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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/428

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NOVATIEN. LE RIGORISME MORAL


neille, Si’ôpxwv cpoêepôv tivcûv 7n.o-TOù[xevoç t6 (ayjS’Ô-Xojç èmoy.onriç ôpéyeaOai. Ce ne fut ni le premier, ni le dernier des candidats à être pris à ce petit jeu !

2. L’élection de Corneille et la contre- élection de Novatien. — Quand, en mars 251, la communauté romaine put, après quatorze mois de vacance, procéder à l’élection de son évêque, ce ne lut pas, en efïet, Novatien qui fut élu, mais le prêtre Corneille sur les antécédents duquel nous sommes assez peu renseignés. Voir Cyprien, Epist., lv (52), n. 8. Qu’une certaine effervescence ait précédé l’élection, nous le savons par saint Cyprien qui accuse formellement le prôtre carthaginois Novat, réfugié à Home, d’avoir tenté de semer le trouble en cette dernière communauté, comme il l’avait fait dans sa patrie, Epist., lu (49), n. 2 et 3. Pourquoi cet empressement de Novat à se mettre en avant ? Voulait-il favoriser à Rome l’élection d’un pape qui reconnaîtrait le schisme de Félicissime à Cartilage et ferait pièce à Cyprien ? Ce n’est pas impossible. Mais ce qui ne laisse pas de surprendre, c’est de voir ce Novat, peu après l’élection de Corneille (et peut-être avant), entrer en alliance intime avec Novatien. Le représentant du schisme africain à tendances laxistes ne trouvait aucun inconvénients s’allier avec l’homme qui allait représenter à Rome le rigorisme le plus intransigeant !

Rien ne montre mieux que cette alliance [attestée par une lettre de Corneille, Epist., l (48)], le vrai caractère de la contre-élection qui, sitôt après l’élection de ce pape, opposa à celui-ci le prêtre Novatien. Si ce dernier pouvait s’accommoder du secours d’un personnage aussi taré que Novat, c’est donc que la question de doctrine morale ne fut pas’la raison première du conflit. Novatien ambitionnait la chaire épiscopale ; le candidat adverse n’avait pas réuni l’unanimité des suffrages ; Novatien crut possible, avec l’appui de la minorité hostile à Corneille, de se poser en compétiteur légitime. Il se rencontra un petit nombre de prêtres pour l’élire et un groupe assez considérable de confesseurs pour se rallier autour de lui. Trois évêques de la banlieue romaine lui imposèrent les mains, d’une manière plus ou moins régulière, encore qu’il soit difficile de prendre à la lettre l’iiistoire racontée à ce sujet par Corneille. Voir H. E., VI, xijii, col. 620. Rome avait maintenant deux évêques ; comme au temps où Hippolyte s’opposait à Calliste, une seconde fois le schisme la divisait.

Hippolyte avait reproché à Calliste l’indécision, pour ne pas dire le caractère hérétique de son enseignement trinitaire. Qu’objecterait Novatien à Corneille ? L’élection de ce dernier avait rallié trop de suffrages pour qu’on en pût contester le caractère canonique. Il fallait trouver contre lui un grief d’ordre doctrinal. Puisque les électeurs de Novatien s’étaient recrutés surtout parmi les confesseurs rigoristes, le grief le plus indiqué serait donc le laxisme de Corneille. De la question de personne, on arrivait ainsi à la question de doctrine. Corneille était l’élu de la grande majorité assez disposée, et pour bien des raisons, à effacer au plus vite, par la réconciliation des lapsi, la trace des mauvais jours. Novatien serait donc le pape des rigoristes, de ces confesseurs romains qui, au fort même de la persécution, avaient pris ombrage des premières mesures de grâce, combien parcimonieuses cependant, édictées par le presbyterium. En somme, comme l’ont très bien vu A. Harnack et L. Duchesne, le schisme est venu d’abord. C’est après coup et pour le justifier qu’a été fondée la doctrine novatienne.

