Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/431

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

S’. 7

    1. PROSPER D’(##


PROSPER D’(.)i ; iTAI M. S M VI

A cette lettre, Augustin devail répondre j > ; r le De prœdestinatione sanctorum et le De dono perseueranltæ, deux livres aujourd’hui séparés, qui ne formaient primitivement qu’un seul ouvrage. En attendanl l’arrivée <U’cette réponse, Prosper, pour occuper ses loisirs et pour opposer une apologie nouvelle des thèses augustiniennes à leurs adversaires, se mil à t raduire en quelque sorte en vers sa lettre à l’.ulin. Le Carmin de ingratis, en 1002 hexamètres, n’est pas autre chose en effet qu’une reprise des doctrines et des arguments déjà exposés dans cette lettre. P. L., t. ii, col. 91-1 18.

Lorsque l’ouvrage de saint Augustin arriva a Marseille, son auteur était près de mourir ; il n’en connut pas les répercussions. Celles-ci ne tardèrent pas cependant : deux prêtres génois, Camille et Théodore, ne lurent pas sans inquiétude le livre du grand docteur ; ils tirent part de leurs doutes à Prosper, qui répondit par les Pro Augustino responsiones ad excerpta Genuensium, P. L., t. i.i, col. 1 87-202, chaleureuse apologie du Dr prædestinatione.

La mort de l’évêque d’Hippone laissait le champ libre à ses adversaires. Prosper, de plus en plus isolé en Provence, prit le chemin de Rome, avec un ami, Hilaire, sans doute afin d’y obtenir l’appui du pape Célestin et la condamnation des doctrines professées à Marseille et à Lérins. Il ne fut qu’à demi satisfait. La lettre de saint Célestin aux évêques gaulois, P. L., t. l, col. 528-530, évite de prendre parti dans les controverses doctrinales et se contente de demander le silence et la paix. Prosper, ne pouvant obtenir davantage, retourna en Gaule.

Le pape, cependant, prêchait dans le désert : immédiatement après sa mort et l’avènement de Sixte III, la querelle reprit de plus belle. Cassien publia ses Conférences, Vincent de Lérins son Commonitorium, Arnobe le Jeune son Prædestinatus. A ce moment, Prosper tient tête à tous les antiaugustiniens. Il écrit coup sur coup, le De gratia et libero arbitrio contra Collatorem, P. L., t. li, col. 213-276 ; le Pro Augustino responsiones ad capitula objectionum Gallorum calumniantium, ibid., col. 155-174 ; le Pro Augustino responsiones ad capitula objectionum vincentianarum, ibid., col. 177-186. Les trois ouvrages, à peu près contemporains, doivent dater des années 432-434 ; ils marquent le suprême effort de Prosper en faveur de son maître préféré.

Cassien mourut en 435 ; en Gaule l’orage se calma, et Prosper, dès ce moment, alla s’installer à Rome. II publia d’abord un commentaire des psaumes qui utilisait d’ailleurs les Enarrationes de saint Auguslin. Cette Expositio super psalmos, P. L., t. i.i, col. 277426, est une œuvre de paix. C’est également une œuvre de paix et de concorde que les capitula annexés à la lettre xxi du pape Célestin, si vraiment ce recueil est de notre auteur, comme on est tenté de le croire. Dom M. Cappuyns, L’origine des « capitula » pseudoeélesliniens contre le semi-pêlagianisme, dans Rev. bénéd. t. xli, 1929, p. 156-170.

Les capitula semblent appartenir à la période 435442. Dans le milieu romain, Prosper retrouvait la tranquillité de l’esprit et du cœur. Les fonctions importantes qu’il occupait, d’après ses biographes, à la chancellerie pontificale, auprès du pape saint Léon, ne lui laissaient pas le temps de s’occuper beaucoup du problème de la grâce. Il ne l’oubliait d’ailleurs pas. Aux environs de 450, il rédigea le De vocatione omnium gentium, P. L., t. li, col. 647-722 ; ouvrage capital, qui adoucissait ce que la doctrine augustinieune offrait de trop rigoureux et qui marquait, de la paît de son auteur, de réelles concessions. Dom M. Cappuyns, L’auteur du « De vocatione omnium gentium. dans Jïev. bénéd., t. xxxix, 1927, p. 198-226.

