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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/427

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    1. NOVATIEN##


NOVATIEN. CAUSES DE LA CRISE

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qui Ecclesiam non habet matrem. Si poluil evadere quisque exira arcam Noe fuit et qui extra Ecclesiam loris fuerit evadit. De unit. Eccl., 6, Hartel, vol. 1, p. 21-1. Sans doute, il s’agit ici de ceux qui volontairement se séparent de l’Église : mais la logique ne devait-elle pas amener à poser des questions analogues pour ceux que l’Église, en raison de leur indignité, avait elle-même rejetés de son sein ? Voir à ce sujet Epist. îv (62), n. 4, à propos de ceux que l’Église retranche à cause de leur indiscipline : Nunc… spiritali gladio superbi et contumaces necantur, dum de Ecclesia ejiciuntur. Neque enim viuere foris possunt, cum domus Dei una sil et nemini salus esse nisi in Ecclesia possit. Date incertaine.

2. A Rome la question des lapsi avait évolué de semblable manière, d’autant que les deux métropoles avaient conservé durant la crise un contact assez étroit. Mais la généralisation des pratiques miséricordieuses allait susciter, au sein de la communauté, une certaine agitation.

C’est du presbyterium romain, chef responsable de l’Église depuis la mort de Fabien (janvier 250) jusqu’à l’élection de Corneille (mars 251), qu’émanent trois lettres destinées à mettre Cartilage au courant de ce qui se fait à Rome. Epist., viii (2), xxx (31), xxxvi (30). La première, rédigée par un clerc assez peu lettré (et qui d’ailleurs faisait assez durement la leçon au primat d’Afrique), donnait au clergé de Carthage quelques indications sur le traitement des lapsi : « On ne devait pas les abandonner à eux-mêmes, mais les exhorter à faire pénitence, pour mériter le pardon divin. » Peut-être, à l’occasion, répareraient-ils par une attitude plus courageuse leur faute passée. Le presbyterium allait plus loin : Si hi qui in hanc temptationem inciderunt cceperint adprehendi infirmitale et agant pœnilenliam facli sui et desiderent communionem, utique subveniri eis débet, n. 3. C’est cette pratique romaine qui a fait impression sur Cyprien et l’a amené à modifier peu à peu la rigueur de son attitude. Voir Epist., xviii (12), n. 1.

La lettre suivante (Epist., xxx), rédigée au nom du presbyterium par Nova tien, témoigne au contraire d’une réserve plus grande. Le rédacteur insistait beaucoup sur la discipline ancienne : « A Dieu ne plaise, écrivait-il, que l’Église romaine se relâche de sa rigueur par une facilité profane et énerve la sévérité de la discipline, au détriment de l’honneur de la foi, qu’elle aille… donner avec précipitation le remède d’une réconciliation à coup sûr inefficace », n. 3. C’était bien l’avis des confesseurs de la foi, qui s’en étaient expliqués nettement dans une lettre (perdue), à Cyprien, n. 4. Aucune mesure générale ne pouvait être prise avant l’élection d’un nouveau pape, n. 6. En attendant les lapsi feraient bien de se comporter avec modération et humilité, n. 7, 8. Le presbyterium n’entendait pas revenir cependant sur la concession laite à l’endroit des mourants ; mais on remarquera toutes les restrictions dont il entoure celle-ci : « Quant à ceux qui sont au terme de leur vie et dont la fin prochaine ne permet pas de délai, quand ils auront manifesté leur repentir et déclaré à plusieurs reprises regretter leur conduite, donné par leurs larmes, leurs gémissements, leurs sanglots, les marques d’une âme véritablement pénitente, à l’heure où humainement il ne restera aucun espoir de salut, alors, mais alors seulement, leur venir en aide avec prudence et discrétion », n. 8. — Même note de sévérité dans la lettre xxxvi (30), rédigée elle aussi par la plume élégante de Novatien. Mis au courant des ennuis causés à l’évêque de Cartilage par la coalition des lapsi et des confesseurs, le presbyterium romain approuve la ferme attitude de celui-ci et insiste sur les inconvénients d’une admission précipitée des lapsi.

