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PRECHTL (MAXIMILIEN) - PRECIPIANO DE SOYE


Gœttingue, 1809. A l’encontre des vues exprimées par l’auteur protestant, Prechtl, toujours sous le voile de l’anonymat, prétend établir que l’union entre les deux Églises est souhaitable, qu’on est en droit de l’espérer, qu’il faut prendre les moyens pour la réaliser. Il y a, dans cette dernière partie surtout, des vues extrêmement intéressantes et qui n’ont rien perdu de leur actualité. Pour arriver à l’union, il s’agit avant tout de créer un état d’esprit, en développant d’abord de part et d’autre le sentiment religieux, la pratique des vertus chrétiennes et spécialement de la charité fraternelle. Il faut ensuite que les intellectuels des deux confessions apprennent à se connaître, se renseignent aussi exactement que possible, et plus encore par des conversations que par des lectures, sur la doctrine exacte de leurs antagonistes. Il s’agit de n’exagérer ni les différences, ni non plus les points de contact. Entrant dans le domaine de la réalisation, Prechtl ne craignait pas d’esquisser tout un plan de conférences entre professeurs catholiques et protestants, le tout réglé par une commission à laquelle le pouvoir civil devrait s’intéresser. C’est seulement quand les conversations seraient plus avancées que l’on ferait intervenir l’autorité pontificale. — 3° A la même inspiration se rattache l’histoire des tentatives d’union au xviie siècle : Friedensbenehme zwischen Bossuet, Leibnitz und Molanus fur die Wiedervereinigung der Protestanten und Kalholiken, geschichtlich und kritisch beurtheilt von dem Verfasser der Friedensworle, s. n., Soulzbach, 1815. — 4° La même année, parut un tout petit opuscule, orienté dans le même sens : Gutachten der Helmsladler Universilât beij der einer protestantischen Prinzessin angesonnenen Annahme der kalholischen Religion, beleuchlet von dem Verfasser der Friedensworle, Salzbourg, 1815 ; il s’agissait d’une assez vieille histoire et qui n’avait même pas la saveur de l’inédit : En 1707, lorsqu’il fut question du mariage entre le futur empereur Charles VI et Elisabeth-Christine de BrunswickWolfenbiittel, qui était protestante, l’université protestante de Helmstedt fut sollicitée de donner son avis sur le changement de religion auquel devait se prêter la princesse. Considérant qu’en définitive on pouvait faire son salut dans l’Église romaine, laquelle avait conservé l’essentiel de la foi chrétienne et des sacrements, l’université déclarait que la princesse pouvait en sûreté de conscience abandonner l’Église évangélique. On voit le parti que Prechtl devait tirer de cette décision officielle et des considérants fort curieux qui l’appuyaient.

5° Mais la foi de l’ancien abbé de Michælfeld en une réunion des deux confessions rivales allait être mise à une rude épreuve par la manière dont fut célébré, dans toute l’Allemagne protestante, en 1817, le troisième centenaire de la Réforme. Dès l’année précédente, on avait publié et réédité un certain nombre d’ouvrages de Luther, principalement les ouvrages allemands rendus accessibles au grand public. Deux de ces éditions attirèrent spécialement l’attention de Prechtl : celle de F. W. Lomler, D T Martin Lulhers deulsche Schriflen, Iheils vollslândig, Iheils in Auszugen. Ein Denkmahl der Dankbarkeil des deulschen Volkes im Jahr 1817 zur i<û~digen Feier des 3. Jubelfesles der protestantischen Kirchen, 3 vol., Gotha, 1816-1817 ; celle aussi de F. I. Niethammer, Die Weisheit D T Martin Lulher’s, dont la première partie avait paru, sans nom d’auteur, à Nurenberg, 1817, et qui s’annonçait comme devant comprendre quatre parties. C’est le titre de ce dernier ouvrage qui excita la bile de Prechtl. « Se taire devant ces provocations, écrit-il, serait un véritable reniement. » Il rédigea donc, un peu trop vite, semble-t-il, et sans donner à sa composition tout le fini désirable : Seilenslûck zur Weisheit D. Martin Lulhers aufgestcllt von einem Kalholiken zum Ju bel jahr

