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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/297

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I’liolî kBILISM E. I.’ACTION DE S. ALPHONSE

-M

devant pas être restreinte.< la seule matière de l’usure, mais être étendue a toute autre chose appartenant au loi mente ! el aux régies de la conscience.

Ce pape eui l’occasion île montrer a Concina cona bien il avait agréé l’hommage de sou livre, parmi les difficultés que suscitèrent a l’auteur ses anciens adversaires, renforcés notamment du I’. Noeelli. S..1. Cf. art. Concina. ! <><. cil. Aux côtés du maître dominicain vint se mettre alors l’un de ses confrères, le I’. Dinelli. (lui écrivit des Epis toi te ad Nocetîum. Concilia mourut à Venise le 21 lévrier 1756.

I" Les successeurs de Concilia. L’impulsion vigoureuse donnée pal’lui a l’anl iprobabilisme ne devait point décliner de sitôt. A peine publiée sa Theologia Chris tiana était sortie du même couvent vénitien la somme de L’enseignement qu’y donnait un de ses confrères, Fulgence Cuniliati, une Universa théologies moralis accarata complexio instiluendis candidatis accom~ modata, Venise, 1752. souvent rééditée. Sur le type des théologies morales du temps, avec un souci doctrinal peu accusé, l’ouvrage représente sur les questions de la conscience les dièses de l’antiprobabilisme.. Il atteste l’activité et la cohésion du groupe dont Concina fut le grand personnage, l’n cadet de celui-ci, J.-Y. Patuzzi, a pris une part importante, nous l’avons dit, aux controverses en cours. Il devait bientôt intervenir en son propre nom, avec des ouvrages qui prennent la suite des publications de Concina.. Il donne en deux tomes à Venise, en 175H, un Trattato délia regola prossima délie azioniumane nella scella délie opinioni…, des-I inée. comme la Storia, à un publie étendu. La doctrine est exactement celle de Concilia. Il n’y manque pas non plus une partie historique, très abondamment documentée. Ouvrage de critique, dans l’ensemble, plus que de construction, mais, en ce genre, tout à fait raisonnable. Nouvelle publication trois ans plus tard, en 1761, à Venise, sous le pseudonyme habituel d’Eusebio Eraniste et sous la forme cette fois de Leltere ad un minislro di Slato sopra le morali dottrine de’modérai casistie i gravissimi danni che ne risultano al pubblico bote, alla società civilee ai dirilti, autoritàe sicure ::a dei sovrani, douze lettres intéressant la suite des polémiques de Concina. Patuzzi, qui s’y était déjà employé dans l’ouvrage précédent, relève en celui-ci nombre de propositions relâchées prises des casuistes : il est remarquable que la très grande part des auteurs incriminés appartient au xviie siècle. Et la cause n’en est pas l’imitation de Pascal, de laquelle à son tour Patuzzi se défend, mais le déclin certain de la casuistique folle des premiers créateurs du genre. Vient enfin l’ouvrage didactique, fruit de l’enseignement, le troisième en dix ans qui sort du même couvent réformé de Venise, YEthica christ iana sine theologia moralis. Elle paraît a Bassano-Venise, en 1760, en trois tomes in-folio ; elle est rééditée en 1770 el mise en Compendium en 1783. Le plan général, comme le tilre lui-même, rappelle de fort près l’ouvrage similaire de Concina, dont il semble que l’influence ait fortement marqué Patuzzi. Les exposés se partagent en Doclrina et Consectaria, celle-là se réclamant de saint Thomas et introduisant un peu de levain en cette niasse de cas ; ceux-ci se référant aux discuss^as du temps et réagissant contre le relâchement. Il faudrait redire des solutions (h 1 Patuzzi ce que nous avons dit de Concilia : morale grave, certes, mais non rigoriste ni impraticable aux chrétiens. Nous le verrons à découvert dans les écrits les plus notoires de Patuzzi, dus à la cont roverse qui le mit aux prises avec saint Alphonse de Liguori.

