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PASCAL. LES PENSÉES, LE PLAN


de 1658 avec un Discours, écho de Pascal également, sur les preuves des livres de Moïse, mais attribué, lui, , i Filleau, sous ce titre : Discours sur les Pensées de l. Pascal, où l’on essaye de (aire voir quel était son dessein. Avec un autre discours sur les preuves des livres <te Moïse, in-12, Paris, 1672. Cf. Maire, loc. cit., n. 9. (", es deux discours et un troisième, attribué aussi à Filleau et vraisemblablement aussi écho de Pascal, Qu’il y a des démonstrations d’une aulre espèce et aussi certaines que celles de la géométrie — réédité dans la Revue de métaphysique et de morale, 1923, p. 215 sq. — furent ajoutés dès 1678, à la plupart des éditions des Pensées. Cf. Maire, loc. cit., n. 19. Ces trois discours ont été édités sous le nom de Filleau de la Chaise, par V. Giraud, en 1922, dans la collection des Chefsd’œuvre méconnus.

L’édition de Port-Royal demeura l’unique pendant plus d’un siècle. En route, elle s’augmenta, à partir de 1078 où, en même temps que des trois traités de Filleau, elle s’accroît « de plusieurs pensées nouvelles ». (", f. Maire, ibid. En 1681, a Amsterdam, elle paraîtra augmentée de beaucoup de pensées et de la vie du même auteur. Il s’agit de la Vie écrite par Mme Périer. Un privilège avait été demandé pour cette publication en 1678, mais jusque-là les éditeurs n’avaient pas osé en user. Cf. Maire, loc. cit., n. 30. En 1711, le bénédictin Touftée entreprit un travail de revision qui n’aboutit pas. En 1728, le P. Desmolets, bibliothécaire de l’Oratoire, inséra au t. v de la Continuation des Mémoires de littérature et d’histoire, comme suite aux Pensées, V Entrelien avec M. de Saci, l’Art de persuader, les Réflexions sur l’amour-propre et ses effets et des Pensées choisies. Vers le même temps, Colbert de Croissy, évêque de Montpellier, janséniste notoire, publiait dans une Troisième lettre à M. de Soissons, 5 février 1727, à l’occasion du miracle opéré à Paris sur la paroisse Sainte-Marguerite, des « Pensées sur les miracles, en particulier sur ceux de Port-Royal ». Cf. Maire, loc. cit., n. 638. Sur le miracle de Sainte-Marguerite voir Gazier, Histoire du mouvement janséniste, t. i, p. 276 sq.

Dès 1776 on commence à s’écarter de l’édition de Port-Royal. Cette année-là, Condorcet publie, en les taisant précéder de l’Éloge de Pascal, ses Pensées de Pascal, nouvelle édition, corrigée et augmentée, in-8°, Londres, s. I. n. d. Il a eu sans doute entre les mains une copie primitive des Pensées, et il y a fait un choix en vue de ramener l’œuvre de Pascal à la philosophie ; il retranche ainsi à l’édition de Port-Royal, mais il y ajoute aussi ; aux pages 502 et 503, par exemple, se trouve inséré le Mémorial, qui est pour lui l’Amulette de Pascal. Il groupe les Pensées suivant un plan à lui et il les accompagne de notes, dont beaucoup sont les Remarques sur les Pensées de Pascal, publiées par Voltaire à la suite des Lettres philosophiques. En 1778, Voltaire donnera à Genève, avec de nouvelles Remarques, l’édition de Condorcet, sous ce titre : Éloge et Pensées de Pascal. Nouvelle édition, commentée, corrigée et augmentée par M. de ***, in-8°. Cf. Maire, loc. cit., n. 64 et 65. Surtout en 1779, dans la première édition complète des Œuvres de Biaise Pascal, 5 in-8°, La Haye (Paris), t. ii, l’abbé Bossut, qui avait consulté un des manuscrits primitifs, donnait une nouvelle édition des Pensées, avec des fragments inédits et dans un ordre personnel, où il s’inspirait à la fois de Port-Royal et de Condorcet. Cf. Maire, loc. cit., n. 67.

En 1835, paraîtra à Dijon, une édition conçue dans le sens de Roannez, qui n’a jamais été totalement perdu de vue : Pensées de Biaise Pascal, rétablies suivant le plan de l’auteur. Publiées par l’auteur des Annales du Moyen Age (Frantin), in-8°, Dijon. Cf. Maire, loc. cil., n. 101. Or, en 1842, dans son Rapport à l’Académie française sur la nécessité d’une nouvelle édition des Pensées de Pascal, lu les 1° avril, 7 er mai, 1 er juin,

DICT. DE THÉOL. CATH.

