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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/94

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NESTUR1ENNE (L'ÉGLISE) SOUS LES SASSANIDES


mort pour lui donner un successeur, p. 45, trad., p. 31. Farabokt obtint l’approbation du monarque, grâce au moyen qui avait servi pour son prédécesseur, mais il avait fait certaines promesses aux mages qui le rendaient suspect aux évoques, et ceux-ci, agissant à la cour, obtinrent sa destitution. Farabokt, ainsi que Ma’nâ, ne figurent pas dans les diptyques. La persécution durait encore quand on se réunit pour l'élection du nouveau catholicos, d’où il ressort que les mesures contre les chrétiens ne ressemblaient en rien à celles édictées par Sapor II. Bahram se laissa convaincre par Samuel, évêque de Tous, dans le Khorassan, et Dadiso' fut élu vers la fin de 421 ou tout au début de 422. Mais le nouveau catholicos rencontra une vive opposition de la part de certains évêques et fut mis en prison par ordre du roi. Il ne fut délivré qu’en 422, sur l’intervention des plénipotentiaires romains, à la signature de la paix. Excédé, le catholicos se retira au monastère de DeirQabout, qui ne semble pas connu par ailleurs, probablement en pays arabe, à couvert des entreprises du Roi des rois, ne voulant pas reprendre possession de son siège. Ce n'était pas l’affaire de l'Église de Perse : éprouvée comme elle venait de l'être par la persécution et la compétition des évêques, elle avait plus que jamais besoin d’un chef indiscuté. Trente-six évêques se réunirent, en 424, certains venus de points éloignés comme Rewardasir, Merv, Hérat, Ispahan, pour supplier le catholicos de reprendre sa charge. Ils vinrent jusqu'à Markabtâ d’Tayyâyë, lieu non identifié, mais certainement à l’ouest de Séleucie, et très probablement à l’ouest de l’Euphrate, sous la domination du prince lahmide de Hirâ, qui était alors Mundir I". G. Rothstein, Die Dynastie der Lahmiden in al-Hira, Berlin, 1889, p. 70. Mais Dadiso' exigea d'être mis à l’abri de nouvelles attaques des évêques : c’est alors qu’on rappela l’histoire de Pâpà et l’intervention des Pères occidentaux, non seulement en faveur du premier catholicos, mais aussi pour aider Isaac et Yahballâhâ dans les difficultés intérieures et extérieures de leur Église. Finalement on résolut que, père de tous, le catholicos ne pouvait être jugé et chassé par ses enfants, et que sa cause ne relèverait plus que du tribunal du Christ, Synod. orient., p. 4652, trad., p. 289-297 ; cf. J. Labourt, Le christianisme.., p. 125, n. 1, où sont émis des doutes sur l’authenticité des actes de ce synode. Mari dit que Dadiso' coula ensuite un pontificat heureux et fut enterré à Hirâ, p. 36, trad., p. 31. Mais on peut se demander si l’absence totale d’informations sur le pontificat de Dadiso' ne vient pas de ce qu’il serait resté, tout en gardant le titre de catholicos, à distance de la capitale, à peu près étranger aux affaires. Cela expliquerait bien sa sépulture en pays arabe.

Les actes des martyrs des persécutions de Yazdegcrd I er et Bahram V sont mêlés à ceux de la persécution de Sapor II, dans les deux recueils cités à la fin du paragraphe précédent. Pour cette période, la Chronique de Séerl contient surtout des informations sur l’histoire générale de l'Église ; les passages relatis à l'Église de Perse se trouvent dans P. O., t. v, p. 305-313 (193-201] ; 316-9 [204-7] ; 321-334 [209-222] ; Mari, édit. Gismondi, p. 28-41, trad. p. 24-35 ; Amr et Sliba, p. 21-29, trad., p. 12-17 ; Labourt, Le christianisme…, p. 83-125 ; Wigram, An introduction io ihe hislory of the assyrian Church, p. 77-125.

