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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/93

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NESTORIENNE (L*ÉGLISE) SOUS LES SASSANIDES


afin de la mettre sous les yeux du roi. Synod. orient., p. 19, trad., p. 256. On répéta pour l’empire perse ce qui avait été fait 85 ans plus tôt pour l’empire romain : Yazdegerd prenait le rôle de Constantin, et il le prit si bien que les historien persans, le trouvant trop peu favorable à la religion zoroastrienne, l’ont qualifié de « pécheur » et d" « impie ». C. Huart, La Perse antique., p. 156 ; Chronique de Séeri, dans P. O., t. v, p. 316 [204]. Quarante évêques furent convoqués à Séleucie par les soins des marzban ou gouverneurs de province, pour la fête de l’Epiphanie, qui était en même temps celle de la Nativité du Seigneur, 6 janvier 410. La grande session eut lieu le Ie * février, et l’on y adopta tout ce que les Occidentaux avaient suggéré : la foi de Nicée et les principaux points de aiscipline qui avaient été fixés par le premier concile œcuménique et les synodes provinciaux qui le complétèrent, surtout au sujet de l’organisation des Églises et du droit personnel des clercs. Synod. orient., p. 1933, trad., p. 257-272. Des mesures immédiates furent prises pour mettre fin à la compétition des sièges de Beit Lapât et Karkâ d’Ledân, qui luttaient pour la possession du titre de métropolitain en Susiane : les compétiteurs, et il y avait deux ou trois évêques pour chacun de ces sièges, furent condamnés à rester dans leurs villes épiscopale’s, privés du droit d’ordination. Après quoi, le synode fixa les titres des métropoles et des évêchés avec leur préséance, donnant pour chaque siège le nom du titulaire légitime.

Cette description de l'état du christianisme en Perse au début du ve siècle, donnée dans le canon 31 et contrôlée par la liste des signataires du synode, mérite d'être reproduite ici (cf. Synod. orient., p. 3336, trad., p. 272-275 et note additionnelle p. 616-618). Le titulaire de Séleucie et Ctésiphon est le « grand métropolitain et le chef de tous les évêques » ; il a un sulïragant, l'évêque de Kaskar, qui est locum tenens pendant la vacance. Beit Lapât, métropole du Houzistan, a quatre sufîragants : Karkâ d’Ledân, Hormizdardasir, Suster et Suse. Nisibe a cinq sufîragants : Arzon, Qardou, Beit Zabdaï, Beit Rahimaï et Beit Moksâyë. Perât d’Maysân a trois sufîragants : Karkà d’Maysân, Rima et Nahagur. Arbèles, métropole de l’Adiabène, a six sufîragants : Beit Nuhadrâ, Beit Bagas, Beit Dasen, Ramonin, Beit Mahqart et Dabarinos (?). Karkâ d’Bêt Slok, métropole du Beit Garmaï a cinq sufîragants : Sahrqart, Latom, Arewân, Radani et Harbagelâl. Mais en dehors de ces provinces organisées, il y a encore d’autres sièges épiscopaux trop distants de Séleucie pour que leurs titulaires aient pu assister au synode, dans la Perside (le Fars actuel), dans les Iles, c’est-à-dire le Beit Qatarâyê, Bahrayn et sa région, dans le Beit Madâyë ou Médie, dans le Beit Raziqâyé ou province de Ray, dans la Médie supérieurieure, dans le pays d’Abrasahr, partie du Khorassan, enfin à Ardai, Tuduru, Masmahig. Cf. au sujet de ces noms E. Sachau, Die Chronik von Arbela, p. 17-28.

Ce qui est remarquable en toute cette afîaire, c’est que le roi de Perse, de psrsécuteur, devenait tout à coup le protecteur de l'Église. Si le monarque luimême n’assista pas aux sessions du concile, il se fit rendre compte par Isaac et Marouta de la session préliminaire, et fit haranguer en son nom les évêques par deux officiers de sa maison, dont le grand vizir. Les nominations d'évêques et autres chefs de communautés seront sanctionnées par l’autorité royale, et celle-ci punira les récalcitrants. Synod. orient., p. 21 sq., trad., p. 250 sq. En retour, les évêques prescrivent des prières pour le Roi des rois. Ibid., p. 22, trad., p. 262.

