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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/416

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annexer a ces Irois civilisations dites primitives celle « ilu boumerang. iini en est pourtanl distincte et qui semble un peu plu-— évoluée (couches anciennes de r Australie, Soudan méridional, région du Nil, couches anciennes de l’Amérique du Nord),

N itons le, dans ces civilisations, on ne trouve pas le totémisme parfait ou totémisme de clan. Le totémisme de sexe et le totémisme individuel, très rares dans la civilisation centrale, se rencontrent le premier dans la civilisation australe, le second dans la civilisation septentrionale, mais ils n’v jouent qu’un rôle secondaire. Or, la propriété est connue. Certes, les biens suscepl Ibles d’appropriation chez des peuples aussi simples ne sont ni nombreux ni Importants ; Ils consistent principalement tu objets de consommation, qui vont en effet presque toute la richesse a ce stade de civilisation ; ils comprennent en outre quelques outils rudimentaires et des armes très simples ; on ne songe pas encore a s’approprier II’sol.

(i ; En ce qui concerne les denrées <lr consommation, l’on sait que deux théories se sont fait jour. Selon les uns. la recherche des aliments, aussi bien que leur consommation, se sérail à l’origine effectuée collectivement, dans nu communisme parfait. Pour d’autres, et notamment pour K. Bûcher, l’individualisme aurait régné on maître ; chacun aurait cherché et consommé sa nourriture, sans souci de personne. En réalité, ces affirmations ne correspondent à aucune donnée observable. L’individualisme et le collectivisme à l’étal pur ne s, — rencontrent nulle part. L’homme réel, celui que l’ethnologie observe, vit en famille dés les civilisations primitives, et ce caractère éclate avec une évidence particulière clic/ les Pygmées et les Pygmoldes, qui semblent les plus simples des peuples primitifs.Or.ee

fait social de la vie familiale commande une organisation de la propriété, aussi éloignée du communisme radical que de l’indiv (dualisme absolu. La famille, comprenant au sens strict le père, la mère et les enfants, constitue l’unité de production et l’unité de consommation en ce qui concerne les denrées alimentaires.

b) On ne connaît pas de civilisation, si ancienne ri si simple qu’elle soit, où l’homme n’use pas d’un minimum d’outils, d’armes, de vêtements, etc. : ce sont aussi ibjets de propriété. Et cette fois on s’aperçoit qu’il s’agit d’une véritable propriété individuelle. I.e père a s outils : la mère, ses paniers ; chacun a son allume-feu. ses vêtements et ses parures. Or. tous urs s’accordent a reconnaître que chacun

dispose en maître et exclusivement des objets qui lui appartiennent et dont il s, — sert. o Chez des peupla chasseurs, ignorants de toute

agriculture et adonnés au nomadisme, l’idée même île riété foncière doit être inconnue, semble-t-il. Il est vrai que le sol ne fait pas l’objet d’une appropriation individuelle ni même familiale : c’est en un certain sens la propriété il.— la communauté, a savoir du groupe. Ces deux, trois ou quatre familles qui campent de compagnie disposent ensemble d’un certain terrain plus ou moins étendu : le sol n’étant utilisable que comme territoire de chasse ou de cueillette, il est inutile île le morceler entre les familles. Quant a le délimite ! précision, cela ne devient indispensable que dans certaines circonstances, par exemple lorsque plusieurs lisinent dans une même région aux ressources limitées. Au contraire, si la forêt est étendue et fertile. comme aux Iles Andaman, les familles en profitent pour se réunir en plus grand nombre et constituer sur un territoire commun des groupes plus importants. propriété immobilière des primitifs se précise en li concerne leur habitation. Simple hutte provisoire, rideau fie branchages tressés que l’on oriente pour se garantir du soleil ou du vent, cabane demi ronde ou entin conique, quelles que soient sa

forme et son importance, l’habitation est propriété familiale, les voyageurs parfois négligent de le rap porter, tant la chose va de soi ; ils notent des faits d’habitation commune, précisément parce que ces faits demeurent excepl lonnels.

On le voit, si nous ne voulons rien affirmer touchant

la toute première origine de la propriété’, nous devons néanmoins constater que nous ne connaissons aucun peuple, quelque simple que soit sa eiv ilisat ion. qui n’en possède la notion précise et claire. Cette nul ion est plus

ou moins strictement définie selon les catégories d’ob

jets considères, mais elle ne se présente pas originelle ineiil comme le produit d’clucubrat ions lolemistes. C’est une donnée plus solidement enracinée et plus constante.

D’autre part, la propriété primitive n’a rien d’une concession que l’État, sous les espèces du groupe de familles, du clan ou de la tribu, aurait faite aux familles ou aux individus. Le pouvoir public est peu différencié, presque inconsistant, en lace des familles unies et des individualités pleines de v ilalilé. Toutefois

ne repoussons pas à priori l’intervention politique dans l’usage, dans la répartition des biens. Maintes fois, lorsque l’autorité et la compétence propres de la famille sont en défaut. l’État y supplée. Il est avant

toul le propriétaire du sol. en ce sens qu’il préside au

choix, a la garde, a la délimitation du territoire de

chasse et de cueillette. De plus, le groupe assume des charges sociales qui lui donnent l’occasion d’entreprendre sur le droit individuel de propriété. On rapporte d’un groupe de Boschimans qu’une part notable du butin y revient régulièrement aux veuves. Après les randonnées de chasse en commun, l’Andamanais peut, s’il est père de famille, disposer de sa part de prise pour soi et pour les siens ; mais ce que rapporte un célibataire doit être partagé par les anciens au profil des infirmes et des vieillards. Dans une tribu d’Esquimaux, le pouvoir public peut contraindre en temps de disette celui qui a l’ail une belle capture à en laisser profiter tous les membres du groupe.

Il est donc arbitraire d’imaginer, aux origines de l’hu inanité, soit un communisme absolu, soil un individualisme absolu en matière de propriété, bai lait, c’est tantôt la propriété individuelle et tantôt la réglementation autoritaire qui l’emporte, mais les deux tendances se retrouvent toujours, et, au delà de ces oscil hâtions superficielles, il règne toujours entre elles une sorte d’équilibre.

2. La propriété chez 1rs peuples de civilisation ancienne ou primaire. — I.a suite de l’évolution historico-cult urelle mont re que l’homme s’est souvent éloigné de ce juste milieu, en matière de propriété comme dans le domaine des relations politiques ou familiales ; mais l’alternance des actions et des réactions autour de ce

pivol révèle bien l’attrait en quelque sorte naturel exercé par l’idéal d’une propriété équilibrée, où la liberté individuelle trouve son champ normal d’acli vite, où, d’antre part, le bien commun nbl ient quelques garanties essentielles.

a) lue des civilisations anciennes les plus curieuses a cel égard est la civilisation dite de la grande chasse. L’homme a perfectionné sa technique de la chasse ;

grâce à ce progrès et grâce aux conditions favorables présentées par des régions giboyeuses, son activité économique a pris une importance extrême, laissant loin derrière elle, presque sans intérêt, le travail de cueillette, dévolu a la femme. I.a grande chasse pro

cure des vivres abondants, des loisirs ; elle expe le groupement de nombreux associés qui, au repos, s’adonnent a une vie politique intense et compliquée. Le totémisme, les classes, avec leurs interdictions et buis strictes divisions sociales, caractérisent cette civil lion ancienne. La propriété, dans ses grandes lignes,