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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/254

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    1. PROBABILISME##


PROBABILISME. CAUSES DU SUCCÈS

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Il n’est pas bon que le commun des gens juge des probabilités intrinsèques, affaire de théologiens ; la probabilité extrinsèque vaut mieux pour eux et elle est moralement plus sûre. On en jugera selon ses partisans : les détenteurs de chaires illustres ont alors le pas sur tous. Et quand même leur opinion serait contraire à tous les docteurs d’autrefois, si elle est soutenue par Lorca, ou Vasquez, ou Suarez, ou Basile l’once, ou Lessius, ou l’un des deux Sanchez, ou Diana, elle est garantie. Pour des auteurs d’un moindre’rang, on convient qu’il en faudrait quatre. Le bruit étant venu à Caramuel de cette exclamation d’un brave homme : i () heureuse P.glisc primitive que n’accablait pas ce grand nombre d’opinions et de docteurs I i il s’en indigne et s’écrie : » Erreur manifeste I Ces opinions multipliées sont le sicme du salut plus facile et plus excellent. Loin d’en cire rendue malheureuse, l’Église peut ainsi conduire vers le ciel son troupeau benigniwi ri facilius. Beaucoup seraient damnés que sauve une sentence probable, damnarentur plurimi quos senle/itim probabiliias saluai. » On a vu qu’ainsi pensait 1 bar. Il y a que celui-ci est infatigable sur ce thème. Par exemple, poursuit ii, si l’on pense que seule l’attention extrinsèque est requise à la récitation de l’office divin, on peut avoir l’assurance de n’avoir jamais commis en le récitant, au cours de nombreuses années, aucun péché véniel. Qu’ils osent avoir la même sécurité, ecux qui requièrent a ce sujet une attention intrinsèque ! Il est clair que sur ces positions Caramuel est Indémontable. Voir surtout sa Theologia regularis, disp. VI.

Une casuistique ainsi comprise est trop menacée de laxisme pour n’y point verser en effet. On appelle laxisme le système qui se montre aussi Favorable que possible à l’abolition de l’obligation dans le doute, aussi peu exigeant que possible à l’endroit de la pin habilité, prêt à accueillir une opinion SUT l’autorité la plus réduite et la raison la plus ténue ; on taxe aussi de laxistes certaines solutions de cas de conscience particulièrement téméraires ou scandaleuses. Mais le laxisme ne s’esl ainsi dégagé et défini que sous l’ellel des réactions dont nous parlerons bientôt. Au temps où nous sommes, il est à peu près partoul mêlé et con fondu avec le probabilisme chez des auteurs dont on vient de voir quelle conviction ils avaient de leur innocence. Quiconque a seulement feuilleté l’immense littérature morale de l’époque n’ignore pas quel empire exercent les tendances que nous avons dites. Il est difficile a l’historien de n’en point imputer quelque les ponsabilité au probabilisme, qui eut en cette casuis tique la part que l’on sait. De fait, on en vint là le plus naturellement du monde. H est vrai (tue les premiers initiateurs axaient une idée relativement honorable de

la probabilité et relativement restreinte de la libellé’conférée par le doute. Mais ils ont admis que I action ne fût pas conforme au jugement de son auteur même, et cédé à une inspiration de bénignité telle qu’ils reconnurent au doute une certaine vertu d’émancipation ei tolérèrent l’usage de l’opinion moins probable. Il se trouve que ces principes livrés à eux mêmes et pour ainsi dire à leur force native, exploites en toute liberté et comme dans l’ivresse de la découverte, conduisirent vite au relâchement de la règle morale. Pour aboutir là. il ne fut nécessaire que de céder à ces principes. On ne dut point les altérer ni former quelque nouveau sj stème. Le Système fut posé, et l’a Itéra lion essentielle coin n lise, dès qu’un Médina ou un Suarez eurent déclare leurs théories. Dès alors, le laxisme menace. Kn ce sens, il y a une affinité entre laxisme et probabilisme ; en ce sens, le laxisme représente le probabilisme en ses outrances extrêmes. Caramuel n’est que l’enfant terrible des doctrines nouvelles de la probabilité. Par ailleurs, il est certain que la réserve des initiateurs était réelle ; les

