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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/35

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PRÉMOTION PHYSIQUE. DIFFÉRENTS MODES

l’itiu, metaph., disp. [I, q. iii, a. ~, a bien montré ceci : l" l orsque saint Thomas nie la prédétermination, le contexte montre qu’il s’agit alors de la prédéterminalion nécessitante, au sens <lu Damascène, par exemple Contra génies, I. III, c. xc, liii, texte cité col. 17. De même, De veritale, q. xxii, a. fi, où il est parlé d’une détermination <i<l unum naturali inctinalione ou per modum naturæ, laquelle est à coup sûr nécessitante, et donc toute différente de celle dont nous nous occupons.

2° Lorsque saint Thomas dit que la volonté se détermine, C’esl dans l’ordre des causes secondes, et il est clair que la délibération est ordonnée à cette détermination du choix volontaire libre. C’est ce qu’affirme saint Thomas dans le laineux texte de la I’-ID q. ix, a. G, ad 3, liii, que nous examinerons en détail (col. r>fi) : Deus movet voluntatem hominis, sicut universalis motor ad universelle objectum voluntatis quod est bonum : et sine hac universali motione homo non potest aliquid velle ; sed homo per rationem déterminât se ad volendum hoc vel illud, quod est vere bonum vel appareils bonum (certes il en est ainsi dans l’ordre des causes secondes, c’est pourquoi l’homme délibère, et ainsi le péché est possible, ce qui répond à l’objection posée par saint Thomas). Sed tamen interdum specialiler liens movet aliquos ad aliquid determinate volendum, quod est bonum, sicut in lus quod movet per graliam, ut in/ra dicetur. Cf. P’-II"", q. cix, a. 6 ; q. exi, a. 2 ; q. cxii, a. 3. Et à la question suivante, I a —ID’, q. x, a. 4, corp. et ad 3 unt il est dit que cette motion divine ad aliquid determinate volendum n’est pas nécessitante, parce que son influx infailliblement efficace s’étend jusqu’au mode libre de notre choix, Incompossibile est huic motioni quod volunlas ad illud non moveatur. Non lamen est impossibite simpliciter. Ibid., ad 3um.

3° Lorsque saint Thomas dit que Dieu meut parfois la volonté sans imprimer quelque chose en elle, il veut dire sans produire en elle un habilus infus. Cf. De potentia, q. iii, a. 7, et De veritate, q. xxii, a. 8.

-1° Enfin, saint Thomas a distingué, I a —II i, ?, q. cix, a. 1. une motion générale au bien universel, requise pour tout acte de volonté et une motion spéciale pour tel acte spécial, comme pour la contrition par exemple. Il reste, comme il est dit ibid., que quantumcumque natura aliqua corporalis vel spiritualis ponatur per/ecla, non potest in suum actum procedere, nisi moveatur a Deo.

I.a notion de prémotion physique, prédéterminante et non nécessitante est donc bien conforme à la doctrine de saint Thomas. On peut aussi s’en rendre compte en lisant ses premiers commentateurs qui ont écrit bien avant Banez, et dont les textes ont été recueillis par le P. Dummermuth, (). I’., S. Thomas ei doctrina præmolionis physicæ, Paris, 1880 (De mente S. Thoma », p. 23-181 ; De vetere schola S. Thoma ?, p. 427-557, prsesertim Capreolus, p. 454482 ; Ferrariensis, p. 482-495 ; C.ajetanus, p. 405-506, etc. Quid de mente S. Thoma ; senserint antiquiores Societatis lesu theologi, Toletus, Molina, Suarez, etc., p. 085-754).

Voir aussi Dummermuth, Defensio doctrina* S. Thomæ de prœmotione phgsica. Responsio ad R. P. V. Frins, S..1., Louvain et Paris, 1895, examen des textes de saint Thoin is, objets de la controverse et doctrine des premiers thomistes, p. 317-401 ; P. Guillermin, C). P., De la grâce suffisante, dans Revue thomiste, 1902, p. 75 sq. (série d’articles ) ; D r J. l T de, Doctrina Caprecli de inftuxii bci in aclus voluntatis humante, Gratz, 1905, p. 158… Capreolum trad.disse doctrinam prædelerminationis physicæ diuersis teslimoniis probatur (le D r.1. l’de rapporte, ibid., qu’il avait entrepris d’écrire cet ouvrage dans la pensée que Capreolus était plutôt opposé à la prédétermination physique, mais i|uc l’examen des textes de ce grand commentateur de saint Thomas lui a fait voirie contraire) ; P. X. del Prado, i ». P., De gralia et libero arbitrio, Fribourg (Suisse), 1907, (. ii, præmotione, p. 1 H-253 : De natura physicæ præmolionis iit.iiti doctrinam sancti Thomte, et de diversis perfeclionis dradibus in physica præmotione.

