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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/239

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    1. PROB ABILISME##


PROB ABILISME. A.V È N E M E N T, M E D I N A

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cette Influence dopasse telle leur intention, mais ils l’ont exerci e.

Jointes aux réflexions déjà faites en ce chapitre,

celles ci ikius donnent peut-être la juste idée (le CC

qu’on appelle parfois la préparation ou la préhistoire

du probabilisme. Jusqu’au temps où nous sommes, il n’y a pas de probabilisme, et les positions fondamentales des théologiens comme des casuistes ne vont pas en ce sens. La théologie médiévale que nous avons décrite ré^il encore l’enseignement moral. D’autre part, le phénomène auquel nous allons assister ne sera pas un commencement absolu. Dans l'âge qui le précède, et un peu partout dans la chrétienté, on discerne à quoi il si' rattache et comment il a pu apparaître. Il faut tenir ces deux vérités que l’histoire impose et qui se concilient en l'état d’esprit assez divers du plus grand nombre des auteurs que nous venons d'étudier.

Nous avons indiqué a mesure les sources de notre exposé. Quelques travaux l’ont été aussi. Il ne faut plus mentionner ici que la bibliographie récente relative à l'école de Salamanque età 15. de Médina, que l’on chercha à comprendre l’un par l’autre, a fin de mieux déterminer les rapports du dernier avec le probabilisme : M. -M. (lorce, art. Médina (Barthélémy de), t. x, col. 481 ; I.-G. Menendez-Reigada, El pseudo probabilismo de fray B. de Médina, dans Ciencia tomista, 1928, p. 35-57 ; J. Tennis, Zur Vorgeschichte der Moralsysteme non Vitoria bis Médina, Paderborn, 1030 (textes et étude) ; J. de Blic, B. de Médina et les origines du probabilisme, dans Epkem. tkeol. Lon., 1930, p. 16-83 (textes) ; 264-201 (commentaire) ; M. -.M. Gorce, .1 propos de B. de M. et du probabilisme, dans ibid., p. 48$1-$281 ; le même. Le sens du mol « probable » et les origines du probabilisme, dans Reu. des se. Tel., 1930, p. 460-464 ; J. de Blic, -1 propos des origines du j>robabilisme, ibid., p. 659-663.

Ajoutons que tout travail sur l'école de Salamanque est redevable au petit livre fondamental du cardinal F. Ehrle, publié en première édition espagnole, avec corrections et augmentations, par le P. J.-M. March, sous le titre : Los manuscritos vaticanos de los teologos salmantinos del siglo XVI, Madrid, 1930.

III. L’AVÈNEMENT ET L'ÉTABLISSEMENT

DU PROBABILISME (de B. de Médina à 1656). — La période ainsi délimitée est communément reconnue comme l'âge d’or du probabilisme, où le système prospère pour ainsi dire sans opposition après s'être donné ses formules essentielles. Celles-ci sont dues principalement à quelques théologiens, chez qui nous les étudierons. Ensuite, nous suivrons la diffusion et l’affermissement du probabilisme jusqu’au moment où l’histoire s’en compliquera de sérieuses résistances. I. Les grands initiateurs du probabilisme. IL Prospérité du probabilisme (col. 481). III. Les premières résistances (col. 497).

I. Les grands initiateurs du probabilisme. — Au nom de Barthélémy de Médina, infailliblement cité aux origines du probabilisme, il y a lieu d’en joindre quelques autres, sous peine de n’obtenir, comme nous verrons, qu’une idée incomplète d’un système auquel ce théologien concourut effectivement mais partiellement.

Barthélémy de Médina.

Selon la tradition de ses

prédécesseurs dans la chaire de Prime à Salamanque, Barthélémy de Médina a commenté la Somme théologique de saint Thomas ; à la différence de ses prédécesseurs, il a lui-même publié son enseignement, sur l’ordre formel qu’il en reçut de son maître général. L’Exposilio in /""-// « parut en 1577. Sur les art. 5 et G de la <[. xix est développée cette fois encore, mais plus copieusement que jamais, l'étude de la conscience. La proposition fameuse, qui fit désormais de Médina un si^ne de contradiction parmi les moralistes, y est contenue. Nous suivrons d’aussi près que possible l’exposition de l’auteur, en vue de le comprendre Ici qu’il est (dans l'édition (le Venise, 1580, p. 173-170).

