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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/582

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PATRIARCATS — PATRICE (SAINT ;


t. iv, Paris, 1931, p. 450-464 ; Grivec, Cerkveno pruenstvo i edinstuo po bizantinsken pojmouanju (Doctrine byzantine sur la primauté et sur l’unité de l’Église), Ljubljana, 1921. On trouvera des indications également dans Bréhier, Le schisme oriental du XI’siècle, Paris, 1899, p. 195 sq. ; Karalevskij, Histoire des patriarcats melkiles, t. iii, Rome, 1911, p. 442-450 ; Shaguna, Ccmpendium des kanonischen Rechles, Hermannstadt, 1868, p. 224 sq. On aura le jugement des orthodoxes modernes sur la pentarchie en lisant : Pharmakides, ’O (ruvoStxbç TÔy.oc, Athènes, 1852, et Nectarius Kephalas, VIeXetï] (<7T'>p v.r, 7rspi t<ov a-iziiivi toù v/Jo [xaioç, Athènes, 1911, p. 269 sq.

3° Sur les patriarcats catholiques modernes et le droit actuel, on trouve de très longs chapitres dans Karalevskij, op. cit. ; cf. aussi WernzVidal, Jus canonicum ad Codicis normanx exactum, t. ii, 2e édit., Rome, 1928, c. vii, et la bibliographie en tête du chapitre.

1° Sur la conception moderne du patriarcat orthodoxe, cl. Jugie, op. cit., p. 210-273 ; Milasch, Dos Kirchenrecht der morgent àndischen Kirche, 2e édit., Mostar, 1905 ; p. 230-235, 320-329, 338-351. On trouvera les autres indications bibliographiques dans le texte.

R. Vancourt.

    1. PATRIARCHES##


PATRIARCHES. — Le mot « patriarche », transcription du vocable grec TraTptâpxT)’;, signifie au sens littéral les chefs de famille ou de tribu (racTpidc, descendance, lignée, race, famille, àg-^r, principe, point de départ). — Le mot désigne dans l’usage biblique d’une part les chefs des générations qui sont nommés dans l’Ancien Testament depuis Adam jusqu’à Jacob ; d’autre part, les douze fils de Jacob, pères des douze tribus d’Israël ; c’est en ce dernier sens que le prend saint Etienne dans son discours devant le sanhédrin, Act., vii, 8.

Le problème de la Religion des patriarches se résout, du point de vue biblique, en rassemblant les données éparses dans la Genèse et relatives aux croyances, à la vie morale et aux pratiques cultuelles soit des patriarches antérieurs à Abraham, soit de celui-ci et de ses premiers descendants. Sur les premiers la Bible nous dit peu de chose, alors qu’elle abonde en détails typiques sur l’ancêtre de la nation juive. Voir ces divers détails rassemblés d’une part à l’art. Genèse, t. vi, col. 1204-1206 ; d’autre part à l’art. Abraham, t. i, col. 94-106.

    1. PATRICE (Saint)##


PATRICE (Saint), apôtre de l’Irlande (ve siècle).

I. Vie et action.

Il s’en faut que soient dissipées toutes les obscurités qui entourent la personne et l’œuvre du saint national de l’Irlande. Il y a une trentaine d’années, il semblait même que la critique historique n’eût plus rien laissé debout des narrations qui couraient sur son compte. Les appréciations d’un Loofs, d’un Zimmer, pour ne citer que les principaux des critiques, n’allaient à rien de moins qu’à dépouiller à peu près complètement saint Patrice de ce qui était, jusque là, son principal titre de gloire. Ces solutions trop radicales ont provoqué une réaction. Tout en gardant des travaux en question les résultats positifs qu’ils avaient apportés, J.-B. Bury a montré qu’il n’était pas impossible de garder à l’apôtre de l’Irlande son nimbe traditionnel. < Je puis dire, écrit-il, que mes conclusions tendent à montrer que le concept que se font de l’œuvre de saint Patrick les catholiques romains est, en général, plus rapproché des faits historiques que les vues d’un certain nombre de théologiens non catholiques. » The lije o/ SI. Patrick, p. vu-vin.