4° L'Église de Perse devient nestorienne. — Le Synodicon, qui nous a fourni pour les années 410-424 de si précieuses informations, n’a plus rien jusqu’en 486 ; et la Chronique de Séert, comme il a été dit plus haut, manque, par suite d’une lacune du manuscrit, de 422 à 484. Pourtant c’est pendant ces soixante années que se fixe l’avenir de l'Église de Perse. A défaut de sources nestoriennes, il faudra bien nous contenter

d’interroger les historiens monophysites, mais il faut savoir qu’ils sont partiaux, voire fanatiques, comme Simon de Beit Arsam dans sa fameuse lettre sur Barsaumâ de Nisibe et la diffusion du nestorianisme dans l’Orient non romain. Texte syriaque et traduction latine dans J. S. Assémani, Bibliotheca orientons, t. i, Rome, 1719, p. 346-358.

De cet Occident, d’où l'Église de Perse avait reçu une si efficace assistance, allait venir le germe d’une séparation complète. Pendant les vingt-cinq années du pontificat de Dadiso', pour lesquelles nous ignorons tout de l’histoire intérieure des chrétientés persanes, sauf quelques épisodes de la persécution intermittente exercée par Yazdegcrd II, se jouait la tragédie de Nestorius. Les trois patriarcats orientaux de l’empire romain en furent violemment agités, et la répercussion devait en être particulièrement vive à Édesse dans le milieu ardent de l'École des Perses.

La doctrine de. l'École était foncièrement antiochienne : les maîtres qui y faisaient autorité étaient Théodore de Mospsueste et Diodore de Tarse. Pourtant, au moment où Nestorius montait sur le siège de Constantinople, l'évêque d'Édesse, Rabboula, était mal disposé envers les partisans de 1' « Interprète », lequel l’avait contredit en public sur un point d’exégèse, lors d’une visite à la ville impériale. Barhadbsabbâ 'Arbayâ, Cause de la fondation des écoles, dans P. O., t. iv, p. 380 [66]. Ce fut peut-être la raison de son attitude à l’endroit de Nestorius, dont il devint dès le début, un adversaire acharné. R. Duval, La littérature syriaque, p. 389 sq. Quoi qu’il en soit, Ibas, qui professait alors à l'École des Perses, étant devenu le successeur de Rabboula sur le siège d'Édesse en 435, le champ resta à peu près libre aux partisans de Théodore et de Nestorius, malgré l’hostilité de quelques personnages, dont le plus connu est Philoxène, le futur évêque de Mabboug. Deux ans plus tard (437), le directeur de l'École, Qiyorë, mourut et fut remplacé par Narsaï. L'évêque d'Édesse et le directeur de l'École des Perses étant tous deux dyophysites convaincus, on comprend en quel sens s’exerçait l’influence de l'École, où le haut clergé perse continuait de se former. Même si la position de Narsaï devint plus difficile à partir de 449, après la déposition d’Ibas, il ne semble pas qu’il ait dès lors quitté Édesse. Nous avons dit ailleurs les raisons qu’il y a de reporter à 457 la fondation qu’il fit à Nisibe d’une école, qui devint bientôt la véritable École des Perses, après que l'évêque Qûrâ, d’accord avec l’empereur Zenon, eut fermé l'école d'Édesse en 489, art. Narsaï, ci-dessus col. 27.

La venue du célèbre Narsaï à Nisibe contribuait à augmenter l’influence déjà très grande de son ancien condisciple, le métropolite Barsaumâ. Évêque de la frontière, connaissant les usages de l’empire romain, auxiliaire écouté du marzban local, il était aussi apprécié à la cour et jouissait de l’amitié de Péroz, dont il devint un conseiller préféré. Chronique d’Arbèles, édit. Mingana, p. 67, trad., p. 147. Ces contacts répétés avec les.fonctionnaires importants, avec la cour, avec le souverain lui-même, laïcisèrent peu à peu la mentalité de Barsaumâ. II avait du mal de se contenir et vivait avec une moniale, Mamaï ; il aurait désiré voir cette situation légitimée. Précisément, les mages se plaignaient de ce que le haut clergé chrétien était célibataire : plus d’une fois dans les persécutions, cette question avait été une source de chicane. Barsaumâ aurait aimé qu’une législation autorisant le mariage des évêques donnât un apaisement aux zoroastriens et calmât ses remords. On devine que c’en était assez pour rendre le métropolite suspect au catholicos. Celui-ci, Babowaï, qui avait remplacé Dadiso' en 457, était un converti, fervent à ce qu’il