Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

31 :

    1. PÉCHÉ ORIGINEL##


PÉCHÉ ORIGINEL. SAINT PAUL

314

sers par la raison la loi de Dieu, mais par la chair la loi du péché. »

Il faut reconnaître le genre spécial de cette analyse profonde de psychologie religieuse. Il est prudent, dirons-nous avec le P. Lagrange, op. cit., p. 175, t< de ne pas serrer de trop près des termes qui ne sont pas exempts d’une certaine exagération littéraire. L’homme est pour Paul une énigme, car il y a en lui une puissance qu’il ne domine pas. » C’est ce que saint Thomas reconnaît : dicitur peccatum habilare in homine, non quasi peccatum sit res aliqua, cum sit privatio boni, sed designatur permanentia hujusmodi defeclus in homine. Néanmoins, ce mot de « péché » est ici très important. Paul se réfère incontestablement au péché personnifié qui est entré dans le monde avec Adam, s’attache à chacun de ses descendants et domine en lui, s’opposant à la loi de Dieu. La lutte n’est doncpoint seulement morale entre le péché et la raison ; elle a un caractère religieux.

Tandis qu’au c. v l’Apôtre nous avait montré le péché d’origine comme étranger à la nature humaine, telle qu’elle est sortie des mains de Dieu, et nous l’avait fait saisir comme un effet de la violation du précepte divin, donné au paradis terrestre, il nous le présente ici comme une source, comme un potentiel de mal ayant son siège dans la nature charnelle de l’homme.

L’homme déchu est divisé : d’un côté la chair, qui, loin d’être habitée par un principe de bien capable de lutter contre le péché, est l’alliée, l’esclave de cette loi du péché qui prend possession de ses membres ; de l’autre, la raison, l’homme intérieur, qui incline au bien, qui le veut, mais ne peut l’atteindre : car il n’a pas la force qui ferait contrepoids à la loi de la chair. Le péché, dans cette lutte, triomphe et asservit, aussi longtemps que l’Esprit-Saint ou la grâce ne vient point au secours de la partie supérieure de l’homme pour asservir la chair et libérer l’esprit. Après la juslilication au baptême, < il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, car la loi de l’Esprit de vie m’a affranchi en.lésus-Christ de la loi du péché et de la mort. » viii, 1 sq.

Certains exégètes se sont demandés, en commentant le c. vii, si Paul a pensé au /ornespeccati, à la concupiscence qui demeure même après que le péché originel est remis, ou au péché comme privatio boni. Sans chercher des distinctions aussi explicites dans la pensée de l’Apôtre, on reconnaîtra que la distinction, par exemple, entre culpabilité transmise et suites pénales de cette culpabilité, découle légitimement des principes émis par lui.

N T’affirme-t-il point, dîme p..rt, la complète des) rue lion, par le baptême, de la culpabilité originelle, vin, 1, et, d’autre part, dans les convertis, la survivance des convoitises contre lesquelles il faut se tenir en garde et qui mettraient de nouveau « les membres au service du péché comme des armes d’injustice m, 12-13.

Il n’y a aucun doute : pour saint Paul la enneupis i i me. dans les liapt isés qui y résistent, n’a aucun cara< h i.- île péché. Le concile de Trente l’enseigne autheii tiquement. Ilnm concupiscentiam, quam altquando apostolus peccatum appellat (Rom., vi, 12), Banda Si/nodus déclarai, Ecclesiam catholicam numquam in tellexisst peccatum appellari, quod vere et proprie in renalis peccatum sit, sed quia ex peccatn est et ad pecca lum inclinât… Denz.-Bann., n. 702.

