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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/36

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PRÉMOTION PHYSIOL’K. MAISONS DE L’AFFIRMER


textes, voir sur celui que nous venons de traduire et sur sou rapport avec les autres, X. del Prado, op. cit., t. i, p. 236 ; t. ii, p. 228, 256 ; R. Garrigou-Lagrange, Dieu, "> éd., p. 111, 185, et Perfection chrétienne et contemplation, t. r, p. 355 370.

Après avoir vu ce que n’est pas la prémotion ph Bique, ce qu’elle es), et quels sont ses différent s modes. il nous faut parler des raisons pour lesquelles les thomistes affirment qu’il est nécessaire de l’admettre.

VI. Raisons d’affirmer la prémotion physique. I" En général ; 2° par rapport aux décrets divins relal Ifs à nos actes salutaires : y, " pour expliquer l’efficacité de la grâce.

1° Raisons d’admettre l<i prémotion physique en général. I-es thomistes réduisent à deux les raisons générales d’affirmer la prémot ion physique, l’une prise

du côté de Dieu, l’autre prise du côté de la cause seconde. Au fond, c’est la même raison fondamentale, sous deux aspects.

1. Première raison. Dieu est le premier moteur et la première cause efficiente à laquelle sont subor données, dans leur action même, toutes les causes secondes. Or, sans la pi-émotion physique, on ne peut

sauvegarder en Dieu le primat de la causalité, ni la

subordination des causes secondes dans leur action môme. Donc…

La majeure est certaine en philosophie et en théologie il sérail téméraire de la nier. Comme, en

effet, il est certain que Dieu est l’être suprême « 1 « » 1 1 1

dépendent Immédiatement tous tes cires, en tant qu’être, il est également sûr que Dieu est la cause effl

cieiile suprême à laquelle sont subordonnées toutes les causes secondes dans leur action même. I.a subor dlnation dans l’agir suit la subordination dans l’être,

comme l’agir suit l’être. I.a négation de celle majeure

serait la négation « les premières preuves classiques de l’existence de Dieu exposées par saint Thomas, |. (j. ii, a. 3.

La mineure devient évidente, si l’on remarque que la subordination des causes dans leur action consiste en ceci que la cause première meut ou applique les causes secondes a agir et « pie les (auses secondes n’agissent que mues par la cause première. C’est ce que (lit saint Thomas. I 1, q. cv, a. â :.S’; tint milita agentia ordinata, semper secundum agent agit in oirtute primi agentts : nam primum agens muret secundum ad agendum et secundum hoc omnia agunt in oirtute ipsius Dei. Or, c’est là précisément la définition même de la prémotion physique, qui a une priorité non pas de temps, mais de causalité sur l’action de l’agent crée. Les thomistes confirment cet argument en montrant que ni le concours simultané, ni la motion morale ne

suffisent à sauvegarder la subordination des causes.

2. Seconde raison. Elle se prend de l’indigence

de la cause seconde : Toute cause n’étant pas de soi en acte d’agir, niais seulement en puissance d’agir, a besoin d’être physiquement prèinue pour agir. < » i c’est le cas de toute cause créée, même de la (ans. libre. Donc…

La majeure est certaine, c’est sur clic que reposent les pieuses classiques de l’existence de Dieu, (elles (pales entend saint Thomas, et refuser d’admettre cette majeure, c’est dire quc le plus sort du moins, le plus parfait du moins parlait, car agir actuellement est une perfection plus grande que pouvoir agir. Si donc la faculté d’agir n’était pas mue. clic resterait toujours a l’état de puissance et n’agirait jamais. Aussi saint Thomas al il dit, L 1 1’. q. i. a. I : (Imne auens quod

quandoque est miens et quandoque m potentia, indigi i moveri ab aliquo agente.