Au terme de ce paragraphe, il n’est pas hors de propos de citer l’extrait d’une lettre envoyée à l’ordre des frères prêcheurs par le maille général Thomas de Boxadors, le 30 avril I7.">7. nouveau témoignage offîciel du même esprit que nous observons en cette école

théologique depuis 1 1.."> « ;. et que Patuzzi comme Concina illustre vers ce temps :

Non cniin [erendum est ut quura babeanl divlno beneflcio loi. Il i quein sequantm moralis scientiae Magistrum… banc

[dod l’inam | temere dc-enoil et commit tant mi ; i culpa ut

cum sua aliorumque pernicie in alterutram fortasse partent imprudentes déclinent, ut aui christianam vivendi severitatem ab evangeUca et ecclesiastica institutione revoceul ad consuetudinis libertatem licentiamque sentiendi ; aui immoderate pneceptorum acerbitate homines a cultu virtutis absterreant. I> : ms Miscellanea dominicana, Rome, r>2. ;. p. 1112.

Sur la matière du présent paragraphe, une Information documentée dans DoIIinger-Reusch, < ; I. cit., t. 1, p. 303 sq. ; cr. p. 314-315.

V. Saisi ALPHONSE m LlOUORI. Dans le même temps ou se produisent les ouvrages et les controverses que nous venons de dire, méditait de son côté sur ces questions de morale le fondateur d’une récente congrégation de missionnaires des campagnes, lui-même consacré a ce ministère et préoccupé de la sage administration de la pénitence, saint Alphonse de Liguori. Après une première et brève adhésion au probabiliorisine. bientôt abandonné comme doctrine rigide et malaisément applicable, vint chez lui une période probabiliste dont témoignent les premières éditions de la Théologie morale, 1748, sq. (qui ne fut d’abord, on le sait, que la Medulla de Busenbaum annotée) et deux Dissertations de 1749 et 17ôô. Cette période ne fut d’ailleurs pas exempte d’hésitations et de tâtonnements. Voir les titres et les informations plus détaillées, art. Alphonse de Liguori (Saint), t. 1, col. 906-02(1 ; voir aussi la biographie classique du P. Berthe, Saint Alphonse de Liguori, t. 1, Paris. 1906, p. 177 sq. : et F. Delerue, Le système moral de saint Alphonse de Liguori, docteur de l’Église, Saint-Etienne. 1020, passim.

En 1761, dans la cinquième édition de son Istruzione e Praticu, c. 1, p. 3, n. 30 et 32. apparaît une nouvelle attitude où est exclu l’usage de l’opinion moins probable. Saint Alphonse est dès lors entré dans la voie où il demeurera jusqu’à sa mort (1787) et selon laquelle il procède à l’élaboration du système auquel son nom est resté attaché. Notre étude peut négliger les écrits antérieurs à 1761, et parce qu’ils n’intéressent pas la pensée définitive du saint, et parce qu’ils ne font que i représenter le probabilisme connu. Leur examen relève d’une biographie doctrinale de saint Alphonse, qui n’est pas notre objet. Xous retenons pour l’exposer ici et l’apprécier la doctrine définitivement adoptée et défendue par saint Alphonse : ensuite, nous considérerons la destinée et l’autorité de cette doctrine.

I. LA DOCTR1XE MORALE DB SAINT ALPHONSE 1>E LIGUORI. — La brève indication de Y Istruzionee pralica est bientôt suivie, en 1702. d’une dissertation circonstanciée, qui restera un document capital de la pensée alphonsiehne : Brève dissertazione dell’uso moderato dell’opùlione probabile.

Son objet d’ailleurs est beaucoup moins de combattre le probabilisme, dont cependant n’est plus admise la thèse favorable à la moins probable, que d’éliminer le rigorisme, ainsi que parle l’auteur. Aussi les attaques lui vinrent-elles de ce côté : ce n’était pas la première fois : on avait déjà dénoncé comme trop bénigne la deuxième édition de la Théologie morale ; cf. Berthe, <P. cit., t. 1. p. 54 I sq. Après la lettre d’un religieux anonyme parvenait à l’auteur de la dissertation, en ! 7 > !. un opuscule de J.-V. Patuzzi, dissimulé sous le nom d’Adolfo Dositeo, intitulé La c<ms<t dei probabilismo richiamata air esame du Monsignor />. Alfonso de Liguorie convinla nooellamente di falsilà (le 1’. de Liguori était devenu évêque de Saintevgathedes (oths. le. Il juillet 1762). Ce fut dès lors entre les deux adversaires nu échange d’écrits et. de hi part de