ornement de l’âme et une rémission des péchés passés, ils ne l’admettaient pas comme une source d’activité surnaturelle et un surcroît de forces contre les tentations.
Pour ce qui est de la grâce actuelle, il semble qu’on doive distinguer trois paliers par lesquels ils passent successivement sous la poussée de la polémique.
Premier palier : ils font consister la grâce dans la Loi et la révélation, c’est une grâce purement externe.
Deuxième palier : ils admettent en plus certaines grâces intellectuelles, qui sont, par exemple, les illuminations intérieures, les exemples du Christ, la rémission des péchés. Augustin, De gratia Christi, I, x, 11, t. xliv, col. 365.
Troisième palier : ils admettent même certaine grâce agissant sur la volonté. Mais cette grâce n’est nécessaire que dans un sens relatif : par la grâce, nous pouvons accomplir plus facilement ce qu’il nous est ordonné de faire ; par conséquent une bonne œuvre peut être réalisée sans la grâce de Dieu, mais ellele sera avec plus de peine. De plus, la grâce n’est accordée à l’homme que suivant son mérite. L’homme commence absolument par lui-même le bien ; pour l’en récompenser, la grâce divine lui est communiquée ; mais il aurait pu achever sans elle, car il est impossible d’entrevoir pourquoi celui qui a commencé une œuvre ne pourrait pas également la terminer. Ici, nous arrivons à un autre domaine qui relève de l’article Semi-pélagiens. Comme le remarque fort justement Tixeront : « Rien, dans une pareille conception, pour la bonté du Créateur, pour la richesse de la rédemption, pour l’humilité, la confiance, pour l’abandon de l’âme, pour la prière 1° Histoire des dogmes, t. ii, p. 449.
II. Extension de l’hérésie. — 1° l’Afrique. 2° la Palestine.
I. premiers conflits ex Afrique. — La propagande pélagienne à Rome s’était faite plutôt en secret et n’avait suscité aucune réaction. Cependant, l’on sait qu’entendant un évêque citer en chaire la parole de saint Augustin : Da quod jubés, et jubé quod vis, Pelage avait protesté contre une doctrine qu’il estimait destructrice de la liberté. De dono persever., xx, 53, P. L., t. xi.v, col. 1026.
1° Pelage et Célestius en Sicile.
Cependant, l’invasion
barbare, qui aboutit à la prise de Rome par Alaric (410), décida les deux défenseurs de la liberté humaine n chercher un séjour où elle leur semblerait moins menacée.
Ils n’attendirent pas le dernier moment, car nous les rencontrons, dès 109, en Sicile, à Syracuse, où ils cherchent à faire des prosélytes. Pelage adresse une lettre de consolation à une veuve romaine que Mercator nomme Liviana et que l’on identifie généralement avec Juliana (Liviana, anagramme de Juliana), mère de la vierge Démélriade.
C’est là aussi qu’il compose son livre De la nature. apologie de la nature humaine qu’il n’exaltait que pour diminuer le rôle de la grâce. Mais il dissimulait son dessein, en déclarant qu’il entreprenait son ouvrage contre ceux qui, au lieu de s’en prendre à leur propre volonté dans leurs péchés, accusent la nature de l’homme et tâchent de s’en excuser par là. Saint Augustin, De nat. et grat., i. P. /… t. xliv, col. 247.
De son côté Cclestius donna un ouvrage intitulé Deftnitiones, ci dessus, col. 6H3, pour enseigner à ses disciple ! comment répondre aux objections qu’on leur Falsail dans les conversations. Voici quelques extraits qui indiquent bien m manière : « Avant toutes choses il faut demander a celui qui nie que l’homme puisse être sans péché, cique c’esl que le péché : si c’est ce que l’on peut éviter, ou ce qu’on ne peut pas éviter Si on or peut l’éviter, ce n’est plus un péché ; si on peut l’éviter, l’homme peut être sans le péché qu’il peut é> i
ter ; car ni la raison, ni la justice ne permettent de nommer « péché » ce qu’on ne peut éviter… Il faut aussi demander si le péché vient de la volonté ou de la nécessité ; s’il vient de la nécessité, ce n’est point un péché : s’il vient de la volonté, on peut l’éviter… Il faut aussi demander si l’homme doit être sans péché. Sans doute il le doit. S’il le doit, il le peut ; s’il ne le peut, il ne le doit donc pas ; et si l’homme ne doit pas être sans péché, il doit donc être avec le péché ; et alors ce ne sera plus un péché, si c’est l’état où on doit être. » Ces ouvrages se répandaient rapidement.