Sans doute les sources qui permettent de raconter la vie de Patrice ne laissent pas d’inspirer bien des inquiétudes ; une critique judicieuse permet néanmoins d’en extraire les données suivantes, tout au moins à titre provisoire. — Patrice est le nom latin d’un Breton, dont le nom était Sucat et qui est né, vers 389 (ou peut-être plus tôt déjà) dans le sud-ouest de la Grande-Bretagne, à l’époque où celle-ci était encore romaine. Son père était diacre ; l’enfant fut donc élevé

dans le catholicisme, mais dans un catholicisme assez tiède, comme il en conviendra plus tard. A l’âge de 16 ans, et donc vers 405, il est enlevé, avec d’autres personnes, par une bande de pirates scots, vendu comme esclave en Irlande, où il a dû être emmené dans la région du Nord-Ouest. Employé à la garde du bétail, il sent se développer en lui, dans la solitude, des sentiments de piété qu’il n’avait jamais éprouvés jusque-là, car sa première jeunesse, de son propre aveu même, s’était passée assez loin de Dieu. Après six ans d’esclavage, il réussit à s’enfuir ; des aventures assez compliquées l’amènent sur le continent, et jusque dans la HauteItalie ; ayant faussé compagnie à ceux qui l’avaient emmené si loin, il retourne sur ses pas, s’arrête quelque temps au fameux monastère de Lérins, finalement retourne en Bretagne. Mais, rentré dans son pays natal, il se sent pris d’une véritable nostalgie de l’Irlande. Des voix intérieures l’appellent à évangéliser ce pays, encore presque entièrement païen. Pour se préparer à cette mission, il commence par retourner en Gaule, à Auxerre, où l’évêque Amator le fait diære. Mais diverses circonstances ont dû s’opposer à l’exécution du dessein primitif. Entre temps, un appel était parti vers Rome des quelques communautés -chrétiennes déjà établies dans le sudest de l’Irlande. On demandait instamment au pape Célestin l’envoi d’un évêque, qui pût lutter dans cette région contre le pélagianisme, comme le faisait Germain d’Auxerre dans la Grande-Bretagne. En 431, le pape Célestin ordonne à cette fin le diacre Palladius. Peut-être le breton Patrice s’apprêtait-il à le rejoindre, quand la nouvelle de la mort prématurée de celui-ci parvint en Gaule. Germain, dès lors rentré à Auxerre, n’hésite pas à consacrer Patrice évêque, en 432.

Ainsi établi évêque de l’Irlande, Patrice a dû y aborder très peu après. Après s’être exercée quelque temps dans la région de l’Est (Leinster d’aujourd’hui), où le christianisme était déjà sérieusement implanté depuis quelque temps, l’activité de Patrice se porte vers le Nord-Ouest (Connaught et Ulster), sans qu’il soit possible de la suivre dans ses détails. Dans l’intervalle, l’évêque d’Irlande fit vraisemblablement un voyage à Rome au début du pontificat de saint Léon, entre 441 et 443, désireux qu’il était de resserrer les liens entre les chrétientés fondées par lui et le centre de l’unité ecclésiastique. C’est à son retour qu’il établit à Armagh son siège épiscopal, s’elTorçant de donner à l’Église irlandaise les premiers rudiments de son organisation. En 457, il aurait résigné ses fonctions, se serait donné comme successeur Bénignus, et se serait retiré en Dalaradie (comté actuel d’Antrim) ; c’est là qu’il serait mort en 461, sans qu’il soit possible de préciser exactement l’emplacement de son tombeau. Si l’on veut apprécier l’œuvre accomplie par lui, on la ramènera, avec J.-B. Bury, aux trois chefs suivants : Patrice a donné au christianisme, qui existait avant lui en Irlande, son organisation ; i) a amené à la foi un bon nombre des « rois » du pays qui, dans l’Ouest surtout, étaient encore en majorité païens ; il a resserré les liens de l’Église d’Irlande avecl’ensemble de l’Église occidentale, et tout spécialement avec Rome. A la vérité, ces résultats n’ont pas été définitivement acquis. Patrice, en arrivant en Irlande, y avait trouvé des communautés chrétiennes d’origine et de constitution presque exclusivement monastiques, sans liens entre elles, ce qui correspondait d’ailleurs à l’état même d’un pays organisé par dans. Il essaya d’établir une hiérarchie épiscopale dont les titulaires auraient exercé leurs pouvoirs sur des ressorts déterminés, et qu’un archevêque aurait maintenue dans ses attributions propres. Lui disparu, les vieux errements reprirent de plus belle et l’Église irlandaise que nous entrevoyons aux vi° et viie siècles ne reflète à peu près