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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/349

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    1. PÉLAGIANISME##


PÉLAGIANISME. ORIGINES

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Mercator, Common., i, 1, P. L., t. xlviii, col. 69-70.

3. De gratin et impeccantia, titre imaginé par Garnier, pour un livre dont il suppose, sans motifs suffisants, qu’ont été extraites les propositions qui furent reprochées à Célestius au concile de Diospolis. Cf. P.L., t. xlviii, col. 615-616. Ce livre pourrait bien être identique au suivant.

4. Definiliones.

Dans le De perfectione justitise hominis (415), Augustin se propose de répondre definitionibus quæ dicuntur Cxleslii esse, i, 1, P. L., t. xliv, col. 292-293. Augustin reconnaît d’ailleurs qu’il n’est très sûr, ni du titre, ni même de l’auteur ; mais, dit-il, tout cela est bien dans le genre de Célestius. Augustin fournit de cet ouvrage des extraits qui permettent de reconstituer en gros ce livre. Il comportait une argumentation dialectique tendant à démontrer qu’il est possible de ne pas pécher, des témoignages scripturaires montrant qu’il a été ordonné à l’homme d’être sans péché, d’autres établissant que les préceptes divins n’étaient pas pénibles (non esse gravia) ; il discutait pour finir les témoignages apportés par les partisans du péché originel. Cf. Garnier, dans P. L., t. xlviii, col. 617-622.

5. Libellus fidei Zosimo papæ oblatus, adressé au pape Zosime en 417 pour obtenir la révision de son procès. Son existence est attestée par saint Augustin, De peccalo originali, v, 5 ; xxiii, 26, P. L., t. xliv, col. 388, 397, et Lib. ad Bonifacium rom. Eccles. episcopum, II, ni, 5, ibid., col. 573-574. Le texte complet est perdu, Garnier a essayé de le reconstituer en prenant comme base la profession de foi de Pelage (ci-dessus, col. 680) et en y intercalant, tant bien que mal, les trois extraits fournis par saint Augustin dans le De peccato originali, v, 5-6, et xxiii, 26. Garnier, dans P. L., t. xlviii, col. 498-505.

6. Breviarium epislolæ quam veluli regulam fidei Cœlestius scripsit ad clericos romanos suæ partis, écrite après la condamnation de l’hérésie par Zosime. Saint Augustin l’attribue à tort à Julien, Lib. ad BoniL, i, i, 3, P. L., t. xliv, col. 551. Essai de reconstitution dans Garnier, P. L., t. xlviii, col. 506-508.

IV. le système PÊLAOIEN.

1° La doctrine pélagienne vient d’une idée erronée de la liberté humaine, qui reviendra plusieurs siècles après et aboutira à des conclusions diamétralement opposées avec Baïus, Jansénius et les protestants. La vraie liberté morale est l’affranchissement de toute contrainte intérieure, affranchissement qui permet à l’homme de vivre conformément à sa véritable nature. Le pélagianisme, lui, met l’essence de la liberté dans l’égale possibilité de choisir entre le bien et le mal. La volonté est toujours également prête à pécher ou à ne pas pécher. La volonté n’est libre qu’en tant qu’elle est en équilibre, comme une balance dont les plateaux également chargés ne peuvent être mus que par la volonté. S. Augustin, Opus imperf., III, 110, 117, et V, 48, P. L., t. xlv, col. 1294, 1297, 1484.

Il s’ensuit que la liberté morale est une faculté absolument privée de qualité et qu’elle n’a d’inclination ni pour le bien, ni pour le mal. Dès lors, on ne peut même pas concevoir l’idée du péché originel, car il ne peut être question des suites du péché pour l’âme et le corps. La mort du corps a été établie dès le début dans le monde par Dieu même. Et si le péché est devenu général, si tous les hommes ont du penchant au péché, la cause s’en trouve dans l’imitation et V habitude. Ep. ad Demetr., c. viii. P. L., t. xxx, col. 22-23.