III. Le conflit des doctrines.

Nous pouvons être bref sur la façon dont se sont déroulés les événements. Novatien et ses partisans, en des lettres répandues partout, s’efforcent de représenter Corneille comme ayant été lui-même libellatiquc, tout au moins

comme étant entré en communion avec des évêques indignes, enfin comme trop facile à recevoir les sacrificali. Voir Cyprien, Epist., lv (52), n. 10, 12. Ils arrivent ainsi à rallier autour d’eux, un peu dans toute l’Église, un certain nombre de partisans. En sens inverse, Cyprien, que le pape Corneille a réussi à intéresser à sa cause, travaille énergiquement à détacher de Novatien les confesseurs romains, son plus ferme appui. Il y réussit et, dès ce moment, le succès de l’antipape se trouve singulièrement compromis ; il lui deviendra impossible de se faire universellement reconnaître. Bientôt un synode romain, comportant une soixantaine d’évêques et un très grand nombre de prêtres et de diacres, excommuniait Novatien et ses adhérents, H. E., VI, xliii, col. 616. Il affirmait en même temps la possibilité pour les lapsi de rentrer en grâce : toûç Se r/j aupupopà Tcspinzmcàx&T’xi ; tûv « SsXcpwv tôcaOæ xai, Gspa71 ; eûeiv toïç ttjç (AETavotaç <pap[xdc>toiç. La sentence romaine contre Novatien fut reçue, explicitement semble-t-il, par. les évêques d’Orient ; cf. Sozomène, H. E., III, viii, P. G., t. lxvii, col. 1053 C, et sans doute aussi la décision de principe. Aussi bien c’était la question de doctrine qui avait le plus d’importance et bientôt, de part et d’autre, les doctrines allaient se formuler avec une précision qu’elles n’avaient pas eue jusque-là.

La doctrine catholique.

Elle prend son point

de départ dans les mesures pratiques qui furent successivement adoptées. La lettre lv (52), de saint Cyprien expose assez bien l’évolution parallèle de la discipline et de la doctrine. D’abord une distinction est faite entre libellatici et sacrificali. A rencontre de certains sto-ciens (Novatien ?) qui professent l’égalité de toutes les fautes, ibid., n. 16, les chefs des Églises, dit l’évêque de Carthage, doivent établir des degrés dans la culpabilité, dès lors traiter avec plus d’indulgence ceux des chrétiens dont la bonne foi, dans l’affaire des libelli, a été plus ou moins surprise, ibid., n. 11. Parmi les sacrificali eux-mêmes n’y aurait-il pas des catégories à établir, ibid., n. 13. Mais, dès lors que l’on admet des degrés divers de culpabilité, il devient impossible de maintenir la vieille réserve, qui reviendrait à appliquer à des coupables si divers, le même châtiment. D’où l’idée de proportionner la durée de la pénitence à l’importance de la faute. Sans compter que, devant les lapsi à l’article de la mort, la commisération s’éveille. On a fléchi d’abord en faveur de ceux qu’un billet des confesseurs avait recommandés à la miséricorde de l’Église ; il serait injuste de ne pas étendre à tous les mourants la même faveur. Et sur ce qualificatif de mourants ou de gens gravement malades on pourra encore épiloguer. Faut-il attendre qu’ils soient à toute extrémité ? (Voir ci-dessus, col. 835, les conditions mises par Novatien encore catholique) Il y a à ce sujet une très jolie phrase de Cyprien : « Ceux qui sont attaqués par la maladie, on vient à leur secours comme il a été convenu. Mais, quand on est venu à leur secours et qu’on leur a donné la paix, parce qu’ils étaient en péril, on ne peut tout de même pas les étrangler ou les étouffer, ou porter la main sur eux pour les forcer à mourir. » Ibid., n. 13. Il y a de ces malades ainsi réconciliés qui peuvent guérir ; les chassera-t-on de nouveau de l’Église quand ils seront rétablis ? De toutes façons s’avère intenable la maxime que formulait jadis Cyprien : Non posse in Ecclesia remitti ei qui in Deum deliquerit.

Et l’on commence à songer à ces paroles du Sauveur : « Ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel ; ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. » Matth., xviii, 18. La lettre synodale du concile de Carthage de 252 y fait expressément allusion. Parlant de la réconciliation accordée aux mourants, elle s’exprime ainsi : « Il n’eût pas été légitime de