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PAYS-BAS


preuve de sa valeur propre, non seulement en résistant à plusieurs tentatives pour le diviser en droite et en gauche, mais en sachant conserver son entière indépendance envers d’autres groupements politiques. Jusqu’ici les catholiques ont écarté tout rapprochement entre eux et les socialistes. Ceux-ci aimeraient à collaborer avec eux comme troisième parti, depuis que leur alliance avec les libéraux a pris fin, grâce au mandement des évêques de 1868 au sujet de l’école libre, depuis aussi que la suppression de la légation temporaire auprès du Vatican a amené l’effondrement, en 1925, de la coalition entre catholiques et calvinistes. C’est grâce à celle-ci que les catholiques avaient pu, à plusieurs reprises, collaborera la formation du gouvernement. Cette collaboration, appelée par les adversaires « l’alliance monstrueuse », parce que l’union entre Rome et Dordrecht (le Genève hollandais) semblait autrefois inimaginable, se basait sur l’invocation commune du Christ. Cependant, elle rencontre toujours de l’opposition de deux côtés : de la part des’chrétiens-historiques », qui craignent la puissance croissante de l’Église, et de la part des jeunes catholiques, qui veulent s’affranchir de toute influence protestante. Du reste, tous les catholiques tiennent beaucoup à avoir leur parti à eux, car ils ne veulent voir leurs principes ni méprisés, ni méconnus dans la vie publique. Or, comme ces principes, même quand il n’en est pas question expressément, sont toujours d’actualité, ils exigent, par conséquent, plus qu’une action défensive occasionnelle contre la défense des processions publiques et la restriction du droit des prédicateurs dans les missions des colonies : ils supposent une action positive et constructive de tous les jours. Four conserver tout le poids de leur influence, les catholiques considèrent l’unité comme une chose sacrée. Ils savent que par elle ils préviennent des dissensions entre frères, qui ne font qu’exaspérer ceux-ci ; ils ne veulent pas davantage scandaliser les profanes par les apparences d’une Église divisée. C’est pourquoi les évêques, qui du reste sont en dehors de la politique, sont intervenus en faveur de l’unité toutes les fois qu’un danger de division s’est fait sentir.

Pour sauvegarder celle-ci sans préjudice pour la liberté individuelle, le règlement du parti garantit à toutes les opinions le droit de se manifester dans le conseil général, et à toutes les classes sociales le droit de se faire représenter à la Chambre des députés. Les cinq grandes organisations catholiques : des ouvriers, des patrons, des paysans, des classes moyennes, des femmes, n’interviennent pas directement parce que ces groupements sociaux, qui ont un conseiller ecclésiastique, ne s’occupent pas de politique, qui forme une fonction civique et demande des organes spéciaux. A toutes les étapes du système électoral l’unité est si rictement conservée. Bien avant les élei I ions, le conseil du parti formule les directives et fait un tri des candidats ! qui sont désignés librement par li lions locales. Ensuite, ces associations électorales jugent et se prononcent définitivement sur ces listes, afin de préparer toute la campagne et de prévenir toute manœuvre. Programme et listes une fois arrêtes, les électeurs ne connaissent plus que le mot d’ordre officiel.

V. Puisse.

En dehors des églises, les catholiques de ce petit pays sont renseignés par leurs propres feuilles quotidiennes, au nombre de trente-cinq Le Hollandais a l’habitude de s’abonner a son organe (avori. La vente d’un journal au numéro est toujours l’exception, de sorte que l’événement sensationnel ne joue, pour ainsi dire, aucun rôle dans la vente journaux. Même les journaux non-catholiques respectent le repos du dimanche, ne paraissant ni le dimanche soir, ni le lundi malin. On peut se procu rer les journaux catholiques dans les gares et les kiosques ; de plus, il n’y a pas d’hôtel, ni de restaurant qui se respecte, qui n’en possède au moins un, grâce à l’insistance avec laquelle les catholiques ont réclamé la présence de leurs organes. Tous ces journaux sont nettement religieux et parfaitement orthodoxes, suivent l’année liturgique et s’intéressent à la vie de l’Église ; ils exercent sur les pièces de théâtre et les films une critique régulière et plus sévère que la commission de l’État, qui d’ailleurs compte aussi des catholiques parmi ses membres. Le niveau des feuilles s’améliore, selon la valeur de leurs rédacteurs, qui, malgré des polémiques passagères, entretiennent des relations mutuelles au moyen de l’Association des journalistes catholiques. Ils y a deux journaux qui paraissent le matin et le soir : De Tijd, à Amsterdam et De Maasbode, à Rotterdam. Ce dernier, de beaucoup le meilleur quotidien catholique du monde, peut rivaliser avec les plus grands journaux libéraux ; il compte chaque jour trente pages. Il va sans dire que les associations et la presse catholique collaborent étroitement et mènent une action commune.

VI. Associations.

Les principes catholiques sont à)a base de l’ensemble de toutes les associations, qui font expressément profession de foi, non seulement en faisant précéder leurs noms des lettres « R.-K. » (romains-catholiques), mais en faisant dépendre leur existence de l’approbation des évêques ; ceux-ci leur adjoignent des ecclésiastiques comme conseillers, qu’elles soient grandes ou petites, qu’elles s’occupent d’études ou de sport. De plus, ils permettent aux différent s groupes de collaborer entre eux plutôt sous la forme d’une fédération interdiocésaine que d’une ligue nationale.

Pour saisir ces rapports, particuliers à la Hollande, il ne faut pas oublier que l’épiscopat y jouit d’une liberté absolue, dégagé qu’il est de tout privilège ou tradition susceptibles de créer des obligations à l’égard du gouvernement, d’une université, de la noblesse d’un chapitre. De la sorte son pouvoir ne trouve guère de contrepoids. On s’explique ainsi plus facilement que les associations ne soient pas de simples ligues de catholiques, mais qu’elles soient elles-mêmes catholiques. Ce caractère prononcé n’exclut pas, à l’occasion, la collaboration avec les non-catholiques pourvu que l’indépendance par rapport à ceux-ci soit complètement sauvegardée et qu’on évite jusqu’aux moindres apparences de fusion.

Les classes sociales des ouvriers, des patrons, des agriculteurs, et la (hisse moyenne ont chacune, ainsi que les femmes, leur bureau spécial bien outillé. La tentative de 1919 d’assurer la paix économique au moyen d’un conseil central « les corporations (cristallisation de l’idée actuelle concernant l’organisation industrielle) a échoué, après avoir beaucoup promis. C I Kuyper, Vit het ryk van den Arbeid, t. ii, 1927, p. 225 sq.

Les ouvriers ont une double organisation : l’organisât ion générale de classe, en vue de leur formation spirituelle, et l’organisation professionnelle ou syndicats en vue de l’établissement de conditions équitables de travail. Leur mosrVement dispose de 300 membres permanents et employés, possède un grand sanatorium, un bureau psychologique pour le choix des professions (le premier fonde en Hollande), une imprimerie, un fonds de réserve de plus de trois millions de florins, tandis que dans ces dernières années, la caisse i tance a déjà distribué quatre millions et demi de secours en tout a l’oc< aaion des grèves.

Les fonctionnaires, les Officiers, les médecins, les instituteurs, les élu (lia ni s et les artistes ont également

leurs associations cal noliques. Cet ensemble fortement cohérent, fruit de la solidarité chrétienne, < utiqué