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ORIENTALE (MESSE) RIT ANT, CONSÉCRATION


L’anaphore de saint Marc offre encore quelques particularités dans les paroles de la consécration :

Cum ergo ad passioneni suam nostri causa venisset in carne, per gratiam suam : ipse in quo peccatum non inventum est, accepit panern in manus suas puras et sanctas et aspexit in cælum et gratias egit f… et fregit et dixit discipulis suis : Hoc.accipite, manducate ad remissionem vestram et omnium lidelium verorum et ad vitam œternam. Amen.

Similiter et calicem, vino et aqua miscens t, benedixitf, sanctificavit f, deditque discipulis suis sanctis et dixit : Hic est sanguis meus in Testamento novo, accipite, bibite ex eo omnes, ad remissionem vestram et omnium fidelium verorum et ad vitam aeternam. Amen. Cf. Missale…, p. 147 ; Renaudot, t. ii, p. 177.

L’anaphore de saint Eustache aboutit ainsi au récit de la cène :

Qui cum voluntate sua succidaneus est ad mortem pro nobis peccatoribus, accepit panem in manus suas sanctas f, benedixit t. sanctificavit j". fregit, dédit discipulis suis sanctis et dixit : Accipite, manducate ex eo : Hoc est corpus meum, quod vos et omnes suscipientes illud præparat ad vitam aeternam. Amen.

Similiter enim et calicem vini et aquæ accepit, et benedixit t, et sanctificavit t, et dédit iisdem discipulis suis et dixit : accipite, bibite ex eo vos omnes : Hic est sanguis meus, qui vos et omnes suscipientes illud, præparat ad vitam aeternam. Amen. Cf. Missale…, p. 163 ; Renaudot, t. ii, p. 235.

Le théologien y remarque bien la nouvelle idée exprimée : la rédemption opérée par le Christ est une rédemption par satisfaction vicaire, ou par substitution ; de même l’eucharistie reçue n’est pas dite pour la rémission des péchés, mais un gage, une préparation à la vie éternelle.

Voici le récit de la cène d’après l’anaphore de saint Basile :

Cum enim esset exiturus ad crucem suam voluntariam et vivi ficantem, in ea nocte qua tradebatur pro vita et redemptione mundi, accepto pane in manus suas sanctas, incontaminatas, puras et illibatas, gratias egit f, benedixit f, sanctificavit, ï fregit, deditque discipulis suis et apostolis sanctis, dicens : Accipite, manducate ex eo : Hoc est corpus meum quod, pro vobis et pro multis, frangitur, et dividitur in expiationem culparum et remissionem peccatorum ac in vitam sempiternam. Amen.

Similiter autemet calicem vini natie vite, et postquam cenaverunt, accepit et miscuit aquis, gratias egit t. benedixit t, sanctificavit, f ac gustavit, et divisit discipulis suis et apostolis sanctis, dicens : Accipite, bibite ex eo vos omnes : Hic est sanguis meus ille Novi Testamenti qui pro vobis et pro multis effunditur et spargitur in expiationem culparum et remissionem peccatorum et in vitam aeternam. Amen. Cf. Missale…, p. 180 ; Renaudot, t. ii, p. 547-548.

La formule consécratoire dans l’anaphore de saint Cyrille ressemble un peu à la formule latine :

Ipse igitur ante passionem suam salutarem accepit (aliquid) pane in manus suas sanctas et benedixit f, et sanctificavit t, et fregit t, tradiditque in manus discipulorum suorum et dixit : Hoc est corpus meum, quod vos et multos fidèles præparat ad vitam œternam. Amen.

Miscuit autem ex vino et aqua calicem vitæ et benedixit eum f, et sanctificavit eum t, et dédit eum t turbæ discipulorum et dixit : Hic est sanguis meus qui obsignat et verificat testamentum mortis meæ et préparât vos et multos fidèles ad vitam aeternam. Amen. Cf. Missale…, p. 202 ; Renaudot, t. ii, p. 276-277.

On a bien remarqué, surtout dans ces derniers récits de la cène, l’insistance sur la mort volontaire ; et aussi que le Christ prit dans le calice un mélange de vin et d’eau ; que le vin est ex vite.

