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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/250

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PROBABILISME. PROSPÉRITÉ, LES MORALISTES


sure de l’action. Aussi lira-t-on sans surprise sous la même plume qu’il n’est nullement déraisonnable qu’un docteur consulté signifie à son client une opinion estimée probable par des auteurs compétents et qu’il est donc permis de suivre, encore que lui-même soit spéculativement convaincu de sa fausseté et ne puisse donc la suivre. Ibid., corol. 2, p. 5. Eli matière de doute, Laymann décide pour la liberté ou la loi selon la possession ; il est fidèle à cette règle qui sauve certaines obligations ; mais on s’en dissimule de plus en plus malaisément l’arbitraire quand on le voit en user (comme déjà Sanchez, qu’il invoque) de cette manière : doutant un jour de jeûne que la journée soit finie et que minuit ait sonné, on ne peut manger de la viande jusqu’à ce qu’on soit certain du fait ; mais si le jeûne est le lendemain, on peut continuer de manger de la viande aussi longtemps qu’on doute raisonnablenu ni qu’il soit minuit. Ibid., c. v, § 4, p. 9.

De Ferdinand de Castro Palao, Jésuite espagnol († 1633), il existe un OpiU morale (1631-1651) qui n’est pas moins riche de passages signi lirai ifs. L’auteur est probabiliste parce que la vie morale, à défaut de ce système, est un tourment perpétuel : si vous êles tenu, dit-il en toutes lettres, de suivie l’opinion qui VOUS paraît la plus probable sans pouvoir vous en remettre à l’opinion probable des autres, vous voilà livré a mille Scrupules, obligé à tout instant de changer votre conduite, puisque c’est tantôt une opinion et tantôt l’opposée qui vous paraît plus probable, l’art. I, tr. I, disp, II, punct. 2, Venise, 1702, p..V II excelle du reste a faire valoir la sécurité de la moins probable ; rai. a pai 1er formellement, explique-t-il après Jean Sanclnv. entre opinions probables, il n’en est pas une qui soit plus sûre que l’autre ; si l’on dit parfois de la plus pro bable qu’elle est plus sûre (comme disaient en effet cer tains probabilistes pour qui le sûr était suffisant même en présence du plus sur), on entend une sécurité maté rielle, garantissant contre une Infraction matérielle de

la lui ; mais, quant à la sécui il é formelle, toute Opinion pro ! alilila fournil, même si elle entraîne l’infrac I ion

matérielle de la loi. Ibid. L’auteur rivalise’en raffine

ment avec’l’bornas Sniichc/ : quand cm agit, dit-il,

d’après une opinion probable, du même coup on agii d’après la plus probable, car l’opinion plus probable est qu’on peui agii d’après la probable, omise la plus pro

lialilc. Ibid. Il reprend a son tour la question de savoir

si l’on peui en même temps |uger probables deux opl

nions contraires l’une à l’autre. A/or avait la dessus

adoplé Vasquez ; Thomas Sanchez avait renchéri sur l’un et l’autre, en disant que des raisons Intrinsèques

et non seulement extrinsèques pouvaient fonder le second assentiment, puisque celle opinion contraire possède aussi ses chances de vérité, quelle cpie sent a son propos l’adhésion des doctes ; et ce n’csl point là, concluait-il. adhérer à deux contradictoires, puisque l’intelligence n’affirme pas certaines l’une et l’autre parlie, mais affirme l’une et l’autre probables. c’est : i dire qu’aucune n’est à CC point certaine cpie l’une et

l’autre ne puissent être probablement soutenues. o/>. cil., I. I, c ix, n. 12, p. 29. Survient Castro Palao, qui, VOyanl très clairement le sens alors accorde au mot de probabilité, s’en explique comme on va voir. Il re i omiail qu’on nepeut donner eu même temps deux

assentiments contraires, qu’ils proviennent de princl pes extrinsèques ou intrinsèques. Mais on peut fort

bien, poursuit-il, juger Sa propre opinion plus probable et l’autre probable. Or, ce n’est point ce jugement seul qui dirige l’action ; il n’csl p ;, s |e jugement probable (cpie l’auteur revendique comme suffisant), mais un jugement évident ; car il est évident qu’on juge plus probable ceci, et d’autres probable cela. Et qu’il ne suffise pas de lui-même à régler l’action, en voici la preuve, Car, si l’on jugeait plus probable par exemple