der Reformalion Lulhers, s. n., s. 1., 1817. Le ton se faisait dur, persifleur même, parfois violent ; nous sommes très loin des dispositions iréniques dont témoignaient les ouvrages antérieurs. Ce ton, Prechtl allait le conserver dans les publications suivantes, qui sont toutes des réponses plus ou moins directes à des productions protestantes. — 6° En 1817 et 1818, paraissaient successivement deux lettres, soi-disant adressées par Luther lui-même à l’un de ses récents éditeurs : Sendschreiben an den neuesten Herausgeber seiner Streilschrift « Dus Papstthum zu Rom vom Teufel gestiftet « ; à ces deux productions, Prechtl oppose successivement deux réponses : Antworl auf dus Sendschreiben, 1817 ; Abgedrungene Antworl auf das 2. Sendschreiben, 1818. — 7° Chr. Berbert, diacre de Kônigsberg, publie un peu plus tard une attaque directe contre l’écrit de Prechtl : Krilische Beleuchlung der anonymen Schrift eines Kalholiken unter dem Tilel Seilenslûck…, Hildburgh, 1817 ; à quoi notre auteur oppose un Kritischer Rùckblick auf Chr. Berbert’s krilische Beleuchlung, 1818. — 8° Plus considérable fut une attaque dirigée contre le catholicisme par le professeur H. G. Tzschirner, surintendant de Leipzig, dans son livre : Protestantismus und Kalholicismus aus dem Standpuncte der Politik betrachtel, Leipzig, 1822, qui eut, après quelques mois, une seconde édition. Cette fois, M. Prechtl crut devoir sortir de l’anonymat ; il publie : Beleuchlung der D T Tzschinerischen Schrift « Protestantismus und Kalholicismus », von Max. Prechtl, Able des aufgelôsten Benediktiner-Kloslers Michælfeld, Soulzbach, 1822. L’auteur visé lui opposa un Sendschreiben an Herrn Abt Maximilian Prechtl, qui amena une nouvelle réplique de Prechtl : Rechlfertigender Rùckblick derD T Tzschirnerischen Schrift…, als Antworl auf das Sendschreiben, Soulzbach, 1824. Il ne nous semble pas que toutes ces publications, d’un tour plus ou moins agressif, aient fait beaucoup avancer la cause de l’union des Églises. Jamais plus l’ancien abbé de Michælberg n’a retrouvé le filon qu’il avait si bien exploité dans ses premiers écrits.

J.-B. Weigl, Abt Prechtl, eine biographisclie Skizze r Soulzbach, 1833 ; Lindner, Die Schrijtsteller des Benedictiner Ordens im Kônigreich Bayern, t. i, Ratisbonne, 1880, p. 26 sq. ; Stillbauer, Maximilian Prechtl, Abt des ehemaligert Benedictiner Kloslers Michælfeld, dans Der Katholik, 1889, t. i, p. 424-445 ; t. ii, p. 64-79 ; Hurter, Xomenclator. 3’éd., t. v a, col. 880.

É. Amann.

PRÉCIPIANO DE SOYE (Humbert-Guil laume de) (1627-1711), né à Besançon, en 1627, étudia la philosophie chez les jésuites de sa ville natale et la théologie à Louvain ; il fut chanoine et grand archidiacre de Besançon en 1661, conseiller à la cour de Dôle en 1667 ; membre du conseil suprême des Pays-Bas à Madrid en 1672. Nommé évêque de Bruges, en 1682, après la mort de François de Baillencourt, le 3 novembre 1681, et sacré à Bruxelles, le 21 mars 1683, il fut transféré, en 1690, à Malines, où il lutta très énergiquement contre les jansénistes, spécialement. dans les assemblées épiscopales convoquées en janvier 1691, en mars-avril 1692 et avril-mai 1693. Il fit emprisonner Quesnel et Gerberon ; le premier réussit à s’évader et publia contre l’archevêque l’écrit intitulé : Decrelum archiepiscopi Mechliniensis notis illusiratum ; le second fut condamné à signer le Formulaire, le 24 novembre 1704. Précipiano voulut justifier sa conduite dans cette affaire : Processus ofjlcii fiscalis curiw ecclesiasticge Mechliniensis contra dominum Gerberon… qui a Galiia profugus, sub veste laica et-nomine ficto Augusli Kergra, in Belgis, per plures annos latitaverat, in-4°, Bruxelles, 1704. L’archevêque mourut le 9 janvier 1711.

La plupart des écrits de Précipiano sont dirigés