Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/496

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
973
974
OLIER. DOCTRINE SPl R IT UE ELE


panégyriques de saints ; les mystères et les fêtes de la liturgie, les vertus chrétiennes, des esquisses ou essais relatifs au séminaire et à la Compagnie de Saint-Sulpice.

Des extraits de ces manuscrits sont entrés dans l’ouvrage suivant : L’esprit de M. Olier, où sont représentés ses grâces, ses sentiments, ses dispositions, ses pratiques touchant les principaux mystères et les vertus chrétiennes, tirés de ses écrits, de ses entretiens, de sa vie. L’ouvrage fut commencé par M. de Bretonvilliers, continué par M. Tronson, qui n’eut pas le temps d’y mettre la dernière main. M. Goubin, supérieur de la Solitude, l’a complété et publié en 2 vol. in-4o, lithographies à cent exemplaires. En 1916, M. Letourneau, curé de Saint-Sulpice, en a extrait lui-même un petit volume in-18, Paris, Gabalda : Pensées choisies sur le culte de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge, des anges et des saints.

13° On conserve aussi, mais en cjopie (les autographes n’existant plus), divers écrits : La vie divine, les attributs divins, les mystères de Notre-Seigneur appliqués à chaque action de la journée, explication du Pater. La retraite d’un curé, opuscule désigné dans quelques copies sous le titre : Le maître des exercices, titre qui est celui de l’introduction. Divers écrits pour la direction de la paroisse.

14° Le premier dessein de l’ouvrage connu sous le nom A’Examens particuliers de M. Tronson remonte à M. Olier, qui commença ;  : le réaliser avec la collaboration de M. de Poussé placé i la tête du séminaire Saint-Sulpice. Une lettre d’octobre 1648, que le serviteur de Dieu lui écrivait, montre que les sujets d’examens concernant les vertus étaient sur le métier. On conserve au séminaire un exemplaire manuscrit où les examens sont encore dans l'état premier de leur composition. Les sujets sont au nombre de 85 et traités d’une façon très brève sans les détails pratiques et les citations des Pères et des conciles qu’y ajouta M. Tronson. Il porte le titre de : Méthode très utile aux ecclésiastiques qui veulent arriver à la perfection de leur état et qui leur enseigne comme ils doivent vivre dans une fonction si sublime. La Ve partie traite des vertus ; la seconde porte sur ce qui se pratique dans le séminaire de Saint-Sulpice. (Cf. Préface de l'édition des Examens particuliers, de M. Tronson, édition de 1927.)

15° Le catalogue manuscrit de l’ancienne bibliothèque du séminaire conservé à la bibliothèque Mazarine signale : J. J. Olier ecclesise Sancti Sulpilii pasloris et seminarii fundatcris I^oci communes, in-4o. Le n. 3882 de la Mazarine est bien l’autographe de M. Olier. C’est un répertoire ou recueil de textes par ordre alphabétique des sujets, par exemple sur l'Écriture sainte, saint Ambroise, les révélations de sainte Brigitte, Denys l’Aréopagite. Ce sont les écrits de ce dernier qui reviennent le plus souvent. Les textes sont en français, en latin, ou même en grec, toujours exactement accentués.

16° Mémoires autographes. — Dans l'écrit qu’on appelle Mémoires de M. Olier, il y a deux parties différentes : une partie qui est un récit de sa vie passée, sorte de revue ou confession générale faite pour son directeur ; le ton en est simple et s’arrête aux choses principales. Une autre partie plus longue est une sorte de confidence faite au jour le jour. Son directeur, le P. Bataille, alors à Saint-Germain-des-Prés, lui demanda d’y consigner toutes ses pensées, ses sentiments, même ce qu’il n’accepterait pas entièrement, « e qui traversait son esprit, son imagination, comme les rêves et les songes. On y trouve les pensées théologiques, mystiques qui l’occupaient dans l’oraison ou au cours de la journée : ce sont tantôt des vues sublimes, tantôt des ébauches imparfaites jetées au

