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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/312

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PÉCHÉ ORIGINEL. LA THÉOLOGIE BYZANTINE


cependant considérés, à cause de son péché, comme ayant péché eux-mêmes, et ils mouraient… Une fois démontré que le péché provenant de la transgression de la loi n’existait pas encore, il reste que le péché d’Adam est la raison pour laquelle la mort a régné même sur ceux qui n’avaient pas commis de péché personnel… Ils sont devenus participants du péché avec Adam, en tant qu’il est le premier père, figure du Christ. De même, en effet, que l’ancien Adam a impliqué tous les hommes dans son propre péché, même s’ils n’ont pas péché eux-mêmes, de même le Christ a justifié tous les hommes, même s’ils n’ont pas fait d’œuvres dignes de la justification : ctxotcôv ëyzi Seî^ai, ôti xal ot }i.Y) <pay6vTsç ànb toù ÇuXou u.7]o"s àu.apTavovTsç ô[i.oicoç tù’ASâji., ôfi.wç 81à tt)v èxeivou àuiapTlav a>ç xal aÙTol âji.apTixvovT£Ç ÈXoyîÇovTO xal à7rÉ6vflo-xov. » In epist. ad Romanos, c. v, P. G., t. cxxiv, col. 404, 405, 408.

3. — Au xive siècle, Grégoire Palamas parle du péché originel d’une manière tout à fait satisfaisante. Sa doctrine, sur ce point, a été suffisamment exposée à l’article Palamas ( Grégoire), t. xi, col. 1769. Rappelons seulement ici son expression : A r o/re péché originel commis dans le paradis : ’i èv tco 7rapao"Etau> Tcpoyovixr ; 7j(ji.civ àjjLapTÎa, Hom., xxxi, P. G., t. cli, col. 388 C. Et ailleurs, Hom., v, ibid, col. 64, 65 : « Cette malédiction et condamnation, nous l’avions tous également avant le Christ ; de notre unique premier père elle s’était répandue sur tous… De même que notre nature se trouvait tout entière en Adam, de même elle se trouve tout entière dans le Christ : tt)v uiv 7rpoyovixï)v éxetvY)v àpdcv te xai xaTaâlxrjv xal ttjv <xÙty)v artavTEÇ e’(.’y_oji.ev 7rp6 Xpia-roG, zi, Évôç toù TcporoxTopoç iizX -àvTccç /uOsîaav. » Le même théologien enseigne aussi clairement que la concupiscence, dans les baptisés, ne présente rien de peccamineux et nous est laissée ad exercitium, ad probationem, ad correctionem, ad hujus vitæ miseriarum cognitionem experimentalem, Ttpôç yuu.vaaîav, ~pôç 80xio-T)v, Tipôç StôpOwaiv, rcpôç xocxâ-A 7)<{uv tt ( ç TaXat7rwptaç toù aliôvoç toutou. Hom., xvi, col. 200-201.

4. — Au xve siècle, Syméon de Thessalonique déclare que chacun de nous est pécheur par le fait même du péché originel, to |j.sv wv à7t6 tîjç TTpoyovixYJi ; à[i.apTÎaç àj/apTwXôç, to 8è xal çcotioŒiç tô> 3a7TTÎaji.aTi. De pœnilentia, c. ccli, P. G., t. clv, col. 469 C.

5. — Georges Scholarios n’est pas moins explicite : Le péché originel, c’est le péché premier et commun, celui qu’ont commis les premiers hommes et qui est porté justement à la charge de toute leur postérité, tî ; ç (jtÈv 7rpG}T7 ; ç xal xotvrjç à|xapTÎaç tîjç ToX|rr, ŒÎaYiç [iii toîç TTpo’jT’/i :  ; àvOpw— oiç, Tràot 8z Sixatcoç XoyiaŒÎ<r/ ; ç toîç (jlet’exsIvo’j ;. Hom. in Annunt. Deiparæ, 23, Œuvres complètes de Gennade Scholarios, éd. L. Petit-X. Sideradès-M. Jugie, t. i, Paris. 1928, p. 20. De ce péché, ainsi que de sa peine, le Christ a délivré les croyants qui se trouvaient dans le schéol, Deuxième traité sur l’origine de l’âme, 17. Œuvres, ibid.. p, 199. De la transmission de ce péché la cause principale est la descendance charnelle d’Adam ; mais il faut y ajouter aussi la concupiscence des parent » accompagnant l’acte de la génération : inoLei Se xal 7toieï 8ta15ôrji|xov -r t -i Ttpoyovix^v y.u.rz-’.yj te xal ttoivJjv [liXiora u.èv tô arépiia, wç ex tî ; ç puy", ç èxelvrjç ^xov 81a8b}(fj oûx kuto 81 |aôvov, xXXdi xal r t repoXa(16àvouaa toù te

(ntcipOVTOÇ i-i.()> : v.r KO.I ïi’(, n--J.y_-.-i : Mal Ij aeat-TTOOlKTa 7>, : ua. :, 8’.' /, ; OTTClp6(Jt*VOi crjXXafA Sdvovrai. » /Md. Ce rôle de la concupiscence, que Scholarios n’explique pas autrement, est mentionné chez d’autres théologiens byzantins et quelques théo logiens modernes. Cf. l’article : Immaculé ! concbp

i ion ii -. L’ÉOLl i QRBCQUI M l’i s i i 0ONCIL1

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. col.’» i i. 972.