l’obligation de restituer, pour être exempté de celle-ci il en faut venir à juger qu’on n’est pas obligé ; il ne suffit pas de juger que les autres estiment qu’on n’est pas obligé, si l’on ne partage soi-même ce jugement ; autrement, on agirait contre sa conscience. iJès lors, si l’on retient sa sentence probable ou plus probable de l’obligation, on pourra tout au plus juger que d’autres ne sont pas de cet av is, mais non se tenir pour non obligé. C’est pourquoi, quand cm veut agir selon l’opinion des autres, on doit déposer son jugement probable ou plus probable de l’obligation, et on le peut puisqu’il n’est pas évident ni clair au point de ravir l’adhésion. Ibid. Conclusion déconcertante, qui ne laisse plus place à la probité intellectuelle en dehors de la certitude, mais cpii s’impose pour qui entend maintenir le probabilisme après avoir clairement reconnu la notion de probabilité qu’il engage. I.a pensée est alors livrée a tous les égarements. El c’est pour avoir prived’abord

la pensée de sem contrôle naturel, qui est la vérité, que les probabilistes, des maintenant et deplus en plus, se doivent d’ImprOViser toutes sortes de limites, el, - i. ves, de précautions, epii rendent viableleSystème. Il s’ensuivra unecomplication croissanteen ce* d"i trilles, dont on Veut peut être des Ici qu’il n’est juere facile deles lire-r au Clair. Car c’est le pi obabi I isinequj esl compliqué, et l’ancienne moralequi est simple,

étant naturelle-, i >u même auteur, retenons encoi

texte ou l’une cle-se une blsions familières du pmbabl

lisineest Ingénument défendue. Les doetrurs.m n-,

leurs dequelquee liane nesont pas tenus d’enseigne ! ce epii leur Semble plus probable, car de telles opinions SOnt souvent moins ; ie| niise-s et éprouvées, elles MM i

lent étonnement cm scandale, et ce serait un joug

pesant imposeaux inaitle-s s ils avaient l’obligation

d’enseigner ce qui leur apparaît plus probable. En vc-iin decette obligation Us devraient évaluer d’asseï

pies lis raisons favorables a l’uneet a l’autre partie, et souvent l’opl n epu hie-i leur apparaissait plus pro

bable, aujourd’hui le deviendrait moins ; ils seraient ainsi contraints de changer tous les jeuus d’avis dans leurs écrits. Il suffira don, qu’ils enseignent ce qui possèdea leurs veux quelque probabilité. Ibid., puni n. 7. |

Sans écrire un aussi gros livre, Françou >ir Lugo,

jésuite espagnol, a son tour publie a Madrid, en

un Discursui prmoiut ad theologiam moralem, ou il s’agit de la conscience et du volontaire. Les thèses les

plus avancées élu probabilisme v sont ae vue-il I ie-s. ( > 1 1

comprend dès maintenant qu’Antoine de Etcobar t/ Mendota, a qui nOUS arrivons, en son liber theol moralia (Lyon, 1644 ; mus l’ouvrage était déjà tics

répandu en Espagne avant cette elate-i n’eut qu’A pui ser en effet dans letrésor commun de la C.oinpa nie de.icsus pour émettre les propositions epii devaient le rendre célèbre. Il peui s’autoriser déjà de vingt quatre grands noms, qu’on nous pardonnera de n’avoii pas tous relevés ci-dessus. Ne retenons qu’un échantillon du nouvel ouvrage. Quelqu’un agit en doutant si son

acte est péché mortel ou véniel, sac liant seulement que c’est mal. sans pins. Quel danger v a t il ? Valence dil

contre Nasepiev que l’acte commis n’est que péché

véniel, car vouloir la malice’en gênerai est vouloir une malice epii n’excède pas le véniel : si elle l’excédait, elle ne serait pas commune au véniel et au mortel.

Procsmium, examen : f. c vi, n. 36, Lyon, 1659, p. 30. vant les grandes querelles, un jésuite allemand, Uermonn Busenbaum († 1668), a le temps de produire sa Medulla theologitt nwralis, dont la première édition parait à Cologne eu 1650. I >es ouvrages précédents,

elle ne seebst ingue cpie par la brièveté et la clarté ; elle dut a ces qualités sa mande diffusion. Bientôt après, en 1654, le jésuite sicilien Thomas Tamburtni († 1675) ediie a Venise son Explicatlo Decalogi, composée sm