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NOMS DIVINS

NONNOS LE IWNOPOLITAIN

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a pu dire, ut cognoscant te, soltim Deum verum, c’est à-dire, en suivant le texte grec, afin qu’ils te connaissent, toi qui es le seul vrai Dieu, ina ginoskosi s* ton monon aletinon Teon

Aucune bibliographie spéciale n’est nécessaire pour cet article qui est un article de simple « liaison « entre différentes études parues dans ce Dictionnaire. On se reportera simplement, dans les auteurs, aux commentaires des trois questions suivantes de saint Thomas, Sum. theol., Ia, q. xiii ; q. xxxix ; q. xxxi. On devra, sur l’analogie, consulter Cajétan, De nominum analogia ; Garrigou-Lagrange, Dieu, sa nature et ses attributs, part. II, c, ni, et les commentaires de la 21e proposition thomiste approuvée par la S. C. des Études. Voir également le commentaire de saint Thomas sur le livre du pseudo-Denys, De divinis nominibus.

A. Michel.


NONNOS LE PANOPOLITAIN. — En tête d’une paraphrase en vers homériques du ive évangile se lit, en plusieurs des manuscrits qui ont conservé celle-ci, le nom de l’auteur : Nonnos ; et certains mss. ajoutent : le Panopolilain. Ce même nom doit se lire aussi en tête d’un interminable poème épique en 48 chants, les Dionysiaques, lequel raconte avec d’infinis développements la légende de Bacchus. Malgré la diversité des sujets traités, milgré l’esprit tout différent qui anime ces deux compositions poétiques, il n’y a guère de doute que la paraphrase johannique et les Dionysiaques ne soient issues de la même plume. En particulier la facture des vers se révèle assujettie de part et d’autre aux mêmes règles, plus sévères que celles de la poésie héroïque courante. De plus certains critiques ont établi des rapprochements qui paraissent convaincants entre ces deux œuvres. Voir surtout le travail de K. Kuiper signalé plus loin.

Bien des conjectures ont été faites sur la personne de ce Nonnos. Elles ont d’autant moins de chances de se vérifier que le nom est courant en Egypte. Il est inutile de nous y attarder. Ce qu’il y aurait encore de plus ferme, c’est une épigramme de l’Anthologie palatine, ix, 198, édit. Didot, t. ii, p. 39.

Nôvvoç iy’i' Ilav’ç pùv êjiïj rcoXiç" tv’I’api’r, li £ ; /_£’: ' ptovrjevn yôva ; r, [JW)<MC yâxcrL

.Je suis Nonnus. Panopolis est ma patrie. A P.iaros, de mon épée retentissante j’ai fauché la race des géants.

Le poète serait donc originaire de Panopolis (aujourd’hui Ackmin) dans la Thébaïde ; il aurait séjourné à Pharos, près d’Alexandrie. A quelle date ? Bien des indices feraient penser au ve siècle. D’une part Nonnos s’inspire quelquefois de poèmes de Grégoire de Nazianze qui ont paru entre 381 et 390 (voir les rapprochements faits par A. Ludwich, dans Rheinisches Muséum, nouv. série, t. xlii, 1887, p. 233238), d’autre part Agathias, qui écrit dans le seconde moitié du vie siècle, fait mention explicite de Nonnos, originaire de Panopolis, et de ses Dionysiaques. Hisl., I, IV, 23, P. G., t. lxxxviii, col. 1520. Il est assez ditïicile de resserrer encore ces deux dates extrêmes. — L’inspiration des Dionysiaques est si nettement païenne qu’on ne peut guère les supposer l’œuvre d’un chrétien ; il faudrait donc admettre la conversion du poète entre la composition du grand poème épique et celle de la paraphrase. Des phénomènes de ce genre n’ont rien de surprenant au v°, ni même au début du vie siècle, surtout en Egypte.

