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    1. PERFECTION CHRETIENNE##


PERFECTION CHRETIENNE. OHEKÎ ATION

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imponens, sed voluntati relinquens ; Ua dicit : Si quis vult post me venire … » quod Chrusostomus exponit, dicens : « non coactivum facit sermonem, non cnim dicit : Si nolueritis, oportet ha>c vos pati. » De perfectionne, x.

2. La thèse négative.

Elle s’établit par la distinction de deux sortes de perfection : celle quæ ipsam speciem caritatis consequitur, ulpote qu.se. consista in remotione cujuslibet inclinationis in contrarium caritatis, et celle-là est obligatoire, puisque, sans elle, la charité ne peut exister ; et celle sine qua caritas esse potest, quapertinet ad bene esse caritatis. quæ scilicet consistit in remotione occupationum sarularium quibus afjectus humanus relardatur ne libère progrediatur in Deum, et celle-ci n’est pas obligatoire, cum quælibet caritas sufficiat ad salutem. De carit., a. 11. Par cette réponse, on voit que saint Thomas se place toujours au point de vue d’une obligation sub gravi, d’une obligation dont l’inobservance entraînerait la perte du salut.

La réponse du commentaire In IIl am Sent., loc. cit., sol. 2, substantiellement la même, est cependant plus nuancée. Outre la distinction d’une perfection quæ pertinet ad esse caritatis et d’une autre qux pertinet ad bene esse caritatis, saint Thomas signale encore un double accroissement de la charité, une double perfection de la charité : una secundum intensionem, scilicet ut perfecte diligat ; alia secundum objecta vel effectua, ut perfecta facial. Or, à l’un et l’autre de ces points de vue, il y a un minimum de perfection nécessaire au salut, qui constitue la perfection quæ pertinet ad esse caritatis : quia caritas habet quanlitatem delerminatam ulroque modo, citra quam non porrigitur. Il semblerait s’ensuivre que tout ce qui dépasse ce niveau, soit en intensité, soit en extension, serait facultatif, puisqu’il est du domaine de la perfection quæ pertinet ad bene esse caritatis ; cependant, saint Thomas n’est pas tout à fait de cet avis : pour ce qui est de la perfection quantum ad bene esse, dit-il. distinguendum est ; quia ad perfeclionem quæ est per intensionem tenetur tenderc, quamvis non leneatur eam habere ; sed ad perfeclionem qua est secundum objecta non tenetur quis neque lendere, neque eam habere. sed tenetur eam non eontemnere, nec contra eam se obfirmare. El la raison de cette distinction, ajoute-t-il, c’est que præmium essentiale ud quod tendere tenemur. mensuratur secundum intensionem caritatis, non secundum magniludinem factorum, quia Drus mugis pensai ex quanto quam quantum fiai. Nous reviendrons plus loin sur l’obligation de ne pas mépriser la perfection quæ est secundum objecta et de ne pas se raidir contre elle ; quant à ce qui concerne l’obligation de tendre à la perfection quæ est fier intensionem, mais non de la posséder, nous

croyons qu’il faut l’entendre comme saint Thomas entend l’obligation d’aimer Dieu de toul son cœur ; ce précepte, en cltet, selon saint Augustin, nous indiquerait plutôl quo tendendum sit que quid fæiendum sil. De carit., a. 10, ad 1°’».

Il semble inutile d’insister : qui dit perfection dit nécessairement chose non obligatoire ; perfection obligatoire sérail une contradiction dans les termes. Ko quæ sunt perfectionis non codant sub prsecepto, sed sub consilio. 1I*-II », q. xliv, a. I, obj. 3. Seulement répétons que, pour saint Thomas, perfection s’oppose a obligation grave ci non a obligation légère, si bien qu’il a pu écrire cette proposition, qui paraît bien renfermer aussi une contradiction : les parfaits ne sont

pas obligés d’exiler les péehés véniels ! l’er/eclionis

rsl Itngua non offendere et peccata ventala vitan

hoc nullua /ai ii, eliam apostolif ci go petfecti non obli gantur ad i a quæ stinl pir/ri lioms. In IN""’Sent., loc.

cit.. qu..’î. deuxième Sed contra.

