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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/295

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    1. PROBABILISME##


PROBABILISME. I. ACTION DE CONC1 N A

cent XI > sont appréciés. On remarquera dans cette dissertation le c. vii, p. 162-167, où Concina donne, s’inspirant d’ailleurs de Camargo (voir col. 544), un bref aperçu d’ensemble de la probabilistica machinazione. - La IV « dissertation, p. 257-332, explique la véritable et suinte rigueur de la morale chrétienne », comparée avec les relâchements de quelques casuistes modernes. On y peut voir à découvert l’inspiration propre « le Concina. Il louche cette lois et dénonce l’esprit même du probabilisme. Enfin, la dissertation, p. 333-504, examine diverses propositions, les unes taxées de rigorisme, les autres de laxisme. Concilia y explique clairement que ces noms de rigoriste et (le I ut iorisle lui sont attribués par ses adversaires et pour le discréditer (exactement comme le nom de probabiliste fut créé avec une signification péjorative) ; Une les accepte pas et l’on voit ailleurs qu’il prend pour lui le titre d’antiprobabiliste. Fausse rigueur, dit Concina. celle qu’on nous reproche ; comme fausse bénignité, celle dont vous vous flattez. Il y a dans cette dissertation une vraie campagne contre les confessions faciles, avec des passages d’une belle et « rave éloquence, à rapprocher de certaines pages des Provinciales, par exemple, c. v, p. 484-486. Kn appendice dut. ii, Concilia a inséré une dissertation apologétique relative aux querelles d’où est sorti le présent ouvrage.

La doctrine de Concina se rencontre avec les thèses communes aux antiprobabilistes. Par ailleurs, il se défend, on vient de le voir, de jansénisme, de rigorisme, de tutiorisme. De fait, il ne mérite pas la réputation redoutable que lui ont créée ses adversaires, théologiens prompts à juger rigueur ce qui n’est qu’un juste sentiment du sérieux de la vie chrétienne. Des protestations dont sont faites les dissertations IV et V, il y a beaucoup plus à retenir qu’à blâmer. A-t-il tort de dénoncer la contradiction des livres spirituels et des livres de morale, ceux-là exhortant à la vertu, ceux-ci acharnés à diminuer les péchés ? Il réagit contre l’idée d’une vie chrétienne savamment conciliée avec tous les plaisirs du monde, et contre l’abus qu’on a fait de la différence des séculiers et des religieux, des préceptes et des conseils. Il répand une belle et traditionnelle lumière doctrinale sur ces questions où les modernes, dit-il, ont créé des équivoques et mis de la confusion. Tout au plus observerait-on de sa part une insistance sur la difficulté du salut ; de même, tout en permettant les divertissements, etc. (il est plus humain ici queBossuet), il soulignerait à l’excès le danger qu’ils représentent pour la vie chrétienne. Mais, quand il explique en quoi consiste la suavité du joug chrétien, non point affaiblissement de l’obligation, mais effet de la grâce et des vertus, n’a-t-il pas de nouveau mille fois raison ? Sur des questions plus précises et délicates, comme celle de l’ignorance, sa doctrine se garde de l’excès janséniste : Concina déclare nettement fausse la thèse que l’ignorance invincible du droit naturel n’excuse pas de la faute, t. i, p. 634-635 ; sur la réalité ou non d’une telle ignorance, il s’explique aussi en des termes très loyaux, le conduisant à une solution qui est sagesse. Ibid. Un seul point nous a paru franchement contestable en sa doctrine : s’il consent que l’ignorance invincible excuse, il refuse énergiquement que l’acte commis en ces conditions puisse être méritoire, t. i, p. 464-467, 646 ; l’appui qu’il prend alors sur saint Thomas n’est pas fondé. Nous ne croyons pas non plus que son opinion soit traditionnelle dans l’école thomiste. Nous touchons ici à un cas de « sévérité ; mais c’est à quoi se réduit cette intolérable rigueur communément imputée à Concilia, moins sur la foi de ses textes que de la renommée. On voudra donc bien, une fois de plus, à propos de cet auteur, rectifier le sens des mots de rigorisme et de tutiorisme si toutefois on tient encore à les lui appliquer.