Nous n’avons point a nous demande ! non plus quel de responsabilité, d’après l’Apôtre, demeure sous la pression de ces violents mou eni’n I s qui nous entraînent au péché Paul ne veul poinl Ici li i théoriquement ; nous -axons par ailleurs que, sa doctrine, la volonté reste la cause prochaine el déterminante du péché. Il ne nie pas h vouloir, mais le pouvoir de l’homme déchu. Ce qu’il tend à établir, c’est que la faute jaillit du conflit de l’être moral avec les tendances de la chair, et que, dans cette lutte, l’homme veut le bien et ne peut l’accomplir, s’il n’obtient, en la demandant, la force qui fasse contrepoids à la loi de la chair, c’est-à-dire la grâce de l’Esprit-Saint.

2. Dans la nature (Rom., viii, 19-22). —

Le désordre causé par le péché d’Adam a de funestes retentissements jusque dans la création matérielle.

L’Apôtre prête une voix à la créature : il nous fait entendre les gémissements de cette esclave qui, dans l’état violent où le péché l’a mise, aspire à l’affranchissement de la corruption et à la participation à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. « Car l’attente impatiente de la créature aspire à la manifestation des fils de Dieu. Car la création a été assujettie à la vanité, non de son gré, mais par égard pour celui qui l’a soumise, avec un certain espoir, parce que la création elle-même sera délivrée de l’esclavage de la corruption pour participer à la gloire de la liberté des enfants de Dieu. Car nous savons que la création tout entière est unie dans les gémissements et les douleurs de l’enfantement jusqu’à maintenant… »

Ainsi, au regard de l’Apôtre, depuis la chute de l’homme, même dans l’ordre sensible, les choses ne vont pas comme elles devraient aller. « La création solidarisée avec l’homme, comme toutes les générations avec Adam, est sous le signe de la corruption. » Lagrange, p. 206. C’est un état de déchéance, de vanité, de violence que le sien ; aussi aspire-t-elle ardemment à l’état d’épanouissement, où elle sera délivrée de l’esclavage de la corruption et participera à la liberté, afférente à l’état de gloire où seront les enfants de Dieu. En quoi consistera cet état nouveau pour la créature inanimée ? Paul ne fixe aucune précision à ce sujet. Ce qu’il sait, avec les fidèles, c’est que l’état de la nature n’est pas ce qu’il devrait être ; c’est que les chrétiens sont fondés à attendre un état meilleur.

Contraste entre le premier Adam, « âme vivante », et le second Adam, « esprit vivifiant » (I Cor., xv, 21-22 ; 44-50). —

Déjà les ꝟ. 21-22 opposent Adam source de mort, au Christ source de vie, « car, puisque, par un homme, est venue la mort, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. Et, de même que tous meurent en Adam, de même aussi tous seront vivifiés dans le Christ. »

Plus loin, dans un développement sur la transformation du corps ressuscité ( « semé corps animal, il ressuscite corps spirituel », t- 44), pour montrer qu’un corps psychique » appelle à un stade plus parfait un corps spirituel, l’Apôtre revient au parallélisme qui lui esl cher : « S’il y a un corps psychique, il y a un corps spirituel. Aussi est-il écrit : Le premier homme Adam devint une âme vivante, le dernier Adam devint un esprit vivifiant. »

Mais re n’est pas le spirituel qui passe d’abord : (/est le psychique, ensuite le spirituel. Le premier homme tiré de la terre est terrestre… Tel le terrestre, tels aussi les terrestres ; Tel le Céleste Ol tels aussi les célestes. I I comme nous avons porté l’image du terrestre, Nous portons aussi l’image du céleste, - I I 19.

I’passage s’attache d’abord au récit de la Genèse dans ce récit que Paul a lu que le corps d’Adam lui pétri de terre ; qu’ayant reçu le souille de vie, Il devint Ame vivante ; qu’en fait Adam ne transmit a ses descendants que ce qu’il possédai ! par nature, un corps, tall de terre, donc psychique et mortel. Puis, en VeitU de la sagesse divine qui procède à moins il au plus parfait, il montre que ce n’csl pas., qui est spirituel qui vient d’abord, mais ce qui est