3. La réponse aux argumenta de la thèse affirmative

a) Le précepte de l’amour de Dieu ne nous obll| i I U i aimei Dieu autant que nous le pouvons et, par

conséquent, à être parfaits ? Certes, il paraît difficile d’échapper à cette conclusion, et pourtant saint Thomas va s’y efforcer, et ce de diverses manières. La plus célèbre, celle qui consiste à déclarer que la charité doit être envisagée comme fin et non comme matière de précepte, lui a été fournie par saint Augustin, dans le fameux texte du De perfectione justitiæ, auquel saint Thomas se réfère si souvent : indicatur enim nobis per hoc non quid fæiendum sil. sed potius quo tendendum sit, ut dicit Augustinus. De carit., a. 10, ad l 1’» 1. Cf. ci-dessus, col. 1233. Le texte de I Tim., i, 5 : Finis pnvcepti caritas est, est aussi invoqué à l’appui de cette théorie. Q. ci.xxxiv, a. 3. Si l’amour de Dieu est la fin vers laquelle il nous faut tendre et non seulement un moyen d’atteindre notre fin, on comprend, dit saint Thomas, que le précepte de l’amour de Dieu soit exprimé en des termes aussi absolus, aussi généraux : in fine non adhibetur aliqua mensura, sed solum in his qua’sunt ad finem, sicut medicus non adhibet mensuram quantum sanat, sed quanta medieina vel diseta utatur ad sanandum ; ibid. (cf. Contra rclrah., c. vi) : et c’est pourquoi totalitas quædam fuit drsignanda circa prieceptum de diteclione Dei. IIa-IIæ, q. xiiv, a. 4. Donc, si le précepte de l’amour de Dieu est formulé d’une manière aussi absolue, c’est parce qu’il indique non quid fæiendum sit, sed potius quo tendendum sit.

Si le précepte concerne la fui vers laquelle il nous faut tendre et non les divers moyens à prendre pour atteindre cette fin, il s’ensuit que celui qui n’atteint pas la fin, mais qui ne s’en détourne pas, n’enfreint pas le précepte, quoiqu’il ne l’accomplisse pas parfaitement. Perfecte quidem impletur prseceptum, quando pervenitur ad finem quem intendit prsecipiens ; impletur autem sed imperfeete, quando, etsi non pertingat ad finem prsectpienlis. non Ionien receditur ab online ad finem. Q. XLIV, a. (i. Sicut miles, qui légitime pugnat, Itcet non

vincat, non inde culpatur, nec pœnam meretur, ita eliam qui in via hoc priveeplum non implel. nihil contra divinam dilectionem a gens, non peccat mortaliter. Ibid., ad 2’"". Ainsi, ce précepte de l’amour de Dieu, si formel, si absolu, se ramène à une altitude toute négative : ne rien faire qui soit contraire à la charité ; donc ne rien aimer contre Dieu, plus que Dieu, autant que Dieu. On remarquera le non peccat mortaliter qui marque bien la position de saint Thomas relativement à l’obligation d’être parfait.

Une autre manière de restreindre à un minimum l’obligation qui naît du précepte de L’amour de Dieu nous est fournie par lad 2° m de l’a. 3 de la q. CLXXXIV ; somme tonte, elle repose sur un principe de théologie morale, dont saint’Thomas refuse ailleurs, q. xi.iv. a. I. ad I » " 1. de faire l’application au précepte de la charité, à savoir que modus virluosi actus non est in præcepto. Voici le raisonnement : cum id </uo, l cadil sub prsecepto diversimode posait impleri, non effleitur transgressor prseeeptt aliquts ex hoc quod non opiimo modo implel. sed mfflcit quoti quoeumque modo impleat illud ; perfectio autem divine dilectionis untversaliter quidem cadil sub prsecepto, sed transgressionem prsecepti eoadit qui quoeumque moilo perfeclionem divinse dilectionis atttngit : est aillent infimus diviniv dilectionis gradua ut nihil supra eum. aul contra eum. oui sequaliler ci diligatur ; ne pas al teindre ce degré, c’esl transgresser le précepte, mais ne pas atteindre Us degrés supérieurs n’est pas transgresser le précepte. Au moins totaliter, est il dit au c. VI du Contra relralicnles. ou nous retrouvons à peu près le même enseignement : /" autem

rOTALITBB ab idiservanlia hujns prsxeptl déficit qui

Deum in suo ouiore non omnibus prsefert ; qm vero Ipsum prsefert omnibus ut ulltmum fuient, implel quidem prêt ceptum vel perfectiua vel minus perfecte tecundum quod magta vel minus dellnetur altarum rerum amore, Il semble bien que cet accomplissement, plus ou moins