1 er août, paru la même année au Journal des savants (cf. Œuvres de Victor Cousin. Quatrième série. Littérature, nouvelle édition, 1849, 3 in-12, t. i, p. 103 sq. i. Cousin signalait les multiples insuffisances des éditions antérieures et la nécessité d’une édition authentique des Pensées, dont subsistait le manuscrit autographe. Ce fut Prosper Faugère qui donna cette édition : Pensées, fragments et lettres de Biaise Pascal, publiées pour la première fois conformément aux manuscrits originaux en grande partie inédits, 2 in-8°, 1844. Le t. I er comprend la Série des opuscules et Pensées diverses ; le t. ii, les Pensées constituant l’Apologir et que Faugère tenta de grouper « comme l’eût fail Pascal ». Cf. Maire, loc. cit., n. 120. Havet, en 1852, dans le cadre de l’abbé Bossut, donnait les Pensées… dans leur texte authentique, avec un commentaire suivi d’une étude littéraire, in-8°, mais dont la 3e édition, « revue et corrigée », 1881, Pensées de Pascal…, avec une introduction, des notes et des remarques, est rendue précieuse par son commentaire, auquel on ne peut reprocher que de s’inspirer trop d’un esprit opposé à celui de Pascal, et par ses tables. Cf. Maire, loc. cit., n. 127 et 151. En 1877-1879, Mobilier a recensé dans son édition « paléographique » la version de Faugère. Cf. Maire, loc. cit., n. 155. Enfin, en 1896, G. Michaul a donné une édition critique des Pensées avec les variantes des manuscrits et des éditions antérieures et dans le désordre même du manuscrit autographe : Les Pensées de Pascal disposées suivant l’ordre du cahier autographe. Texte critique établi d’après le manuscrit original et les deux copies de la Bibliothèque nationale avec les variantes des principales éditions…, in-8°, Fribourg (Suisse). Cf. Maire, loc. cit., n. 166. Depuis la grande édition des Œuvres de Pascal, par L. Brunschvicg, où les Pensées constituent une Troisième série, les dernières éditions françaises publiées sont celles de H. Massis, t. m et iv des Œuvres complètes, 6 in-16, Paris, 1926-1927, etcelledeF. Strowski, t. iii, des Œuvres complètes, 2 in-12, Paris, 19271930. Mais ces éditions ne dînèrent pas essentiellement des précédentes.

Le problème du plan.

1. Les documents sur la

question. — En dehors des Pensées on en compte cinq : le Discours sur les Pensées, de Filleau de la Chaise ; la Préface de Porl-Royal ; un résumé donné par Nicole dans son Traité de l’éducation d’un prince ; un plan de l’Apologie donné par Mme Périer dans le manuscrit de sa Vie de Biaise Pascal, non publié par elle, mais conservé par Besoigne, Histoire de Port-Royal, t. iv, p. 469, cf. Œuvres, t.xii, Pièces justificatives, t. iii, p. clxxx sq. ; et enfin l’Entretien avec M. de Saci.

Mais l’Entretien, « clef des Pensées », selon Havet, ne donne en réalité aucune lumière sur le plan d’ensemble. Il est l’exemple typique d’une méthode chère au Pascal des Pensées, la conciliation des contraires sur un plan supérieur, et offre quelques indications utiles : c’est tout. Mme Périer expose la façon dont Pascal entendait l’argument du miracle et donne un aperçu de sa méthode : ce ne sont là non plus que des indications. Quant aux plans de Filleau, d’Etienne Périer et de Nicole, ils ne concordent pas entièrement et de chacun l’on a contesté la valeur.

De ces trois documents, le Discours de Filleau est le plus important, non seulement parce qu’il est le plus étendu, mais parce que les port-royalistes du comité de publication, dont plusieurs avaient entendu l’exposé de 1658, l’avaient accepté comme préface aux Pensées. Mais L. Brunschvicg, qui n’accepte sur la question du plan aucun document extrinsèque, fait au Discours ces critiques : le plan s’y déroule à travers une série de complications ; Filleau l’a écrit huit ans après avoir entendu Pascal ; inévitablement, la pensée de Pascal a évolué de 1658 à sa mort : il a donc modifié le plan formulé en 1658. A ces critiques l’on répond :

T. — XI — 67