La mineure n’est pas moins évidente : si une cause créée était cfe SOI en acte d’agir, elle serait toujours eu acte, jamais en puissance ; notre intelligence connaî trait toujours en acte tous les intelligibles qu’elle peut connaître et notre volonté voudrait toujours en acte tous les biens qu’elle peut vouloir. De plus, cette cause créée, au lieu d’être mue a atiir. serait son action même, mais, pour cela, il faudrait qu’elle fût son même, qu’elle existât par soi, car l’agir suit l’être et le mode d’agir le mode d’être, comme le dit souvent saint Thomas, par exemple I q. i.iv, a. l. Et, donc, toute cause créée a besoin, pour auir. d’être prémue physiquement par Dieu.

La (anse libre ne fait pas exception, car SOU action.

comme être, dépend de l’Être premier, connue action. de L’Agent premier, comme action libre, du premier libre : cf. L IL. q. i.xxix. a. 2. Bien plus, la cause libre est particulièrement indifférente de soi ou mdé

terminée a ayir ou a ne pas a^ir. a vouloir ceci ou i et. a ce titre, elle a particulièrement besoin d’uni motion divine qui la porte a se déterminer. I. q. xix. a..’î. ad.'>’. Les astres obéissent a I lieu sans le savoir et sans pouvoir désobéir, la volonté humaine pour lui obéir librement a besoin d’une motion divine spéciale ou d’une grflee qui actualise en elle le libre choix la violenter.

Les lois spéciales qui régissent la liberté humaim

peuvent être COnt raires aux lois universelles du réel qui

régissent les rapports de l’être créé et de Dieu. Elles ne peuvent être uni exception a ces lois universalis

sinies, mais elles se subordonnent a elles.

Telles sont les deux raisons pour lesquelles les thomistes affirment la prémotion physique en général. < i

sont, disons nous, deux aspects d’une même raison

fondamentale, considérée suit du côté de Dieu, du pri

mat de la causalité divine, soit du côté de la (au-.

t de son Indigence.’.i. Insuffisance des autres explications. Ces deux raisons se confirment par l’insuffisance des autres expll

Cations. Le primat de la causalité divine et la SUDOrdl

nation des causes ne sont pas eu effet sauvegardés,

selon les thomistes, par le concours simultané, ni par la motion morale, m par OC (ail que I lieu a donne aux causes secondes la f.nul 1 1- d’agir.

o/ Le concours simultané ne meut pas la cause seconde.i agir, il n’influe pas sur elle pour qu’elle agisse, mais il influe seulement avci (Ile simultané nient sur son effet, comme deux hommes tirent un > ha land ou deux chevaux tirent une voiture : autrement

ce concours ne serait pas seulement simultané, mais

prœotUS : il aurait une priorité de causalité sur l’action de la cause seconde, l’ai le COnCOUn Simultané, Dieu serait donc seulement COprincipe de nos ailes, mais pas lattsr première. Il v aurait la deux causes partielles

coordonnées (partialitate causalitatis

mm pas deux causes totales subordonnées. Tandis que

pour les thomistes Imite l’action créée est de I

comme de sa cause première, et de l’agent créé comme de -a cause seconde subordonnée. Cf. s. Thomas, i.

q. XXIII, a..".. !  ; I.

/ / La motion morale reste aussi une explication Insuffisante. Elle peut bien constituer la subordlna

des causes dans l’ordre de la causalité finale, car la lin

nient moralement ou objectivement par manière d’al

trait, mais non pas dans l’ordre physique de I.. CRUS lite efficiente, dont il s’agit ici. Dieu, en effet, est premier moteur et cause première dans cet ordre pliv Sique de la causalité efficiente, et non pas seulement dans celui de la causalité morale par attrait ou comme lin. Autrement, il ne serait premier moteur qu’à

l’égard des agents doués de connaissance, seuls

capables d’être mus moralement par la propos

d’un objet qui les al t ire.

Enfin, il ne sutlit pas de dire av ec I lurand de V uni Pourçain, In U nm Sent. cList. L q. v. « pie Dieu a donne et conserve aux causes secondes la faculli.P.L/iI