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PRÉDESTINATION. LE CONCILE DÉ SAVONNIÈRE


rct, et super/luis cœtum pie dolentium et gementium non oneret : sed potins certa et vera ftde, quod a sanctis Patribus de his et similibus sullicienter proscenium est. amplectatur.

votre fraternité se souvienne qu’elle est pressée par les maux très graves dn monde, par un nombre excessif d’hommes iniques et qu’elle souffre de la légèreté de plusieurs autres. Qu’elle s’anini" à vaincre ; qu’elle travaille à corriger tout cela et qu’elle ne charge pas de choses superflues la société de ceux qui soutirent et gémissent. mais plutôt qu’elle embrasse dans une foi certaine et véritable ce que les saints Pères ont poussé suffisamment loin sur ces questions et les questions analogues.

On a imprimé en lettres italiques, au 4e canon, la condamnation des capitula de Quicrzy, parce que ces lignes sont évidemment d’une particulière importance. Quoi qu’on pense dom Leclercq (voir Hist. des conciles, t. ivfc, p. 1390-1398), leur authenticité ne saurait être sérieusement contestée. Elles sont la très exacte traduction d’un état d’esprit que nous allons retrouver chez Prudence de Troyes.

III. LA RÉUNION DE SENS ET L’ATTITUDE DE PRU-DENCE DE TROYES. — Combien vive, en effet, était la défiance des augustiniens devant les décisions de Quierzy, c’est ce que montre l’attitude que va prendre l’évêque de Troyes, Prudence, au moment de l’élection d’un évêque au siège de Paris, élection qui eut lieu sans doute à Sens, la métropole, à l’automne de 85(5 (la date de 853, autrefois proposée, est inexacte ; l’évêque Erchanrad, prédécesseur d’Énée, est mort le 9 mai 856).

Prudence, un des suffragants de Sens, empêché par la maladie d’assister à la réunion, envoya son assentiment à l’élection d’Énée ; mais, à cause de la défiance que lui causait l’intimité de celui-ci avec le roi, qu’Hincmar manœuvrait à sa guise, il subordonna cet assentiment à la souscription par le nouvel élu de quatre capitula, où était exprimé l’augustinisme le plus strict. Le texte nous en a été conservé par Hincmar dans les pièces justificatives de son De prædestinaiione, P. L., t. cxxv, col. 64 (cf. t. cxv, col. 1365). En voici le texte et la traduction :

1. Videlicet ut liberum arbitrium in Adam merito inobedenlia ? amissum ita nobis per Dominum nostrum Jesum Christum redditum atque liberatum confiteatur, intérim in spe, postmodum autem in re, sicut dicit Apostolus : Spe enim suivi facti sumus, ut tamen semper ad omne opus bon uni Dei omnipotentis gratia indigeamus sive cogitandum, sive inchoandum, operandum ac perseveranter consummandum et sine ipsa nihil boni nos posse ullatenus aut cogitare aut velle aut operari sciamus.

2. Ut Dei omnipotent is altissimo secretoque consilio credat atque fateatur, quosdam Dei gratuita misericordia ante omnia sa-cula prædestinatos ad vitam, quosdam imperscrutabili justitia prædestinatos ad peenam. Ut kl videlicet, sive in salvandis, sive in damnandis prædestinaverit quod se præscierat esse judicando

1. Le libre arbitre perdu en Adam en châtiment de sa désobéissance nous a été rendu et délivré par N.-S. J.-C, d’abord en espérance, et puis en réalité, comme dit l’Apôtre : Nous avons été en effet sauvés en espérance, mais de telle sorte que nous avons toujours besoin de la grâce de Dieu pour concevoir, commencer, faire et consommer avec persévérance toute œuvre bonne et que, sans elle, nous ne pouvons absolument pas penser, ni vouloir, ni faire aucun bien.

2. Qu’il croie et confesse que dans le très haut et secret conseil du Dieu tout-puissant certains sont prédestinés à la vie, avant tous les siècles, par une miséricorde gratuite de Dieu, et certains, par une impénétrable justice, sont prédestinés à la peine. C’est-àdire qu’il a prédestiné, soit dans les élus, soit dans les damnés, ce qu’il savait à

facturum. dicente propheta (/ni fecit gtue juiura sunt.