P.. (iarrigou-I-agrangc, (). P., articles sur la l’rt détermina tion non nécessitante, dans Revue thomiste, 192 1, p. 19 1-518 ; dans Renne de philosophie, 1920, p. 379-398, 423-433, 659 070 ; et 1927, p. 303-324 ; du même. Le dilemme : Dieu déterminant ou détermine, dans Revue lliomiste, 1 928, p. 193-210 ; du même, Dieu, son existence et sa nature, 5e éd., 1929, p. S 19-879 ; I*. Synave, O. P., Prédétermination non nécessitante <i prédétermination nécessitante, dans Revue thomiste, 1927, p. 72-79 ; Ibid., p. 2 10-2 19, réponse au P. A. d’Alés ; du même, Bulletin thomiste, 1928, p. [358]— [368], supplément au n. de la Revue thomiste de nov.-déc. 1928, critique de l’ouvrage du P. A. d’Alès, Providence et libre arbitre,

1927, ou sont nunis les articles auxquels répondaient les nôtres dans la Revue de philosophie, 1920 et 1927 ; R. (jarrigou-I. agrange, La grâce infailliblement efficace et les actes salutaires faciles, dans Hernie thomiste, nov. 1925, mars 1920. Voir aussi R. Martin, O. P., Pour saint Thomas et les thomistes contre le R. P. Staffler, S. J., dans Revue thomiste, 1924.1925. 1920, série d’articles ; Ven. Carro, O. P., ICI mæstro Pedro de Soto ; / las controoersias th’-ologicas en cl siglo XVI (t. i, Salamanque, 1931g en cours de publication ) ; du même, De Soto à Buhez, dans Ciencia thomista,

1928, p. 115-178. et dans Angelicum, 19152, fasc. 4. p. 177 481.

Y. Les différents modes de promotion physique. — Le P. X. del Prado, O. P., a traite longuement cette question dans son ouvrage, De gralia et libero arbitrio, t. ii, 1907, c. vii, p. 245-258 ; cf p. 201 sq.. 225 >q.

Il montre, par de nombreux textes de saint Thomas, que, selon lui, Dieu meut notre intelligence et notre volonté de trois manières : 1° avant la délibération, 2° après elle, 3° au-dessus d’elle. Saint Thomas a noté ces trois modes de motion divine tant dans l’ordre de la nature que dans celui de la grâce.

Dans l’ordre naturel, Dieu meut notre volonté 1° à vouloir la béatitude en général (ou à vouloir être heureux) ; 2° à se déterminer elle-même à tel bien particulier par délibération discursive ; 3° il la meut par inspiration spéciale supérieure à toute délibération, comme il arrive chez l’homme de génie et les héros ainsi que l’a noté Aristote (Ethique à Sicomaque, 1. VII. c. i) et un de ses disciples platonisant dans la Morale à Eudème, I. VII. c. xiv ; cf. saint Thomas, D-II*, q. lxviii, a. 1.

De même, proportionnellement, dans l’ordre de la grâce. Dieu meut notre volonté 1° à se convertir vers la fin dernière surnaturelle : 2° à se déterminer à l’usage ou à la pratique des vertus infuses par délibération discursive ; 3° il la meut d’une façon supérieure à toute délibération par une inspiration spéciale, à laquelle les dons du Saint-Esprit nous rendent dociles.

Soit dans l’ordre naturel, soit dans l’ordre de la grâce, le premier mode de motion est avant la délibération humaine relative aux moyens (Ia-II », q. xiii. a. 3, et II a —II : c, q. xxiv, a. 1, ad 3 U l !) ; le second mode est après elle ou avec elle : le troisième est au-dessus d’elle. Saint Thomas a énuméré ces trois modes, D-ID’, q. ix, a. fi, ad 3° » : q. lxviii, a. 2 et 3 ; q. cix, a. 1, 2, 6, 9 ; q. exi, a. 2 ; De veritate, q. xxiv. a. 15.

Il suffit de traduire ici le premier de ces textes, qui — plusieurs semblent l’ignorer — s’explique par les suivants, surtout par ceux du traité de la grâce auxquels saint Thomas lui-même renvoie. « Dieu, dit saint Thomas, D-II 1’. q. ix. a. fi. ad 3’"", meut la volonté de l’homme comme premier moteur vers l’objet universel de la volonté qui est le bien (ainsi l’homme veut être heureux), et sans cette motion universelle nous ne pouvons rien vouloir. Mais l’homme, par sa raison, se détermine à vouloir ceci ou cela, un bien véritable ou un bien apparent. Cependant, parfois, Dieu meut spécialement certains à vouloir d’une manière déterminée tel bien, comme ceux qu’il meut par sa grâce, ainsi que nous l’expliquerons plus loin. » Cf. Ii-II-i, q. cix, a. 2 et (i. et q. exi, a. 2.

I.a place nous manque ici pour rapporter tous ces