Ces deux lettres montrent à l’évidence que les autorités ecclésiastiques, à Rome aussi bien qu’à Carthage, adoptaient sur le fond la même attitude. Le cas des défections en masse amenées par l’édit de Dèce posait à l’Église un problème à quoi elle n’avait pas encore songé et qui demandait des solutions nouvelles. Tout indiquait que ces solutions devraient s’orienter dans le sens de la mansuétude. Mais, à Carthage, la pression exercée parles confesseurs aidant, on semblait prendre son parti, sans trop de peine, de cette mansuétude. A Rome, au contraire, surtout depuis que Novatien y prenait une place prépondérante, on s’efforçait de remonter le courant. Et ce rigorisme trouvait un sérieux appui chez les confesseurs romains (voir Epist., xxviii (25), n. 2, une allusion faite par saint Cyprien à une lettre de ceux-ci, où ils faisaient la leçon aux confesseurs africains).

3° L’élection du pape Corneille et le schisme de Novatien. — Ce parti rigoriste, dont on entrevoit la formation au cours de 250, va fournir, lors de l’élection pontificale, en mars 251, un sérieux appui aux ambitions de Novatien. Déçu dans ses espérances, le prêtre romain n’hésitera pas à se jeter dans le schisme.

1. Le personnage de Novatien.

Les deux lettres du presbyterium romain analysées précédemment montrent qu’à partir d’un certain moment Novatien avait pris dans la direction de l’Église une notable influence Il le méritait par sa science théologique qui était grande, par une culture générale aussi qui dépassait de beaucoup la moyenne de ce que l’on rencontrait dans le clergé de l’époque (comparer au point de vue de la forme les deux lettres vin et xxx). Le fait qu’on lui avait confié la rédaction de lettres importantes n’était-il pas une désignation anticipée à la succession de Fabien ? Contre son élection toutefois on pouvait faire valoir diverses choses qui plus tard seront, par le pape Corneille, démesurément grossies. Texte dans P. G., t. xx, col. 616 sq. Sa conversion au christianisme, dira celui-ci, n’était venue qu’à la suite d’une maladie qui n’était en fait qu’une possession diabolique. En danger de mort, il avait reçu le baptême sans le cérémonial accoutumé, sans la consignation, CTcppàyiç, donnée par l’évêque ; et même après son retour à la santé, cette cérémonie ne lui avait pas été suppléée. Corneille en conclura qu’il n’avait donc pas reçu le Saint-Esprit. Mais son prédécesseur Fabien en avait jugé autrement, qui, malgré certaines résistances, avait élevé Novatien à la prêtrise. Ordonné prêtre, pourquoi le néophyte n’aurait-il pu être élu évêque ? Corneille, dans sa lettre, se fait aussi l’écho de propos malveillants que l’on tenait dans certains milieux romains sur l’attitude de ce prêtre au fort de la persécution. A des diacres qui le pressaient vivement de sortir de sa cachette pour porter secours aux chrétiens en danger, Novatien aurait répondu « qu’il ne se considérait plus comme prêtre et qu’il professait une autre philosophie. » Exagération, sans aucun doute, d’un propos un peu vif, en réponse aux adjurations de quelques personnes trop zélées. Le fait que, dès le milieu de 250, le presbyterium romain a choisi Novatien comme son porte-parole montre qu’il n’y avait pas de reproches graves à faire à sa conduite durant les plus mauvais mois. L’appui qu’il a trouvé chez les plus rigoristes des confesseurs exclut pareillement toute compromission de sa part. En somme, son attitude à Rome avait été celle de Cyprien à Carthage et contre la « fuite » de Cyprien les clabauderies non plus n’avaient pas manqué.

Peut-être cependant le désir de Novatien d’arriver à la chaire épiscopale ne se dissimulait-il guère, et c’est pour couper court à des soupçons funestes à sa candidature qu’il aura multiplié au dernier moment ces protestations de désintéressement dont parle Cor-