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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/162

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    1. PÉCHÉ ORIGINEL##


PÉCHÉ ORIGINEL. SAINT PAUL

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seul péché dont la violation avant la Loi était punie de mort par Dieu : le péché d’Adam. L’universalité de la mort s’explique bien alors par l’universalité du péché. Mais l’universalité du péché cause de mort ne peut exister qu’à condition que tous les hommes, même ceux qui n’ont aucun péché actuel imputable, participent à la culpabilité d’un seul. La peine commune de mort suppose une faute commune. Tous les hommes sont solidaires en Adam pécheur, par conséquent solidaires en sa condamnation à mort. « Quant à ceux qui n’avaient pas de péché, il est encore plus clair que, s’ils mouraient, c’était pour un autre péché, qui ne peut être que celui d’Adam dont ils étaient infectés. Paul ne dit pas comment eut lieu cette infection ; il ne développe pas l’idée d’un péché commis par le genre humain dans son chef, transmis par la génération, etc., il se contente de poser le principe. » Lagrange. p. 107.

Ainsi la preuve est faite dans les ꝟ. 12-14 : Adam est bien la source unique du péché et de la mort pour la race humaine tout entière ; mais Paul n’a évoqué l’image d’Adam, source de péché, que comme « figure » de celui qui doit venir, l’auteur de la justification et de la vie. Cette idée qu’Adam est le type du Christ n’est introduite qu’à la fin du ꝟ. 14 ; on s’attendrait à ce qu’elle amenât le second terme de la comparaison. Mais l’Apôtre est emporté par le cours impétueux de ses idées, et laisse attendre jusqu’au ꝟ. 18 le second terme de la comparaison. Facilement, à la lumière de cette idée qu’Adam est le type du Christ, on supplée au second terme et on devine la pensée de l’auteur : si, par le premier Adam, nous avons reçu le péché et, par le péché, la mort, par le second, la justification nous est venue et par elle la vie.

On peut tirer aussi une autre conséquence de la comparaison amorcée : puisqu’on reconnaît au Christ le fait d’être l’auteur d’une vie et d’une justification qui n’existaient pas avant lui, on induira qu’Adam a été la source véritable d’un état de péché et de mort qui n’existait pas avant lui. En Adam, avant son péché, se trouvaient l’innocence et l’immortalité.

b) En opposition, l’œuvre du second Adam.

Après les comparaisons, voici les oppositions du tableau : après un premier regard jeté sur Adam source de péché et de mort, voici que l’Apôtre va montrer, par contraste, l’œuvre du second Adam inaugurant par son obéissance sublime le règne de la justice et de la vie : « (15) Mais il n’en est pas de même de la faute et du don gratuit. Si, en effet, par la faute d’un seul, tous sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don de la grâce d’un seul homme, Jésus-Christ, se sont répandus sur tous en abondance. (16) Et il n’en B’est pas du don comme du fait d’un seul pécheur, car le jugement porté sur un seul aboutit à la condamnation, tandis que le don gratuit, après « le nombreuses fautes, aboutit à la justification. (I71 Si. en effet, par la faute d’un seul, la mort a régné par le fait d’un seul, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et de la justice régneront dans la vie par le seul Jésus-Christ. (18) Ainsi donc, comme par la fuite d’un seul, la condamnation a pesé sur tous les hommes, de même aussi la justice exercée par un seul (procure) a tous les hommes la justification qui donne la vie. (19) En effet, de même que, par la désobéis lance d’un seul homme, tous ont été constitués pécheurs ; de même, par l’obéissance d’un seul, tous seront justes. (20) La loi est intervenue afin que la fuite abonde, mais on fe péché a abondé, la grâ surabondé, afin que, comme le péché a régné dans la mort, ainsi la grâce régnai par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur. »