DICT. DB Tlll’.ol..’A i HOl.

6. — La théorie de l’imputation pour expliquer la nature du péché originel est commune chez les Byzantins. Quelques-uns d’entre eux, cependant, ont placé son essence dans son effet le plus apparent, c’est-à-dire la concupiscence. Ainsi, l’empereur théologien Jean Cantacuzène, dans un traité polémique encore inédit, Contre Prochoros Cydonès, cod. Paris. 1241, fol. 88 sq., écrit : « Quant aux enfants, qui n’ont commis aucun péché actuel, nous disons qu’ils ne sont pas, eux non plus, absolument délivrés du péché originel, mais qu’ils sont, eux aussi, soumis au péché, ne vivraient-ils qu’un instant. Ils ne sont pas, en effet, exempts de l’inclination au péché : « J’ai été conçu « dans le péché, dit le prophète, et ma mère m’a conçu « dans le péché. » D’ailleurs, la conception provenant du commerce sexuel est une suite du péché originel ; car le corps lui-même a été disposé au péché par l’âme pécheresse d’Adam, et, par le corps, l’inclination mauvaise a été transmise à ses descendants. C’est pourquoi les petits enfants, une fois purifiés par le saint baptême, appartiennent au Christ. Quant à ceux qui n’ont pas été baptisés, mais sont nés de parents chrétiens, leur sort dépend de Dieu. Consulte sur ce point la doctrine des saints : rcspl Se tgjv v/}71l « v, twv jj.y) àjj.apTT i aâvT(ov ttjv xat’ÈvÉpyEiav àfxapTlav, toùto çajjLÉv, ôti où 7râvT7] xal TaÛTa tîjç TrpoTraTopixîjç âp.ap-TÎaç àTTY]XXay[i.Éva xa0éaT7]XEV, àXXà xàv tpauXÔTaTOv Çï)acoat.v, ùtcô tyjv àji.apTtav EÎoi xal Taùra où yâp eîaiv à.7rrjXXay|iiva tîjç eîç à[i.apTÎav porojç. »

3o Effets du péché originel.

Nous venons d’entendre Cantacuzène nous dire que la génération charnelle est une suite du péché originel.

Les Byzantins, en effet, restent en général fidèles à la doctrine de saint Jean Damascène sur l’état primitif de l’homme, doctrine qui, à partir du iv c siècle, au moins, fut commune chez les Pères grecs. D’après cette conception, l’état du premier homme au paradis terrestre, relativement au corps, était le même, ou peu s’en faut, que celui du Christ ressuscité. La rédemption, en effet, a pour but de nous rétablir dans l’état primitif, et elle ne sera complètement réalisée pour nous qu’à la résurrection glorieuse. Dès lors, Adam innocent est présenté comme revêtu d’un corps glorieux, doué des mêmes qualités de clarté, d’incorruptibilité, d’impassibilité et de spiritualité que le corps de Jésus ressuscité. Ce corps est soustrait aux nécessités physiologiques de l’animal : il n’a besoin ni de nourriture, ni de sommeil. Non seulement il ignore les mouvements désordonnés de la concupiscence charnelle, mais encore la multiplication de l’espèce humaine par l’union des sexes est exclue. La femme n’a été créée, le mariage n’a été institué par Dieu qu’en prévision de la chute originelle. Si Adam n’avait pas péché, le Créateur aurait trouvé un autre moyen de multiplier le genre humain. C’est dans ce sens qu’est entendu le verset 13 du psaume xiviu : Homo, cum in honore esset, non intcllc.rit : comparalus est jumentis et similis factus est illis. Sur la doctrine de saint Jean Damascène, voir l’article Jean Damascène (Saint), t. viii, col. 726, et ci-dessus, col. 430. Les allusions à cette conception de l’état primitif, qui contraste si fort avec les vues réalistes de saint Thomas et de la théologie latine en général, sont fréquentes chez les Byzantins. On la trouve exposée en détail dans

les Chapitres theologiques de Michel (ilykas, Ktç Taç

inoplac tîjç DeUtç rpaqrîjc, xcapàXoaa, éd. S. I astra

tiadès, Alexandrie, 1906, 1912, c. iv, v, xi, wwii. lxvii, t. i, p. I 1 lu. 81 » '. 117 : t. il. p. 2<>2. Clykas formule sa thèse en ces tennis, r i, t i. p.’!  !  : <t>aîv£T7.l -ïVT(, )C., -<. TOIOÛTOÇ’)-’) OcOÛ r.-ïç.rjll/^ //-’"/-./ : 6 KvOpCdTCOÇ, 67TOÏ0V ex VExpwv èyEpOîjvat ~r

Œïa tpdaxouat /, </ Vote aussi Grégoire Palamas, Caplta phyetca, theologtca…, utvi lxvii, P. <.. t. < i.

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