L'étude de la conscience procède selon cette divi sion : 1. Qu’est-ce que la conscience ? 2. Les espèces de ience. >. La conscience erronée oblige-t-elle à la suivre ? 1. Quel péché est celui d’agir contre sa conscience ? 5. Comment et à quoi oblige la conscience ? Où l’on reconnaît les problèmes classiques, tels notamment qu’ils s'étaient lixés à Salamanque. La cinquième partie de cette étude doit seule nous retenir. Elle se divise à son tour en six questions distinctes, dont les énoncés ne nous sont non plus inconnus : a) Doit-on déposer la conscience erronée ou la suivre ? b) Quel est le moindre péché : agir contre sa conscience ou s’y conformer, supposé que l’erreur en procède d’une ignorance invincible ? c) La conscience erronée oblige-t-elle plus que le précepte du supérieur ? d) Est-ce péché d’agir contre la conscience douteuse ? e) Est-il licite d’agir contre sa propre opinion ? j) Est-il licite d’agir contre le scrupule ? Les trois dernières questions nous introduisent dans le vif du débat.

1. Est-ce péché, d’agir contre la conscience douteuse ? Sous cette forme, adoptée déjà par D. Soto, reçoit toute sa généralité la question médiévale du parti à prendre entre les opinions contraires. La conclusion principale de Médina est ainsi énoncée : Dicendum ex cerlissima theologia quod facere id de quu dubitamus an sit peccatum morlale est peccalum mortale ; et facere id de quo dubitamus an sit peccatum veniale, est veniale.

Reste qu’on entende cette conclusion selon les nombreuses précisions qui vont suivre. Et d’abord, commence Médina, cette règle ne défend pas de s’exposer à la perte de son salut, par exemple en disputant avec les hérétiques ou en communiquant avec des femmes perdues, et l’on ne commet alors aucun péché. Mais la remarque est-elle ad rem ? Nous constaterons que l’ordre des pensées n’est pas irréprochable chez Médina. En voici aussitôt un nouveau signe : sous l'étude annoncée des doutes dont les deux issues sont périlleuses, on définit des règles intéressant le cas où l’un des partis est sûr. N’insistons donc pas, et contentons-nous d’enregistrer les déclarations de l’auteur à mesure qu’il les livre.

On peut avoir, énonce-t-il, avec un doute spéculatif une certitude pratique. Salamanque avait recueilli déjà cette distinction due à Cajétan. Médina la retient en sa signification authentique, estimant que du jugement général à la décision particulière des considérations surviennent, qui convertissent le doute en certitude. C’est ainsi que le devoir d’obéir au prince dirime un doute sur la justice de la guerre ; le principe de possession, un doute sur une légitime propriété ou un légitime mariage : où Médina inscrit sous la distinction susdite des cas traditionnellement débattus. Bien plus, ajoutet-il, non seulement il est licite d’agir à rencontre d’un doute spéculatif, mais encore d’une opinion et d’une science évidente. Mais que veut-il donc dire ? On le comprend d’après l’exemple qui suit : il arrive qu’un juge condamne selon les règles de la justice un accusé dont il connaît, mais par des voies privées, la complète innocence. Prenons donc garde aux énoncés généraux de Médina, qui sont la formule plus ou moins réussie de solutions particulières fort légitimes. Si le doute. poursuit l’auteur, concerne l’action que l’on va poser et que, des deux partis en question, l’un soit certain. c’est péché de suivre celui qui est douteux, en vertu de la règle : In dubiis tutior purs eligenda. Avec cette remarque aussitôt proposée : « Il faut faire grande attention que cette règle n’est pas toujours vraie. « Cette fois encore, que veut-il dire ? Les exemples de nouveau le déclait nt : si le supérieur impose à son sujet une charge tus pénible et que le sujet doute du bon droit de son supérieur, bien qu’il puisse sans danger obéir aussitôt, on lui concédera de vérifier si l’ordre est légitime. Médina emprunte cette décision à D. Soto et il s’avise d’en faire une exception à la règle du plus sur. De