Isaac vécut peu après la réunion du synode ; à sa mort, survenue à la fin de 410, la Chronique de Séert dit que Marouta, avec l’assentiment des évêques et

du roi, lui donna pour successeur le moine Ahaï, disciple dé Mar 'Abdâ, P. O., t. v, p. 324 [212]. Les chroniqueurs rapportent seulement qu’il jouissait d’un grand crédit auprès du roi, et lui attribuent des récits sur les passions des martyrs de Sapor II.

Ahaï mort vers la fin de 414 après 4 ans, 7 mois et quelques jours de pontificat, ibid., p. 325 [203], Yahballàhâ, autre disciple de' Abdâ, fut élu, sur l’ordre de Yazdegerd, ibid., p. 326 [214 ]. Ainsi, l’entente entre l'Église et l'État continuait comme aussi la paix entre Perses et Romains, et l'Église servait de trait d’union entre les deux empires : Yahballàhâ I er fut envoyé en 418, comme ambassadeur à Constantinople, tandis qu’Acace d’Amid arrivait à Séleucie à la fin de 419, comme ambassadeur de Théodose le Jeune. Cette arrivée d’un prélat romain fut l’occasion d’un synode où dix évêques et métropolitains de Perse se réunirent. On n’y prit point de décisions nouvelles, mais on insista sur la nécessité de s’en tenir aux canons sanctionnés sous Isaac, et l’on proclama d’une façon plus explicite l’acceptation des synodes mineurs : Ancyre, Néocésarée, Gangres, Laodicée. Synod. orient., p. 37-42, trad. p. 276-284. Une fois de plus, c’est en regardant vers l’Occident que l'Église de Perse cherchait à trouver sa formule d'équilibre.

Yahballàhâ mourut au commencement de 420 ; il prévoyait que la paix religieuse ne durerait pas — car Yazdegerd, sans doute sous la pression des mages impatients de voir le roi favorable aux chrétiens et les conversions se multiplier parmi les nobles, avait commencé à manifester des sentiments hostiles — et il avait prié Dieu de lui épargner le spectacle des épreuves à venir. A peine le catholicos était-il mort, que le Roi des rois, prenant prétexte de la destruction d’un pyrée à l’instigation d’un prêtre de Hormizdardasir, nommé Osée, prescrivit de détruire les églises et d’exiler les chrétiens. C’est dans ces circonstances qu’il fallut procéder à l'élection d’un catholicos : on choisit Ma’nâ, ancien élève de l'École d'Édesse, qui était d’origine psrsane et que le roi avait appris à apprécier en le voyant auprès de Yahballàhâ. L’approbation du monarque fut obtenue grâce aux bons offices du chef de la milice, à qui l’on versa une importante somme d’argent. Mais l’espérance des chrétiens fut de courte durée : Ma’nâ reçut du roi de violents reproches et, comme un des prêtres qui l’accompagnaient s'était permis de répondre au monarque, le catholicos fut exilé en Perside et le prêtre décapité. Yazdegerd mourut peu après, mais son fils, Babram V l’Onagre, continua de persécuter. Les victimes furent nombreuses : on mit à mort des évêques et des prêtres comme 'Abdâ, évêque de l’imprudent Osée, ou Narsaï, condamné pour avoir refusé de rapporter le feu sacré à un pyrée, qui avait été installé dans une église. Mais le clergé n'était pas spécialement visé : ce sont plutôt les nobles et les fonctionnaires qui sont en butte aux manœuvres des mages, Hormisdas et Suène, Jacques I’Intercis, Jacques le notaire, etc. Beaucoup échappèrent à la mort par l’apostasie, d’autres franchirent la frontière de l’ouest. Labourt, Le christianisme.., p. 104-118.

Les Perses réclamèrent les fugitifs aux Romains ; ceux-ci répondirent par la guerre. On se battit pendant un an, puis, en 422, la paix fut conclue. Une fois de plus l’Occident venait au secours des chrétiens de Perse : Bahram, sur les instances de Théodose II, promit de laisser à ses sujets la liberté de conscience, obtenant en échange que l’exercice du culte mazdéen serait toléré sur le territoire de l’empire romain. Th. Nôldeke, Geschichte der Perser und Araber zut Zeil der Sasaniden, Leyde, 1879, p. 108, n. 2.

Yazdegerd avait déposé Ma’nâ. Mari suppose que celui-ci mourut presque aussitôt, et qu’on attendit sa