Il a été dit plus haut, que le Christ a goûté au calice, maintenant une idée particulière s’introduit : le Christ qui divise le calice entre ses disciples.

Les citations précédentes des paroles de l’institution sont empruntées aux missels catholiques actuelle

ment en usage ; mais on ne trouve pas toujours les mêmes paroles dans les anaphores à l’usage des jacobites. La phrase que les théologiens appellent forma sacramenti n’a pas toujours la forme assertive, mais quelquefois la forme d’une proposition causale ; on lit dans l’anaphore d’Ignace, patriarche d’Antioche, appelé Bar Wahib :

…Accipite et bibite singuli ex manu alterius, quia hic est sanguis meus vivus, qui effunditur… Renaudot, t. ii, p. 527.

L’anaphore de Thomas d’Héraclée unit les deux consécrations du pain et du vin dans une formule curieuse.

Vere et certe accepit formam servi, ut in ea perficerct, quæ futura erant ad salutem vitanique nobis prastandam. Accepit panem et vinum, benedixit f, sanctificavit f, fregit t, deditque apostolis suis dicens ; accipite, utimini, et ita facite. Et cum hoc acceperitis, crédite et certi estote, quod corpus meum editis, et sanguinem bibitis in memoriam mortis meæ facientes, donec veniam. Renaudot, t. ii, p. 384.

Cette unique formule semble bien avoir été composée ainsi et il ne s’agit pas d’une erreur de copiste, puisque la même formule se rencontre dans l'épiclèse de cette même anaphore.

Mitte… Largitorem illum bonum : ut illabens faciat panem istum et vinum istud, corpus et sanguinem Christi Dei nostri. Renaudot, t. ii, p. 385.

Dans l’anaphore de Maroutha de Tagrit, chaque consécration est à part ; l’on ne se contente pas chaque fois du crédite, certi estote quod hoc est… mais on dit :

…panem Xermentatum accepit… et Patri gratias agens, t benedixit t, …et dixit : Accipite manducate, crédite, et certi estote atque ita prædicate et docete : quod corpus meum hoc est…

Similiter prosequendo accepit etiam vinum et illud justa proportione, cum miscuisset aqua, f benedixit t-- Renaudot, t. ii, p. 262.

On a bien remarqué le panem fermentatum qu’on rencontrera dans d’autres anaphores jacobites, par exemple : dans celle de Matthieu le pasteur (voir plus bas). On y verra aussi que le Christ a pris du vin temperate, comme dans celle-ci justa proportione. Il semble que cet avertissement vienne d’une rubrique ; car si le prêtre employait une grande quantité de vin et ne trouvait pas assez de communiants pour boire avec lui le précieux sang, il serait fort gêné d’absorber cette grande quantité.

Dans un ras. de l’anaphore de Jacques de Saroug, il est dit à la consécration du vin :

Etiam super calicem perfecit hoc mysterium dispensationis, miscens illum vino et aqua et virtutem verbi sui vivificantis in eo abscondit, ipsam quæ semper et perpetuo sanctificat et perfecit : gratias egit t » Renaudot, t. ii, p. 368.

Comme il s’agit, dans cet article, de la liturgie orientale encore en usage, nous avons tenu à consulter un ms. jacobite sur les paroles de l’institution ; la traduction que nous en avons faite ne diffère guère de celle qu’a donnée Renaudot. — On sait que le missel jacobite est encore manuscrit. Les copies ne diffèrent les unes des autres que par la forme grammaticale ; la pagination y manque très souvent, quant aux rubriques elles sont très brèves. Le ms. consulté servait encore, il y a deux ans, à un vicaire patriarcal depuis lors converti. Nous sommes donc en face d’une liturgie en usage de nos jours. L’on parle souvent de l’absence des paroles consécratoires dans le rit persan (voir col. 1458) et l’on oublie que ce phénomène se produit plus ou moins chez les jacobites. Cinq anaphores, sur sept que contient le ms. cité plus haut, ont les paroles de l’institution tronquées : la première est dite