courant de la plume, avec des sens mystiques parfois subtils et même un peu étranges. N'écrivant pas pour le public, mais pour son directeur, il ne s’arrête pas à préciser, ù expliquer. Un jour il jette sa pensée sur le papier, puis, une cause extérieure l’interrompant, il n’achève pas le lendemain et passe à un autre ordre d’idées. Pour avoir sa vraie pensée sur les questions dogmatiques ou mystiques, il est préférable de lire ses lettres et ses ouvrages imprimés ou traités manuscrits. D’ailleurs, il ne relisait pas les cahiers, qu’il remettait à son directeur pour qu’il en fît ce qu’il jugerait à propos, les jetât au feu, ou les conservât s’ils devaient servir à la gloire de Dieu. ¥.n les écrivant il s’arrête parfois et se demande pourquoi son directeur l’oblige à écrire et s’en excuse : « Mon courage est parfois abattu, voyant les impertinences que j'écris, qui n>e paraissent de grandes pertes de temps, et me semble le même pour mon cher Directeur dont je plains les heures qu’il y doit employer et que j’ai crainte d’amuser. Aussi il me semble à toute heure qu’il me doit défendre d'écrire, tout cela étant niaiseries insupportables. » Mais en attendant que son directeur lui dise de cesser, il écrira tout par obéissance, sous l’impression du moment dans l'état où les choses se présentent à son esprit, même incomplètement. « Je prie mon Sauveur, écrit-il le 15 juillet 1642, ne souffrir plus que je perde et consume mon temps en autre chose qu’en son amour. » M. Olier resta en relations avec le P. Bataille jusque vers la fin de 1646.

La congrégation de Cluny, après quelques années d’union avec celle de Saint-Maur, s'étant séparée, le P. Bataille quitta Saint-Germain-des-Prés et devint prieur de Saint-Martin-des-Champs (1645-1646). Après son départ à Cluny, M. Olier se mit sous la direction de M. Picoté, qui semble l’avoir engagé à continuer à noter ses pensees.Toutefois.de 1646 au 15 février 1652, les Mémoires sont dix fois moins amples et beaucoup moins personnels que de 1642 à 1646. Durant les six dernières années de sa vie, les Mémoires sont interrompus. Après la mort de M. Olier les cahiers ont été remis par dom Bataille à M. de Bretonvilliers, quelques-uns depuis se sont égarés. On les a ensuite réunis en 8 volumes très bien reliés. Mais ils ont alors été en partie disposés dans l’ordre chronologique des faits rapportés, au lieu d'êlre laissés dans l’ordre de leur composition. Une copie exacte en a été faite, et plus complète que l’original actuel.


III. Doctrine. — La doctrine de J. J. Olier est celle de l'école française dont, les premiers maîtres furent le P. de Bérulle et le P. de Condren. Voir cidessous l’art. Oratoire. Il a su en exprimer parfaitement les principes et en faire les applications les plus pratiques. Dirigé pendant plusieurs années par le P. de Condren, il se rattache plus étroitement à lui : il dit lui-même qu’il hérita de son esprit.

Le centre de cette spiritualité de l'école française est le Verbe incarné dont le P. de Bérulle mérita d'être appelé l’apôtre par le pape Urbain VIII. En entendant des auteurs graves, comme le P. Bourgoing ou le P. Amelote, affirmer dans ce même sens que le P. de Bérulle eut pour mission de » faire connaître Jésus-Christ au monde, qu’il a renouvelé l’application des esprits à Jésus-Christ » on n’est pas sans éprouver quelque étonnement. Toute spiritualité ne converge-t-elle pas vers Jésus-Christ, l’HommeDieu, vers le mystère de l’incarnation ? Les mystiques du Moyen Age ont aimé singulièrement JésusChrist, le Verbe incarné. L'étude et l’amour de JésusChrist se seraient-ils ensuite obnubilés parmi les chrétiens sous l’influence de la Benaissance païenne, ou les spéculations métaphysiques des docteurs catholiques des xv c et xvr siècles, auraient-elles lait trop oublier Jésus-Christ ? On l’a dit. Cependant le