisi de l’appel de Theutberge, consulté par Lothaire II, Nicolas ne pouvait se dispenser d’intervenir. Il décide que l’affaire sera soumise à un concile qui se rassemblera dans les États du roi, sous la présidence des légats du Saint-Siège. Le 23 novembre 862, il signe toute une série de lettres réglant les détails de ce concile qui se réunira à Metz, autour de Radoald de Porto (revenu de sa mission à Constantinople) et de Jean de Ficocle. JafTé, n. 2698-2702. Outre les évêques de Lotharingie, il devra s’y trouver deux évêques de France et deux de Germanie. Au début de 863, ayant eu connaissance du mariage de Lothaire avec Waldrade, Nicolas se fait plus pressant et plus sévère, il est question d’excommunication à porter contre le roi s’il persiste dans la voie où il s’est engagé. Quodsi venire distulcrit et a prœsentia se synodali… subduxerit et ad pseniientiam ac satis/a ; iionem renedarc minime curaverit, ila ut preesenlialiter ad synodum coram missis nostris satisfacturus et a scelere recessurus occurrat, illum de cele.ro exeemmunicalum reddemus. JafTé, n. 2725 ; cꝟ. 2726.

Retardé par divers incidents politiques, le concile ne put s’ouvrir à Metz qu’à la mi-juin 863 ; encore n’y vint-il pas d’évêques de France, ni de Germanie. Theutberge ne parut pas non plus, Lothaire lui ayant refusé un sauf-conduit. Comme deux ans plus tôt à Constantinople, Radoald se laissa circonvenir par le roi et passa outre aux instructions qu’il avait reçues de son maître. Bref, Theutberge fut à nouveau condamnée. D’ailleurs, pour justifier le mariage de Lothaire avec Waldrade, un nouveau biais avait été imaginé. Le roi prétendait, et plusieurs témoins confirmèrent ses dires, qu’en fait sa première liaison avec Waldrade était non un simple concubinage, mais un mariage régulier. — Le concile de Metz, en même temps, se prononçait sur la cause d’Engeltrude, femme du comte Boson, laquelle avait abandonné son mari pour s’enfuir avec un amant dans le royaume de Lothaire. A plusieurs reprises, le pape s’était occupé de cette affaire et avait finalement excommunié la fugitive. Jafïé, n. 2684, 2685 ; cf. ce que Nicolas en dit dans n. 2718-2751 et 2886. Passant outre à ces décisions si nettes du souverain pontife, le concile

releva Engeltrude de l’excommunication qu’elle avait encourue.

c) Le divorce de Lothaire. Condamnation des archevêques prévaricateurs. — On comprend combien fut grande l’irritation du pape, quand il fut mis au courant de semblables décisions. Mais ce ne fut pas contre Lothaire surtout qu’elle se manifesta. Ses légats, d’une part, étaient responsables de la tournure que les choses avaient prises à Metz, et Radoald qui, à Constantinople déjà, n’avait pas été sans reproches, porta la peine de ses méfaits. JafTé, n. 2751, et p. 355 post n. 2771. Mais, aux yeux du pape, les deux grands coupables étaient Gunther et Thietgaud, dont l’action se faisait sentir depuis le début de l’affaire. Tous deux, à l’automne de 863, s’étaient mis en route pour Rome, voulant expliquera Nicolas, déjà prévenu par Theutberge et Charles le Chauve, les raisons de leur attitude.

La lettre synodale qu’ils remirent au pape acheva d’éclairer celui-ci. La condamnation des deux archevêques fut préparée en grand secret, puis Gunther et Thietgaud furent appelés devant le concile qui se tenait dans le palais du Latran, au lieu dit sub apostolis. Le pape commença par casser la sentence du concile de Metz, puis déposa les deux archevêques de Cologne et de Trêves : Invenimus eos apostolicas alque canonicas sanctiones in pluribus excessisse et ivquilatis normam nequiler lemerasse, omni judicamus sacerdotii officio manere penitus alienos, Spiritus Sancti judicio et beati Pétri per nos auctorilale omni episcopatus exutos regiminc consislere diffinientes. Que s’ils venaient à violer cet interdit, ils perdraient tout espoir d’être jamais remis en situation. Les autres évêques présents au concile de Metz encourraient la même peine, s’ils ne confessaient leur faute soit par lettre, soit par l’envoi d’un légat. L’anathème était renouvelé contre Engeltrude ; enfin, d’une manière générale, l’on frappait les contempteurs des décisions du Siège apostolique : Si quis dogmata, mandata, interdicta, sanctiones vel décréta pro catholica fide, pro ecclesiastica disciplina, pro correclione fidelium, pro emendalione sceleratorum vel interdictione imminenlium vel fulurorum malorum a Sedis apostolicx prwsule salubriler promulgata conlempserit, anathema sit. Le texte est transmis par les Annales Hincmari, an. 863, P. L., t. cxxv, col. 1212-1215 ; les Annales Fuldenses, cf. Mansi, t. xv, col. 651. Voir aussi la série de lettres JafTé, n. 2748-2753.

Dans la protestation qu’ils rédigèrent plus tard, les deux condamnés se plaignent, en termes fort vifs, que leur procès n’ait pas été instruit dans les formes, que leur sentence ait été libellée par avance, sans qu’on leur ait laissé le moyen de s’expliquer et de se défendre, sine synodo et canonico examine, nullo accusante, nullo testificante, nullaque disputationis districtione dirimente vel auctoritatem probatione convincente, absque nostri oris conjessione, absentibus aliis metropoli/anis et diœcesanis coepiscopis et confratribus nostris, extra omnium omnino consensum tuo solius arbilrio et tyrannico furore damnare nosmei voluisti. Texte dans les Annales Hincmari, an. 861 ; il est donné dans P. L., t. cxxi, col. 379 D. Tout n’est pas absolument faux dans ce violent réquisitoire ; de toute évidence, Nicolas, dans la cause desdeux archevêques, a procédé ex injormala conscientia et, comme l’on dit, s (’ne slrepitu et forma judicii. Il semble le reconnaître lui-même dans les considérants qui précèdent la sentence, P. L., t. cxxv, col. 1212 ; c’est l’examen de la lettre synodale apportée par les deux coupables qui a finalement convaincu le pape de leurs prévarications : ita ut scriptura quant suis stipulavcrant manibus… caperentur et dum muscipulam iimocentibus opponerc salagerenl, insidiis suis illaqueati sint. Quelques historiens ont