Réaction » provoquées. L’ouvrage connut un grand succès et provoqua de l’émotion. Des approbations vinrent a l’auteur de toutes parts, dont témoignent quelques-unes des lettres recueillies en appendice de l’ouvrage de D, Sandelli (= V.-D. Fassini, 0. P.), De Danielis Concina vita et scriptis commentarius. Brescia, 1707 (ce récit, écrit à la louangi Concilia, fournit l’information détaillée d’un contemporain sur toutes les affaires où fut mêlé le fameux théologien) ; le pape Benoît XIV lui-même fit exprimer à l’auteur sa satisfaction. Mais, d’autre part, comme bien l’on pense, il se leva contre cette Storia une légion d’adversaires, qui amenèrent Concina à se détendre et à reprendre la plume. D’où un nouveau et considérable dossier en cette querelle du probabilisme, comparable à celui qu’avaient inauguré les Provinciales, près d’un siècle plus tôt. (Les pièces recensées dans l’art. Concina, col. 683 sq.) Se liguent contre Concina avec le P. San Vitale, jésuite, son premier attaquant et qui sera le plus obstiné malgré ses déboires et son grand âge, d’autres jésuites, les PP. Ghezzi, Zaccaria, Lecchi, Bovio, Richelmi, Gagna, sans compter l’auteur mal identilié de l’odieux libelle Ruratiazione solenne…, où sont impudemment poussés à l’extrême les plus indignes procédés de controverse ; cf. art. cité. col. 689-690. On écrivit des justifications des auteurs attaqués dans la Storia, on feignit de produire des suppléments à l’ouvrage, on imagina des lettres et des dialogues, on publia des avertissements : toutes les formes de ce genre littéraire, avec les variations ordinaires de style, du doucereux au violent, du plaisant à l’injurieux. Des querelles voisines se greffèrent sur celle-là, dont celle des » mamillaires >-, ainsi nommés par allusion à un cas de conscience posé par le jésuite vénitien Benzi. Le bruit s’en répandit en France, où le dominicain François Du Four traduisait en une lan « ue châtiée et dans un style de salon l’un des écrits de guerre de Concilia, Les quatre jiaradoxes, Avignon, 1751. Peu à prendre en cette multitude d’écrits pour l’historien des doctrines. Il faut seulement noter cette coalition d’écrivains jésuites, défenseurs à tout prix du probabilisme contre l’antiprobabilisme que représente un dominicain : la lutte doctrinale devient ici celle des deux ordres entre eux ; ils n’avaient plus été aussi bruyamment aux prises depuis les grandes disputes de la grâce. Bientôt s’adjoignent à Concina quelques-uns de ses confrères, comme lui appartenant à la congrégation réformée du bienheureux Jacques Salomon à Venise, et notamment Patuzzi, que nous verrons bientôt en lutte avec un plus insigne adversaire. Il intervint dès l’abord à l’occasion d’un nouvel écrit du P. San Vitale, auquel il opposa les Leltcre teologicomorali di Eusebio Eraniste…, Trente, 1751, qui devaient se multiplier jusqu’à remplir six volumes. Des informations historiques et des documents y sont rassemblés, qui les rendent précieux (nous en avons fait usage ci-dessus, comme on l’a vu). Concina de son côté recueillait des pièces qu’il inséra dans sa Difesa délia Compagnia di Gcsù, publiée après sa mort à Venise, en 17t17. L’établissement de ces documentations historiques fut peut-être l’effet le plus heureux de ces quelque vingt ans de littérature polémique. De la Difesa… parut à Venise, en 1769, une édition latine. Vindicise Societatis Jesu… contenant sept documents supplémentaires, les uns sur l’affaire Gonzalez, les autres relatifs à Concilia lui-même, à ses démêlés avec la Compagnie comme à ses rapport s avec le Saint-Siège. Car le Saint-Siège n’a pu manquer d’exprimer son sentiment sur des matières aussi violemment débattues. Quelques pièces seulement de la polémique tombèrent sous la prohibition de l’Index. Voir Reusch, Index, p. 816 sq. La Storia, qui fut dénoncée, demeura indemne de condamnation. A travers les péripéties et