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ORIGÈNE. DIEU, LA TRINITÉ
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Dieu. Mais quant à l'être du Saint-Esprit, nul n’a pu le soupçonner, excepté ceux qui étudient la Loi et les Prophètes et ceux qui font profession de croire au Christ. » De princ, I, ni, 1.
Le Saint-Esprit est éternel : « Quelques-uns je le sais, déclare Origène, comprenant mal la nouveauté de l’Esprit, en ont conclu que le Saint-Esprit était nouveau, comme s’il n’avait pas existé auparavant et comme s’il n’avait pas été connu des anciens ; et ils ne s’aperçoivent pas qu’ils commettent un grave blasphème. Car le Saint-Esprit est dans la Loi comme il est dans l'Évangile. Il est avec le Père et le Fils, il est, il a été, il sera toujours avec le Père et le Fils. Il n’est donc pas nouveau, mais il renouvelle ceux qui viennent à la foi. » In Rom., vi, 7 ; cf. De princ, I, iii, 4.
Le Saint-Esprit ne passe pas de l’ignorance à la science ; il est associé aux honneurs et aux dignités du Père et du Fils. L’Esprit de Dieu et l’Esprit du Fils sont une seule et même chose. In Rom., vi, 13. L’Esprit du Père est le même que l’Esprit du Fils, le même que l’Esprit-Saint. In Rom., vii, 1. C’est de la seule science de la divinité paternelle que procèdent le Fils et le Saint-Esprit. Ibid., iv, 9. Il y a des hommes qui prêchent le Père, le Fils et le Saint-Esprit, mais non point sincèrement et intégralement ou bien ils séparent le Fils du Père, en disant que le Père est d’une nature et le Fils d’une autre, ou bien, ils les confondent comme si Dieu était un composé de trois dieux ou qu’il n’y eût là que la triple appellation d’une même essence. Mais celui qui annonce les biens donnera leurs propriétés au Père, au Fils et au Saint-Esprit, en confessant qu’il n’y a point de diversité dans leur nature ou substance. Ibid., viii, 5.
Il est regrettable que ces derniers textes ne soient conservés que dans la traduction latine de Rufln. Dans le De principiis, Origène se demande quel est le mode de procession du Saint-Esprit. In hoc non jam manifeste discernitur, utrum natus aul innalus vel fdius etiam ipse Dei habendus sit necne. De princ., i, proœm., 4. Telle est du moins la version de Rufln. Saint Jérôme, Episl. ad Avit., 2, P. L., t. xxii, col. 1060, reproche à Origène d’avoir écrit qu’il ignorait utrum faclus sil un infectas, c’est-à-dire que Rufin traduit les mots Yewt, t6ç et àyévvi, TOç ; et saint Jérôme yzvqiôç, et âybrqvoç. A vrai dire, saint Jérôme semble avoir abusé ici d’un avantage purement matériel, si vraiment, ce dont on peut encore douter, Origène avait employé les termes yevTjTÔç et àyévTjToç. Les recherches poursuivies chez les Pères antinicéens prouvent surabondamment que ces mots sont restés longtemps synonymes des premiers et qu’on les écrivait à leur place dans le même sens et sans penser à mal.
En fait, il paraît bien que la vraie question posée par Origène n’ait pas été celle de la création de l’Esprit, mais celle de sa filiation. Dans le commentaire sur saint Jean, figure un texte plus complet, mais qui, malheureusement, n’est pas d’une clarté absolue. « Il faut chercher, écrit Origène, puisque tout a été fait par le ministère du Verbe, si le Saint-Esprit n’a pas été aussi fait par lui. Et, à mon jugement, le Saint-Esprit a été fait et, si l’on admet que tout a été fait par le Verbe, on doit nécessairement avouer que le Saint-Esprit a été fait par lui et que le Verbe lui est antérieur quant à l’existence, ôxt. to ayiov IIve>ju.a Sià toû Aoyou èysvETO, TCpsaêurépo’j Trap’aÙTÔi toû Aôyou TuyxâvovToç. Si l’on ne veut pas dire que le Saint-Esprit a été fait par le Christ, il s’ensuit que l’on doit dire qu’il est inengendré, en se conformant à ce qui est écrit dans cet évangile de saint Jean. Outre ces deux hypothèses, celle qui veut qu’il ait été fait par le Verbe et celle qu’il est inengendré, on peut en
faire une troisième, celle que le Saint-Esprit n’a pas d’essence propre distincte de celle du Père et du Fils, |i.7 ; 8è oùatav riva ûcp^aTavai srépav toû àylou riveûP-octoç Ttapà tôv riocTspa xal tov T[6v. Mais, peut-être, en y faisant attention, pourrait-on penser que le Fils plutôt n’est pas distinct du Père, tandis que la distinction du Saint-Esprit est manifestement énoncée par ces paroles. Celui qui blasphème contre le Fils, sa malédiction lui sera remise, mais celui qui blasphème contre le Saint-Esprit n’aura de pardon ni dans ce siècle ni dans l’autre. » In Joan., ii, 6. P. G., t. xiv, col. 125.