2° Mais s’il n’y a pas de péché originel, à quoi bon le baptême ? Les pélagiens ne l’admirent que pour les adultes in remissionem peccatorum ; quant aux enfants il n’a de valeur que pour les sanctifier en Jésus-Christ et leur ouvrir le royaume des cieux. De peccat. merit.,

I, xx, 26 ; III, vi, 12, t. xliv, col. 123, 192. Si, plus tard, forcés par la discussion, ils étendirent aussi la rémission des péchés aux enfants, ils l’appliquèrent aux péchés possibles dans le futur. Les enfants non baptisés ne sont pas fils adoptifs de Dieu et n’entrent pas dans le royaume des cieux, mais ils ont, néanmoins, la vie éternelle, leur salut est assuré et ils arrivent à la béatitude.

De même que la volonté libre n’a aucune inclination pour le péché avant d’entrer en exercice, de même elle n’est ni affectée, ni affaiblie par le péché actuel. Tout acte n’étant qu’une sortie de la possibilité, la volonté, après cette perturbation, rentre immédiatement dans son équilibre absolu antérieur. Le péché est une chose purement actuelle, isolée, indépendante ; la liberté morale n’est pas influencée à son détriment ou affaiblie par le fait du péché. Comment, dit Pelage, ce qui est précisément une preuve de la liberté, pourrait-il affaiblir la liberté ?

Le changement amené par le péché ne peut se rapporter à la nature humaine ; la seule chose qui change, c’est la qualité du mérite : quand l’homme pèche, il se rend coupable, il perd la conscience de la justice ; le péché ne demeure que dans le souvenir. Opus imperf., III, 187, t. xlv, col. 1326 sq.

3° On aboutit à abolir la notion chrétienne de la rédemption. Sans doute, les pélagiens parlent beaucoup de rédemption ; ils ont conservé le mot, non la chose. Ils parlent de la rémission des péchés fondée sur la mort du Christ, mais leur façon de comprendre le péché et l’effet du péché sur l’homme les contraint à entendre cette rémission dans le sens nominaliste de non-imputation des péchés commis ; elle n’est qu’une justification extérieure. Pelage dit que, par cette grâce, les péchés passés sont remis, mais il ne dit pas que les péchés futurs seront évités et surmontés, De gralia et libero arbitrio, xiii, 26, t. xliv, col. 896, et Julien dit précisément de la grâce de la rédemption qu’elle change la condition des coupables, elle ne crée pas en eux le libre arbitre. Opus imperf., 1, 95, t. xlv, col. 1 111.

Ainsi, le Christ n’est plus un principe vivant, créateur et sanctificateur ; il est simplement un modèle qui nous encourage à nous perfectionner dans la justice et à devenir meilleurs que les hommes antérieurs à lui. Le Christ est le prototype de la moralité ; c’est par la méditation et l’imitation de sa vie, c’est-à-dire par nous-mêmes, non par lui, que nous parvenons à la sainteté parfaite. Donc tout est le fait de l’homme, l’œuvre de l’homme ; la grâce n’est pas autre chose que l’influence exercée sur l’homme par l’exemple du Christ.

Sans doute, les pélagiens reconnaîtront que la rédemption est réalisée dans l’homme par la foi, mais la foi est l’œuvre de l’homme, non de Dieu, elle est le fruit de la liberté. C’est donc l’homme qui se justifie lui-même, ce n’est pas Dieu qui le justifie. De gratia Christi, I, xlv, 49, t. xliv, col. 382.

La rémission même des péchés, que Pelage fonde sur la mort du Christ, n’est strictement une grâce qu’en ce sens que l’homme ne peut pas faire que le péché commis ne l’ait pas été. De natura et gratia, XX, 22, t. xliv, col. 257.

4° Les pélagiens ont toujours tenu aux deux erreurs suivantes : 1. L’homme tient de Dieu la possibilité du bien, mais il ne tient que de soi-même le bon usage de sa liberté. 2. Pour sauvegarder le libre arbitre, il faut rejeter la transmission d’un péché d’origine. Mais, sous la pression de leurs adversaires, ils ont quelque peu évolué au sujet de la grâce.

Notons contre Thomassin, Mémoire sur la grâce, que la controverse entre eux et saint Augustin ne portait pas sur la grâce habituelle. Ils admettaient celle-ci : Suarez semble se tromper quand il refuse de le reconnaître ; mais ils la considéraient seulement comme un