Pelage gagna à ses idées deux riches jeunes gens, Jacques et Timase, les décida à renoncer à leurs biens et à embrasser la vie monastique.
2° Arrivée en Afrique. Départ de Pelage pour l’Orient. Concile de Carlhage. — Sans doute dans l’espoir de faire de nouvelles recrues, Pelage et Célestius s’embarquèrent pour l’Afrique, abordèrent à Hippone et passèrent à Carthage, où se tenait la grande conférence entre donatistes et catholiques (411). Les deux amis se séparèrent, Pelage fit route pour la Palestine, tandis que Célestius se fixait à Carthage, espérant être promu au sacerdoce.
Cependant, ses doctrines ne tardèrent pas à être dénoncées par un diacre de Milan, Paulin, ancien secrétaire de saint Ambroise. Comme Célestius refusait d’admettre que la mort fût une conséquence du péché d’Adam, puisqu’elle est la condition de notre nature humaine, Paulin lui rappela la doctrine catholique d’après laquelle le péché originel n’a fait que priver le premier homme et ses descendants d’une immortalité attachée à leur vocation surnaturelle. Célestius fut amené à nier l’existence de cette vocation surnaturelle et la possibilité de la transmission d’une peine par la faute d’un seul homme.
L’hérésie était manifeste. Paulin crut devoir la dénoncer à Aurèle, évêque de Carthage. Voici les sept propositions qui résument le mémoire de Paulin d’après Marius Mercator, Commo/i., i, 1, P. L., t. xlviii, col. 69 : 1. Adam serait mort, même s’il n’eût pas péché. — 2. Le péché d’Adam n’a nui qu’à son auteur et non pas à l’humanité. — 3. Les enfants nouveaunés sont dans le même état qu’Adam avant sa chute. — 4. Il n’est pas exact que toute l’humanité soit soumise à la mort, à cause de la chute d’Adam, pas plus qu’il n’est exact que toute l’humanité ressuscite (pour le ciel) à cause de la résurrection du Christ. — 5. La Loi conduit au ciel tout comme l’Évangile. — 6. Avant l’arrivée du Seigneur, il y a eu des hommes sans péché. — 7. Les enfants peuvent, sans le baptême, obtenir la vie éternelle.
Aurèle réunit un concile dont les actes ne nous sont pas parvenus (fin 4Il ou début 412) ; saint Augustin nous en a conservé un fragment : De gratia Christi et peccato originali, II, n-iv, P. L., t. xliv, col. 386-387, cf. Mansi, t. iv, col. 290 sq. Marius Mercator en a conservé un autre fragment, Commonitorium, i, 2, P. L., t. xlviii, col. 70.
Célestius, sommé de désavouer ses erreurs, s’y refusa, disant que c’était là questions libres, alléguant l’autorité d’un certain Hufin, familier de Pammachius. D’ailleurs, il admettait le baptême des enfants, pouvait-on exiger davantage ? Saint Augustin, Epist., clvii, 22, P. L., t. xxxill, col. 685.
Excommunié par le concile, il refusa de se soumettre et en appela à Home. Sans donner suite à son appel, il jugea prudent de se rendre à Éphèse où il trouva moyen d’arriver au sacerdoce.
- Intervention de saint iugusttn M 12). — Augustin
n’avait pas assiste a a concile auquel ne ressortlssalt pas la province de Numidie. il hésitait à attaquer
Pelage dont on lui avait an le l’an si ci île. Dr grstis Pelagtl, XMi. li.. PL., I. xiiv. eol. 346, et qui lui avait