Après cela, Prosper ne se préoccupa plus de cher cher des solutions nouvelles aux problèmes de la grâce cl « le la prédestination. Ses derniers écrits ne sont que des compilations ; il forma de la sorte un recueil de sentences, Liber sententiarum ex operibtu sancti Augustini delibatarum, P. L., t. li, col. 127-496, qui est une série <le 392 pensées, adaptées d’une part de 17. i posilio psalmorum et, de l’autre, directement inspirées des œuvres du grand docteur. Puis il essaya de mettre en distiques son florilège : ce sont les Epigrammata ex sententiis sancti Augustini, ibid., col. 197-532.

Ces Epigrammala, dans lesquelles on trouve des allusions très nettes a Eutychès, durent être la dernière œuvre de Prosper. lue Chronique, dont il avait entrepris depuis longtemps la rédaction et qu’il poursuivait tout en s’occupant de théologie, nous conduit, dans sa dernière édition, jusqu’en 455. L’auteur ne dut pas vivre beaucoup après cette date. La chronique de Marcellin le mentionne encore en 463 : son témoignage n’a pas de valeur pour nous renseigner sur la date exacte de la mort de Prosper.

II. Enseignement tiiéologkjue.

Si le tableau que nous venons de tracer de la vie et de l’activité littéraire de Prosper d’Aquitaine est exact, on comprend qu’il n’est pas possible de parler en bloc de son enseignement théologique, comme si celui-ci n’avait jamais varié.

En réalité, saint Prosper, après avoir été un défenseur ardent des formules les plus absolues de saint Augustin, adoucit peu à peu ses expressions et tempéra sa pensée, jusqu’au point de rédiger un traité sur l’appel de toutes les nations. Et telle est la distance qui sépare ce dernier ouvrage de ses premières compositions que son authenticité a été souvent mise en doute et qu’elle reste encore contestée par de bons auteurs. Mais il faut, semble-t-il, se rendre aux arguments de dom Cappuyns : la controverse avec Cassien et les lériniens étant une fois achevée, et sous l’influence apaisante du pape saint Léon, Prosper a tempéré sa rigidité première et adopté des solutions moins dures que celles pour lesquels il avait d’abord combattu.

Dans ses premiers écrits, Prosper insiste fortement sur la. gratuité absolue de la grâce : tel est le thème fondamental de VEpistola ad Rufinum ; la lettre aux Génois traite surtout de la prédestination et accepte d’enthousiasme les solutions que vient de donner saint Augustin dans le De prædestinatione sanctorum : « Des Tyriens et des Sidoniens, écrit-il, que pouvons-nous dire d’autre, sinon qu’il ne leur a pas été accordé de croire, puisque la Vérité elle-même déclare qu’ils auraient cru s’ils avaient vu les signes miraculeux qui ont été accomplis chez les non-croyants ? Pourquoi cela leur a-t-il été refusé ? Que le disent, s’ils le peuvent, nos calomniateurs, et qu’ils expliquent pourquoi le Seigneur a fait des signes chez ceux à qui ils ne devaient pas servir, et pourquoi il n’en a pas fait chez ceux à qui ils devaient servir. » P. L., t. i.i, col. 198 A.

A partir de 132. l’évolution de saint Prosper commence à se dessiner. Le Contra Collatorem ne dit pas un mot de la prédestination ; il se contente de revenir sur la gratuité absolue de la grâce, sur sa nécessité pour le commencement même de l’œuvre du salut et sur son efficacité ; bien que la liberté du converti reste entière, sa conversion est cependant l’œuvre de Dieu, et ses mérites sont aussi les dons de Dieu.

Les réponses aux calomniateurs gaulois reviennent en revanche sur le problème de la prédestination : saint Prosper avait été mis en quelque sorte au pied du mur ; il ne pouvait pas ne pas répondre. Or. il adoucit les formules de saint Augustin : il déclare sans doute que les élus ont été prédestinés gratuitement. indépendamment de toute considération de leurs bonnes œuvres, ut et qui salvantw ideo salai sint quia illos voluit Drus idr<is jieri : mais les méchants n’ont