Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

287

    1. PÉCHÉ ORIGIN EL##


PÉCHÉ ORIGIN EL. AUTRES TEXTES DE L’A. T.

J*s

clans la lumière <les pages suivantes que ce récit s’éclairera. C’est dans la lumière du Calvaire, en contemplant la solidarité de tous dans le Christ, source de grâce, que saint Paul révélera aux chrétiens la solidarité morale de tous en Adam, source de péché pour sa race.

II. TEXTES ACCESSOIRES (Genèse, vi, 5 ; viii, 21).

— Deux petits textes, l’un au commencement, l’autre à la fin du récit du déluge, font allusion à la corruption de l’homme et à son origine psychologique. « Jahweh vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur coeur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. » vi, 5. « Je ne maudirai plus désormais la terre à cause de l’homme, parce que les pensées du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse et je ne frapperai plus tout être vivant comme je l’ai fait. » viii, 21.

Les rabbins ont trouvé là l’idée du penchant mauvais qui pousse chaque homme au mal ; de modernes exégètes y découvrent un péché inné, J. Skinner, A crilical and exegetical commentary on Genesis, Edimbourg, 1910, p. 150 ; et même l’idée d’un péché originel. Procksch, Die Genesis ùberselzt und erklàrt, Leipzig, 1913, p. 67. Cette exégèse ne s’impose point.

Dans le premier texte, il y a seulement un jugement empirique sur le fait de la méchanceté des hommes et de leur tendance au mal au moment du déluge ; dans le second, il y a la même constatation qui pousse Jahweh à être miséricordieux à l’égard de ces êtres si faibles. Rien ne nous permet, de rattacher la faiblesse morale constatée ici au péché d’origine comme à son explication. Il faut reconnaître seulement que l’auteur de la Genèse révèle déjà la conscience de la corruption et du péché que l’on va retrouver chez les prophètes et les psalmistes.

II. Le silence relatif des documents révélés sur la chute, jusqu’au IIe siècle avant notre ére.

Entre l’époque de la Genèse et celle de l’Ecclésiastique, la conscience du péché se développe chez les prophètes, les psalmistes et les sages comme Job ; ces auteurs insistent sur les sources individuelles et sociales de la corruption humaine ; aucun cependant ne paraît se préoccuper de chercher en Adam la raison dernière de cet état moral misérable.

Job (xiv, 1-4). —

Le regard de Job souffrant sur l’humanité pécheresse est triste comme celui du jahwiste.

Le sort de l’homme né de la femme est pénible : celui-ci, en effet, est caduc et faible dans son corps comme dans son âme. Dieu le voit sans cesse coupable ; cf. c. ix et x. La raison, c’est sans doute que l’absolue perfection morale n’appartient qu’à Dieu. Le Très-Haut ne la trouve point dans ses saints, à fortiori, elle ne peut être l’apanage de l’humanité.

L’homme devant Dieu peut-il être juste, Devant son créateur peut-il être pur ? iv, 17.

Les cieux ne sont pas purs à ses yeux ; Que dire de l’abominable, du dégénéré, De l’homme qui boit l’iniquité comme l’eau ? xv, 15-16.

Comment l’homme serait-il juste devant Dieu, Gomment serait-il pur, l’être né de la femme, Quand la lune elle-même n’est pas claire Et que les astres ne sont pas purs à ses yeux… xx v, 4-5.

La raison de la corruption de l’homme est donc d’abord dans l’imperfection de toute créature devant Dieu. Elle est aussi dans son origine immédiate :

L’homme né d’une femme Vivant peu de jours et rassasié d’agitation, Comme une fleur germe et se fane… Et c’est vers lui que tu ouvres ton œil… Qui tirera le pur de l’impur ? Personne… xiv, 1-4.

L’exégèse chrétienne a vu dans ce texte une allusion au péché originel ; mais, si l’on tient compte du contexte, il semble difficile de reconnaître ici cette allusion : Job ne remonte nulle part à la cause première du mal en Adam. Il constate un fait : « L’homme n’arrive pas à la pureté, c’est-à-dire à la justice, il est souillé dans son origine. » P. Dhorme, Le livre de Job, Paris, 1926, p. 178.

Les Septante, en reliant le ꝟ. 4 au premier stique du suivant, insistent davantage sur l’innéité du mal dans l’homme. « Qui donc est pur ? Personne, même si la vie est d’un jour sur la terre.

Peut-être la Vulgate révèle-t-elle, dans sa traduction, une conception plus pessimiste de la génération : < Qui peut rendre pur ce qui a été conçu d’une semence impure ? N’est-ce pas toi seul ?

Même dans ces traductions il n’est question que d’une impureté native, sans que nulle part celle-ci soit rattachée explicitement à la faute d’Adam comme à sa cause.

L’auteur ne paraît pas non plus, dans ses méditations sur la triste condition physique de l’homme, remonter jusqu’à la faute originelle pour en expliquer le sens : sa pensée se meut dans un horizon plus immédiat : « Familles, nations sont dignes de la miséricorde de Jahweh ou passibles de sa colère, selon qu’elles obéissent ou désobéissent à ses prescriptions. » P. Dhorme, op. cit., p. en.

Quant à la mort, Dieu en est l’auteur, comme il est l’auteur de la vie :

S’il ramène à lui son souflle, Et retire à lui son esprit, Toute chair expire à la fois Et l’homme retourne en poussière, xxxiv, 14-15.

Bref, la pensée de Job reste en dehors de la perspective de l’idée de la chute ; son horizon ne s’étend pas si haut dans le passé ; il se contente d’interroger les faits immédiats pour y chercher l’explication du bonheur des bons et du malheur des méchants.

Psaume L (Vulg.), 6-7.

C’est contre toi seul que j’ai péché Et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux, De sorte que tu seras juste dans ta sentence, Sans reproche dans ton jugement. Voici, je suis né dans l’iniquité (ou, d’après les LXX et la Vulgate : « j’ai été conçu… » ) Et ma mère m’a conçu dans le péché…

Dans ce passage, l’auteur s’accuse ; il déclare que non seulement il est pécheur, mais fils de pécheur ; il appartient à une race pécheresse ; il ne dit rien toutefois sur la cause lointaine de cet état de péché.

Le ꝟ. 7 est particulièrement difficile et a été interprété diversement. Les Pères grecs ont vu dans les mots : èv àvouiaiç une allusion à la souillure de la génération (Freundorfer, art. cité, p. 43). Saint Augustin et les augustiniens trouvaient dans in iniquitatr une allusion au péché originel transmis par la génération (cf. Freundorfer, ibid., p. 44-49).

Ce n’est qu’à la lumière du Nouveau Testament et de la tradition qu’on peut trouver cette précision dans le texte. Au stade de la révélation où se range le psaliniste, on ne connaît point encore l’idée de l’extension de la culpabilité originelle comme telle à l’humanité tout entière. En tenant compte du mode de penser de l’ancien Israël, on sera plus près de la vraisemblance en traduisant équivalemment : « Je viens d’hommes pécheurs ; de pécheurs, il ne peut naître que des pécheurs… » Ainsi Lagrange, L’épîlre aux Romains. p. 114 : « Le psalmiste a conscience d’appartenir à une génération de pécheurs. Pécheur, il descend de pécheurs. Mais son intention n’est pas de regarder