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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/730

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    1. PRÉDESTINATION##


PRÉDESTINATION. S. AUGUSTIN, SOU TION DKS DIFFICULTÉS

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VII. Si-imus quod nmncs adstabiinus unie tribunal Christi ut forât unusquisque secundum ea qute per corpus izessit. non secundam ea quæ si diutius vtveret, gesturus fuit, sive bonum sive malnn ;. Epist., ccxvii, U>. t. xwiii, col. ! IS4.

Ajoutons, pour rendre toute la pensée du saint docteur, que, loin d’être la récompense de mérites antécédents, la grâce par laquelle se réalise la prédestination est la condition de tout mérite : du mérite de la correspondance à la vocation : Ad liane vocationem qui pertinent, omnes sunt docibiles Dei, née potest eorum quis(jiiam dieere « Credidi ut sie voearer », prsevenii quippe eum misericordia Dei, quia sic est voeatus ut crederel, De prwd. sanct., xvi, 33, t. xi.iv, col. 985 ; du mérite de la fidélité au bien, car elle prévient les défaillances de la liberté : Plane, eum data jueril, incipiunt esse mérita nostra bona, per illam tamen ; nom, si se illa subtraxerit, eadit homo, non erectus sed pnvcipilalus libero arbitrio. De grat. et lib. arb., vi. 13, t. xiiv, col. 889.

Aussi bien n’est-ce là, au dire d’Augustin, que la pensée de saint Paul lui-même : Et ideo commendans istam gratiam qiur non datur secundum aliqua mérita, sed e/ficit omnia bona mérita, « non quia idonei sumus cogitare aliquid quasi ex nobismetipsis, sed suffleieniia nostra ex Deo est ». De prsed. sanct., ii, 5, t. xliv, col. 962.

9° L’infaillibilité de la prédestination expliquée du côté de l’homme par l’efficacité de la grâce divine. — C’est encore une conclusion qui va de soi, si l’on se rappelle que, pour saint Augustin, la volonté de l’homme ne fait point échec à la grâce divine, celle-ci étant la source de nos libres vouloirs eux-mêmes. L’action divine réalise, en toute indépendance, le plan de la prédestination, dès l’instant de la vocation efficace et jusqu’à celui de la persévérance finale, en dépit de passagères déviations : Hi enim (qui secundum propositum vocali sunt ) in eo quod diligunt Deum, permanent usque in finem, et qui ad lempus inde déviant, reverluntur, ul usque in finem perducant, quod in bono esse cœperunt. De corr. et grat., ix, 23, t. xliv, col. 929. Comment concevoir, du reste, que dans l’accomplissement de ses desseins, la toute-puissance de Dieu puisse être contrecarrée par la faiblesse de l’action humaine : Parum de re lanla cogilanl, vel ei excogilandse non suffîciunt qui pulant Deum omnipotentem aliquid velle, et homine infirmo impedienle, non posse. Op. imp. contra Jul., i, xciii, t. xi.v, col. 1109.

Mais c’est surtout l’infaillibilité du don de persévérance qui explique l’infaillibilité de la prédestination. Chez ceux qui l’ont reçu, ou la foi vivante et agissante ne chancelle pas, ou elle est relevée avant la mort : Horum (quos Dominus scit esse ejus, II Tim., ii, 19) fides quæ per dilectionem operatur profeclo aul omnino non déficit, aul, si qui sunt quorum déficit, reparatur antequam vita isla ftniatur. De corr. et grat., vii, ltï, t. xi.iv, col. 925. Or, l’infaillibilité du don de persévérance tient à sa nature de grâce eflicace. S’il en était autrement, la prière du Christ en faveur de saint Pierre eût été vaine, car il n’eût tenu qu’à ce dernier d’être infidèle : An audebis dieere, etiam roganle Christo ne deficeret fides Pétri, defeclurum fuisse, si Petrus eum de/icere voluissel, hoc est si eam usque in finem perseverare noluisset. Ibid., viii, 17, t. xliv, col. 926. C’est en effet la déficience ou la permanence de la volonté qui font la défection ou la persévérance. Mais nous savons que la préparation de la volonté est l’œuvre de la grâce et voilà pourquoi, en définitive, ni la prièrt du Christ ne pouvait être vaine, ni la persévérance de Pierre prise en défaut, ni sa prédestination que cette persévérance devait réaliser, ne pas être infaillible : Sed quia prseparatur voluntas a Domino, ideo pro illu Christi non possel esse inanis oratio. Ibid.