Nous n’avons pas à étudier les Dionysiaques et la Paraphrase même a retenu l’attention des philologues plus que celle des théologiens ou des exégètes. — Les mss. l’appellent soit 7capà<ppxcnç, soit [i.£Ta60Xr). Ce dernier mot serait peut-être le plus juste, car c’est très souvent une simple traduction’en langage et en rythme homériques des paroles évangéliques..L’auteur suit pas à pas son texte et il est possible de retrouver sous ses expressions les mots eux-mêmes de l’Évangile. (On le cite d’ordinaire en donnant le chapitre et le verset de Joa.) Nonnos ne se prive pas d’ailleurs de délayer abondamment son modèle, mais ses amplifications n’ajoutent pas souvent à la narration qu’elles commentent : les épithètes homériques jouent en tout ceci un rôle considérable. Comparée à la simplicité majestueuse de l’Évangile, cette prolixité est très souvent insupportable et elle explique les jugements sévères qui ont été émis sur l’œuvre par un grand nombre de critiques, à commencer par Heinsius, à finir p ir Bardenhewer.

Est-ce à dire que le théologien puisse s’en désintéresser totalement ? Non certes. On a cherché de deux manières à utiliser cette paraphrase. Du point de vue de la critique textuelle d’abord, et l’on s’est elïorcé de reconstituer par une étude de Nonnos le texte johannique que le poète avait sous les yeux. La dernière tentative en ce genre est celle de R. Janssen qui a voulu montrer « que la paraphrase de Nonnos a pour point de départ un texte propre, s’écartant assez souvent des manuscrits et des versions qui nous sont conservés », et qui a essayé une restitution de ce texte : Das Johannes-Euangelium nnch der Paraphrase des Nonnus Panopolitanus, dans Texte und Unters., t. xxiii, fasc. 4, Leipzig, 1904. Pour ingénieux qu’ils soient, des travaux de ce genre ne laissent pas d’être décevants et c’est le principe lui-même que l’on en pourrait contester.

Plus intéressant serait-il de relever dans la paraphrase la traduction théologique que donne Nonnos de certains passages de l’Évangile plus particulièrement importants. Ce travail, qui présente d’assez notables difficultés (la langue de Nonnos n’est pas de celle que l’on s’assimile immédiatement), a été entrepris jadis par L. F. O. Baumgarten-Crusius, dans Spicilegium observalionum in Joanneum eixingeliume Nonni metaphrasi, programme de Pentecôte de l’université d’Iéna, 1824, et dans Opuscula theologica, Iéna, 1836, p. 197-242 : De Nonno Panopolilano Joannei evangelii interprète, qui reprend quelques-unes des remarques de la plaquette précédente. Plus récemment K. Kuiper a écrit, dans le recueil Mnemosyne, nouv. série, t. xlv, Leyde, 1918, p. 225-270, un article de même titre qui pourrait servir de point de départ à une étude plus poussée. S’attachant à un certain nombre d’ « amplifications » de Nonnos, ce critique montre l’intérêt que présentent et la paraphrase du prologue johannique, et les développements sur Joa., x, 30 : « Le Père et moi nous sommes un », ou Joa., xiv, 9 : « Celui qui me voit, voit aussi le Père », et certaines expressions relatives à la liberté (tô aÙTsÇoûsiov) du Christ, et les indications relatives au Saint-Esprit, sans parler de quelques idées sur la démonologie. Tout en se défendant de faire œuvre de théologien, M. Kuiper fournit ainsi une importante contribution à l’étude de Nonnos. Il y aurait lieu de reprendre, d’un point de vue plus strictement théologique, l’étude des sources du poète (il a certainement utilisé des commentaires antérieurs), de son vocabulaire, de la tendance générale de sa pensée (penchc-t-il vers le monophysisme ou est-il chalcédonien ?), des emprunts faits par lui aux mythes égyptiens et aux religions voisines.

Texte. — Une bonne histoire des éditions dans Fabricius-Harlès, Bibliotheca Grœca, t. viii, Hambourg, 1802, p. 606-610 ; depuis ce temps édit. de F. Passow, Leipzig, 1834 ; du comte de Marcellus, Paris, 1861 ; de la P. G., t. xliii (reproduit celle de Daniel Heinsius, Leyde, 1627 1 ; d’A. Scheindler, Leipzig, 1881 (Bibl. Teubner), à laquelle il faut désormais se référer.

Notices littéraires. — - A. Ludwich, dans l’introduction à l’édition des Dionysiaques, Leipzig, 1909 (Bibl. Teubner) ; les histoires de la littérature grecque, spécia-