probabi listes d’après la grande crise y sont légitimement revenus, soit qu’ils écartent les pires solutions de la casuistique, qu’ils limitent l’effet de libération du doute ou affermissent l’idée de la probabilité. C’est ainsi qu’historiquement le probabilisme parvint à se distinguer du laxisme. Mais il faut bien voir que cette position est une défense contre des excès d’abord commis. Et il n’est pas interdit de penser qu’elle reste préeaiie. Des le commencement. il y eut dans le probabilisme quelques inconséquences mal excusées nomme celle du jus et de la rrs (liez Suarez i. lesquelles sont allées par la suite s’aggravant et se compliquant à mesuie que, voulant sauver les principes, on tenta d’éviter les abus ou ils portaient. En somme, on n’a défendu

efficacement le probabilisme contre le laxisme qu’en y remettant une mesure de sécurité et de

d’or de l’ancienne théologie morale. / !. > i I L’in fluence du probabilisme sur la casuistique n’est donc pas moins notable que son effet sur la I néologie morale. Devant le phénomène que ce temps vient de nous Offrir, on se demande nal urellemeiil don ilit le soi. es

presque unanime dune méthode dont les rtsquet

pendant sont manifestes. Kn un demi mi. le fut pour

ainsi dire empoi tée l’ancienne conception de la morale. Les nouveaux casuistes, moralistes et théologiens sont

bs mailles victorieux de la situation. Comment expll

quer un tel su< i

i Libération du rigorisme ? <>u serait tenté de oir

en leur méthode la libération d’un rigorisme (pu eût jusque-là étreinl les consciences. D’où cet empr

ment et (cite lielle de faciliter la X le morale, suite

naturelle d’une grande contrainte. Mais l’histoire ne nous découvre pas ce rigorisme suppose, i tes longtemps, nous l’avons xii, on s e-t sondé d’apaiser les inquiétudes et de relever dou< ement les péi leurs. Seul< ment. Jusqu’alors, on s’étail par dessus tout effon é de > on. ; lier la miséricorde avec i<- respect de la Lu.-t. si l’on

fut suave, on tâcha que ce ne dit point au (h triment

de l’obligation morale et de l’ordre qu’elle représente ;

de la les usages pn. aul ion lieux que DODIRVOnS de. i itv Sous le règne de la probabilité, on passa en réalité lion de la ligueur a l’indulgence, mais de l’indulgence a la

bénignité. Cette histoire le démontre axe. force. Les

intentions de ce* auteurs ne sont pas en cause. M l’on excepte la fougue d’un Caramuel. qu’il serait difficile

d’excuser sans le Jugement quelque peu dérangé du personnage, on a communément affaire en ce temps

axée le desji sincère et louable de retenir dans la vie chrétienne ceux la qui, traites sévèrement, risqueraient de s’en aller. Mais (.-Ile disposition ne laisse pas

d’être périlleuse. Elle devient bientôt l’art d’Ater de la meilleure foi du momie le pénible des obligations Nos théologiens ne pensaient ils pas que Dieu même en

avait agi de la SOlte et (pu de l’Ancien lestameiit. loi de crainte, au Nouveau, loi d’amour, la différence Consistait en ce que Dieu eut relâche quelque chose de s. t rigueur et adouci ses obligations ? Ils le disent sous Imites les formes et a tout propos, voile a propos de la Charité, découvrant que désormais, par un effet admirable de la honte de Dieu, il ne nous est pas tant commandé de l’aimer que de ne point le haïr. Voir An’moud. S..1.. L(/ défense de la vertu, Paris. 1641, p. 18. A v regarder de près, toutes les grandes querelles morales du temps car le probabilisme n’est que l’une d’entre elles sur l’administration du sacrement de pénitence, sur la suffisance de l’attrition. sur le com mandement d’aimer Dieu et. plus tard, sur le péché philosophique, dépendent d’une certaine idée qui s’efforce .le prévaloir de la facilité du salut. Grâce aux

bonnes intentions ainsi mises en pratique lut réalisée en fait la tentative de conserver des chrétiens a qui ne fut plus nécessaire l’esprit du christianisme, les solu-