Saint Augustin assimile donc l’efficacité et l’infail libilité de la grâce, à l’efficacité et à l’infaillibilité de la prière du Christ. Le sens de ce quia est d’une profondeur extrême, car il touche à l’union hypostatique. Parce que c’est Dieu (ou sa grâce) qui prépare la volonté, la prière du Christ ne peut être vaine. Qu’estce à dire, sinon parce que celui qui exauce est le même que celui qui prie. Mais, celui qui prie, que deinandet-il ? Quid aliud rogavii (Christus) nisi ut haberet (Petrus) in flde liberrimam, fortissimam, invictissimam, perseoeranlissùnam voluntatem, ibid., en un mot : que la prédestination de saint Pierre se réalise.

S’il s’agit enfin de la prédestination des anges, elle n’apparaît pas moins gratuite, chez saint Augustin, que celle des hommes. Il suffit de citer le texte bien connu de la Gité de Dieu : Si (angeli boni et angeli malij ulrique boni f.oualiteh ereati sunt , isiis mata voluntate cadentibus, illi amplius adjuli, ad eam beatitudinis plenitudinem, unde se nunquam casuros cerlissimi fièrent, pervenerunt. De civ. Dei, XII, ix, 2, t. xi.i, col. 357.

A*. Solution des difficultés. — Comme il a élé indiqué dans l’état de la question, ces difficultés sont de deux sortes, à savoir d’ordre doctrinal et d’ordre moral. On peut y ajouter celles, plus particulières, qui résultaient, au dire des semi-pélagiens, de la méthode augustinienne elle-même.

Objections d’ordre doctrinal.

1. La non-persévérance

finale d’un grand nombre. — Nous ne reviendrons pas sur celles que l’exposé même de la doctrine nous a fait rencontrer et analyser, par exemple l’objection tirée de la non-persévérance d’Adam et résolue par la distinction de l’auxilium sine quo et de l’auxilium quo. Ci-dessus, col. 2878 sq. Mais notre propre penévérance, disaient les semi-pélagiens, est, dans la théorie d’Augustin, une source de difficultés. C’est en effet la grâce de la persévérance finale qui réalise la prédestination, plus encore que celle de la vocation efficace ; c’est elle qui est l’auxilium quo par excellence. Dès lors la damnation de ceux qui ne l’ont pas reçue est injuste, et ils peuvent à bon droit s’écrier : Quare damnamur, quandoquidem ul ex bono reverteremur ad malum, perseverantiam non accepimus qua permaneremus in bono ? De corr. et grat., vii, 1 1, t. xliv, col. 923. Augustin répond que c’est en toute liberté que sont devenus mauvais ceux qui étaient bons : Ex bono quippe in malam vitam sua voluntate mutati sunt et ideo… divina in lelernum damnatione sunt digni. Ibid. La théologie du saint docteur correspond bien à sa philosophie. Nous avons vii, en effet, que le libre arbitre se suffit pour le mal. Les déficiences ne sont donc imputables qu’à lui-même. Il en porte toute la responsabilité.

Le mystère du choix divin, au surplus, de ce choix dont il est impossible à l’homme d’assigner des raisons et que, précisément, la collation du don de persévérance réalise, envahit cette question. Ceux qui, étant en dehors de l’élection divine, n’ont pas reçu la grâce de la foi sont damnés : Sicul verilas loquitur, nemo liberatur a damnatione quæ fada est per Adam, nisi per /idem Jesu Christi. Ibid. Comme ils seraient plus excusables, cependant, que ceux qui n’ont pas voulu persévérer ! Qw>niam potest dici : Homo, in eo quod audieras el tenueras, in eo perseverares si velles, nullo modo autem dici potest : Id quod non audieras, crederes si velles. Ibid.

2. La volonté salvifique universelle de Dieu.

Mais une objection plus sérieuse encore était faite au saint docteur, qui se basait sur la volonté salvifique univer selle de Dieu, affirmée dans f Tim., ii, 4. C’est encore la plus grave qui subsiste confie sa doctrine.

a) Prospér d’Aquitaine et Hilaire de Marseille avaient soigneusement attiré l’attention d’Augustin sur ce point. Le premier l’avertissait que cette volonté