3.U1 credat et confiteatur, cum omnibus catholicis, sanguinem Domini nostri Jesu Christi pro omnibus hominibus ex toto mundo in eum credentibus fusum, non autem pr.) illis, qui nunquam in illum crediderunt, neque hodie credunt, nunquamque crédit uri sunt, dicente ipso Domino : « Venit enim lilius hominis non ministrari. sed ministrare et dare animant suam in redemptionem pro miillis. »

4. Ut credat atque confiteatur Deum omnipotentem qiioscumque vult salvare, et neminem posse salvari ullatenus nisi quem ipse salvaveril ; omnes autem salvari qiioscumque ipse salvare voluerit. Ac per hoc quicumque non salvantur, penitus non esse voluntatis illius ut salventur, dicente proplieta : « Omnia quæcumque voluit Dominus fecit in cælo et in terra, in mari et in omnibus abyssis. »

l’avance devoir faire en les jugeant. Selon la parole du prophète : il a fait ce qui doit avoir lieu.

! i. Qu’il croie et confesse, avec tous les cal lioliqucs, que le sang de N.-S. J.-C. a été versé pou.- tous les hommes du monde entier qui croient en lui, mais non pour ceux qui n’ont jamais cru, ne croient pas et ne croiront jamais en lui. Car le Seigneur lui-même dit : Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rédemption pour beaucou i>. »

4. Qu’il croie et confesse que le Dieu tout-puissant sauve tous ceux qu’il veut et que personne absolument ne peut être sauvé s’il ne le sauve, mais que tous ceuxlà sont sauvés qu’il veut sauver, lit par là. ceux qui ne sont pas sauvés, c’est que ce n’est pas absolument sa volonté qu’ils soient sauvés, car le prophète dit : « Tout ce que le Seigneur a voulu, il l’a fait au ciel et sur la terre, sur mer et dans tous les abîmes. >

Énée signa ces capitula, mais les transmit à Charles le Chauve, qui les fit tenir à Hincmar. Par le même canal, l’archevêque de Reims reçut en septembre 856 le texte des capitula de Valence. Tout ceci l’engagea à composer un volumineux traité sur la prédestination, qui ne s’est pas conservé, sauf la lettre d’envoi à Charles le Chauve. P. L., t. cxxv, col. 49-56. Son orthodoxie, dit-il, a été attaquée à Valence, et pourtant, dans cette assemblée, on ne s’est pas donné la peine de reproduire textuellement les capitula de Quierzy. On remarquera aussi l’attitude embarrassée d’Hincmar au sujet des dix-neuf articles de Jean Scot qu’il feint de ne pas reconnaître.

IV. LE CONCILE DE SAVONNIÈRE (TULLENSE PRI MUM) (859). — Les graves préoccupations politiques des années 857 et suivantestamentrent un calme relatif dans les joutes théologiques. Quand enfin Louis le Germanique eut repassé le Rhin, les souverains des États de la rive gauche, Charles le Chauve, Lothaire II, Charles de Provence, décidèrent de réunir leurs épiscopats en juin 859, à la villa de Savonnière, non loin de Toul. Bien des questions devaient être traitées dans ce synode, mais il était à prévoir que le problème théologique serait agité, puisque les représentants de l’un et l’autre partis allaient se trouver en présence.

Réunion préliminaire de Langres.

C’est dans

cette prévision que les éveques de Provence se rassemblèrent à Langres autour de leur roi, pour arrêter la conduite qu’ils tiendraient à Savonnière.

Les canons de Valence furent relus et approuvés. Toutefois, dans le can. 5, on retrancha la citation d’Hebr., x, 26, suppression dont on ne comprend pas bien les raisons, et surtout dans le can. 4 on supprima l’incise désobligeante relative aux capitula de Quierzy. Il fallait éviter de faire injure à l’épiscopat de Charles le Chauve, dont le roi lui-même avait sanctionné les décisions.

A la suite du 6e canon, les éditions des conciles donnent ici une série de textes groupés sous le titre : Sententix Palrum de gratia et libero arbilrio (elles sont aussi dans les pièces justificatives du deuxième traité d’Hincmar, P. L., t. cxxv, col. 63). Ces Sententiæ ont-