On voit sans peine d’où vient ici l’embarras d’Origène. Il a lu dans l'évangile de saint Jean le passage où il est écrit : toxvtoc SV ocûtoû syéveTo ; et ce texte l’inquiète. Si tout est devenu par le moyen du Verbe, donc aussi le Saint-Esprit. Car on ne pourrait échapper à cette conclusion qu’en disant que l’Esprit est inengendré, hypothèse intenable, le Père seul étant àyévvy)toç ; ou bien en déclarant que l’Esprit n’a pas d’essence propre, ce qui n’est guère moins inadmissible puisque la Trinité comporte trois hypostases. Origène, s’efforce cependant de résoudre le problème : « Quant à nous, persuadés qu’il y a trois hypostases, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et croyant de foi qu’il n’y a d’inengendré que le Père, nous admettons et approuvons, comme une croyance vraie et plus pieuse, que, toutes choses ayant été faites par le ministère du Verbe, le Saint-Esprit a plus de dignité que le reste et est d’un rang supérieur à tout ce qui a été fait par Dieu par l’intermédiaire du Christ, tô aytov IIvsû[i.a roxvxcûv Tt[iiwT£pov xocl ràÇsi TOvrcov tov ùnb toû LTaTpôç Sià XptCTToù yeysv7)[Asvcûv. Et peut-être, s’il n’est pas appelé le Fils en soi, aù-roôioç, de Dieu, c’est que le Monogène est, dans le principe, le seul Fils de Dieu par nature, duquel il semble que le Saint-Esprit ait besoin, l’hypostase du Fils lui procurant, par participation, et l'être, et la sagesse, et la justice, et tout ce que l’on doit concevoir d’après les notions idéales du Christ plus haut énoncées. Je pense que le Saint Esprit est, pour ainsi dire, la matière des grâces que Dieu a accordées à ceux qui sont sanctifiés par lui et par ses communications, la matière des grâces étant opérée par le Père, administrée par le Christ et réalisée substantiellement dans le Saint-Esprit, rîjçe ! ps(iivT)ç tôv x a piau.âTa>v G^ç sv£pyou[xévY]ç ii, èv àv : 6 toû IlaTpôç, S(.axovoup.évY)ç 8k ûnô toû XptaTOÛ, ùçeo-xwarjç Se xonrà to âyiov IIv£Ûu.a. In Joan., ii, 6, P. G., t. xiv, col. 125-129.
Origène déclare donc, sans que l’on puisse savoir, s’il exprime une opinion strictement personnelle, ou s’il parle au nom d’un certain nombre de fidèles, que le Saint-Esprit est produit par le Père, par l’intermédiaire du Fils. « Mais, ajoute ici le P. Prat, il ne l’est pas à la manière des créatures, bien qu’on puisse comprendre, par analogie, la production du Saint-Esprit et la production des créatures, sous le même concept et le même nom… Le Saint-Esprit ayant besoin du Fils pour recevoir la nature divine, ou, comme parle Origène avec un grand nombre d’anciens, étant du Père par le Fils, s’il était Fils lui-même, il aurait le Fils pour père, ce qui est tout à fait inouï dans la tradition ecclésiastique. » F. Prat, Origène, p. 55-56.
Tout n’est pourtant pas clair, dans ce long morceau du commentaire sur saint Jean, et il semble qu’Origène ait été ici, comme parfois ailleurs, gêné dans l’expression de sa foi par sa philosophie. La croyance traditionnelle de l'Église l’obligeait à recevoir le Saint-Esprit, à parler de lui comme de la troisième personne de la Sainte Trinité. Mais ses opinions philosophiques ne lui permettaient pas de marquer avec précision la place du Saint-Esprit dans