Résumons ces contrastes qui vont tous a prouver la Supériorité de la puissance d’expansion du salut par rapport à la puissance d’extension du péché. —
1. Si par la faute d’un seul, tous sont morts, à plus forte raison par la grâce d’un seul homme (le médiateur Jésus), tous recevront en abondance la justification. —
2. Si le péché d’un seul fut le point de départ de la condamnation d’un grand nombre, il ne faut pas oublier que « le don de la grâce d’un seul porte sur plusieurs péchés, celui d’Adam et les péchés personnels des hommes, et aboutit à la justification » (cf. Lagrange, p. 109). —
3. Si, par la faute et le fait d’un seul, la mort a régné, à plus forte raison, par le fait du seul Jésus-Christ, ceux qui étaient esclaves de la mort régneront dans la vie éternelle. —
4. Tandis que la faute d’un seul a entraîné le châtiment commun, l’action d’un seul conduit à la justification qui est la vie.

Enfin, contrastes et parallélismes sont résumés dans le ꝟ. 19, si riche dogmatiquement : « De même que, par la désobéissance d’un seul homme, tous les autres ont été constitués pécheurs, de même, par l’obéissance d’un seul, tous seront constitués justes. »

Le péché du paradis terrestre, qui est à la source du mal, était donc la désobéissance à un précepte, la désobéissance d’un seul. Voir Phil., ii, 8. Nous traduisons oî tcoXXoî par « tous les autres », parce que, mise en regard du premier Adam, cette expression n’indique pas une portion dans l’universalité, mais tous les autres, c’est-à-dire l’universalité du genre humain.

Mais, comment doit-on comprendre : « tous ont été constitués pécheurs » ? Est-ce seulement que, par le fait d’Adam, tous reçoivent une nature qui a une disposition à pécher ; est-ce seulement en tant que, sous l’influence de cette disposition, tous les hommes sont entrés par leurs actes personnels en communion avecla désobéissance d’Adam ; ou bien est-ce parce que, du fait de cette désobéissance, ils ont encouru un péché héréditaire proprement dit ?

On s’est demandé si le parallélisme strict n’appellerait pas simplement, chez les descendants d’Adam, une puissance de pécher ? Tous les hommes ne sont pas justifiés en acte par le Christ ; il n’y a. pour ledevenir effectivement, que ceux qui sont reliés au Christ par un acte de foi subjective. A pari, tous les hommes ne seraient-ils pas constitués pécheurs simplement en puissance, quitte à le devenir en acte en imitant Adam par une faute personnelle ?

A ces questions que pose l’exégèse contemporaine, la meilleure réponse se trouve dans le sens littéral qui se dégage du texte et du contexte de ces deux mots : àjxapTwXoi xaTeCTTxôï-jaav. Kaôiaràvai, d’après le lexique, veut dire : « instituer, constituer, établir » ; cf. Lagrange. p. 112 ; Freundorfer, op. cit., p. 262.

Le mot àjvapTwXoî ne fait pas davantage de ditli culte. Ce mot, chez l’Apôtre, veut dire « pécheur », c’est-à-dire un homme qui se trouve en opposition très nette avec la volonté de Dieu. Cf. Kom.. lit, 7 8 : Gal., ii. 15-17 ; I Tim., i, 9-15 ; Heb., vu. 26 ; xii, 3.

Ainsi. Ions les hommes sont réellement constitués pécheurs. D’ailleurs, le contexte immédiat appelle ce sens ; ils ont été constitués pécheurs, ils seront constitués justes. La justice conférée par le Christ étant …une justification de vie. le péché légué par le premier Vdam ne saurait être ni moins véritable, ni moins réel. » Prat, i’fej7L. p. 201. — Qu’on n’objecte pas que tous les hommes sont seulement justifiés en puissance, et un certain nombre seulement en fait par la foi. Cela est vrai. Ici, l’antitype ne cadre.>cv le type que dans les lignes générales. D’un côté, les liens de la chair unis ut toujours a dam : <ie l’autre, ceux de la fol rat ta chent souvent au Christ Par les premiers on reçoil le péché et la mort, par les seconds la justice et la Vie

L’universalité du péché est absolue parce qu’elle dérive d’une condition inhérente a noire exist eioe : f