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    1. PROVERBES LIVRE DES)##


PROVERBES LIVRE DES). ENSEIGNEMENTS

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loppement de leurs tendances particulières et de leui action.

1° Enseignements religieux.

I., Dieu,

a) Son existence et son nom. Dieu existe pour Israël sous son nom propre de Jahvé, Lequel nom est pour le juste comme une « tour forte », un lieu « le i refuge », xyiii, 24 : un nom réellement divin qui reste la propriété de l’Israélite, même sur le sol étranger, XXX, 9 (paroles d’AgUT : « le nom de mon Dieu (Éloah) n’est [ias a outrager), en même temps qu’il est toujours comme le sceau de 1’ « alliance » contractée au désert, ii, 17 (la femme Israélite elle-même ne doit pas oublier l’alliance de son Dieu, Élohim). Mais il existe aussi comme Dieu universel, seul maître et seigneur du monde et des hommes : lui seul connaît bien son nom créateur, xxx, 3-4 ; lui seul est objet de connaissance religieuse, iri, 5 ; lui seul (parallèlement aux hommes, ses créatures) juge de la vraie sagesse, iii, 4.

b) Ses attributs. —

Dieu est éternel, puisqu’il crée la sagesse « de toujours », avant toute œuvre temporelle, vin, 22-23 ; il est saint, ayant en horreur la perversité et les pensées mauvaises, aimant la droiture et la bienveillance, m, 31-32 ; xv, 26 ; il est même « le Saint », ix, 10 ; immuable, en ses desseins qui toujours s’accomplissent, xix, 21 ; omniscient : ses yeux observent les voies et sentiers de l’homme, plongent jusqu’aux enfers, pèsent les esprits et les cœurs, v, 21 ; xv, 3-11 ; xvi, 2 ; xxii, 12 ; omnipotent : il a pu créer l’univers, vm, 22-31 ; il « incline » à son gré « même le cœur du roi », xxi, 1 ; bon : même quand il châtie, c’est comme un père l’enfant qu’il chérit, iii, 12 ; juste : « la balance et les plateaux justes sont » de lui, xvi, 11 ; les faux lui sont en horreur, xi, 1.

2. La création. —

Œuvre de Dieu indépendant et libre, iii, 19-20 ; xvi, 1 ; xxx, 4, elle est décrite avec quelque détail dans viii, 22-31. Dieu la gouverne par sa providence, iii, 19-20, et, particulièrement dans le monde moral, tout y arrive conformément à sa direction occulte et cachée aux yeux de l’homme, xvi, 9 ; xx, 24 ; xxi, 1, 30-31. Ce sont les biens terrestres : santé, longue et heureuse vie, richesses, qui font le principal de la juste rémunération que Dieu accorde à celui qui le craint, iii, 5-10. Sa bénédiction, sa faveur, iii, 3235 ; xii, 2, l’affermissement ou le secours qu’il octroie, xv, 25 ; xviii, 10-11, ont le même objet : ainsi rend-il à chacun selon ses œuvres, xxiv, 12, même quand il maudit, damne ou punit, xvi, 5.

3. L’homme et sa destinée.

Dans son être composé physique, l’homme est doté d’une âme (ne sâmâh, souffle vital, principe de vie), comparée à une « lampe » dont la lumière pénétrante illumine tout 1’ « intérieur » de l’homme, xx, 27, et qui est allumée par Jahvé lui même. Cette âme est dans un corps (bétén), 27 b, cf. xviii, 8 et xxvi, 22, fait aussi par Jahvé. xx, 12. Chacun de ces composants réagit sur l’autre, le corps sur l’âme : « fermer les yeux, pincer les lèvres » est déjà méditer la tromperie, commettre le mal, xvi, 30 ; l’âme sur le corps : « une bonne nouvelle » fortifie les os, xv, 30 b, « un cœur joyeux » est un remède, xvii, 22 a ; en revanche, « un esprit abattu » dessèche le corps, xvii, 22 b.

L’immortalité de l’âme est-elle affirmée explicitement dans le proverbe de Salomon xii. 28 : « Dans le sentier de la justice (est) la vie ; et la voie de son ( ?) sentier (la) non-mort » ? De texte hébreu, déjà embarrassé, de ce verset devient suspect si on le compare au texte des versions immédiates, Septante et Yulgate, qui porte d’abord, avec vingt -cinq manuscrits massorétiques, la locution « vers la mort » — sic Oocvoctov. ad mortem, hébreu : el mâvét— formant parallélisme antithétique avec le premier vers, où l’on va à la vie, et indiquant le terminus d’un sentier autre que celui de la justice. La version des Septante définit ce sentier : 680l

6z u.vT)otxdcxci>v, i voies des rancuniers ; la Vulgate :

ittT autem devium, « chemin tortueux ». Aux lieu et place de l’hébreu reçu iie libûh, « sentier », véritable doublet de dérék, voie », le grec a lu vraisemblablement : ’ébrah et le traducteur latin : nit’ab, plus vraisemblablement encore. La portée du « proverbe se rétrécit ainsi au sort malheureux du pervers qui, par le fait de sa perversité prend le chemin d’une mort prématurée en s’écartant de la voie droite qui assure une vie longue et heureuse. Cf. ii, 18-19 ; v, 5 ; vii ix, 18 ; xxi, 10, etc.

Dans son être moral, l’homme est doué de liberté, puisqu’il peut ne, pas répondre à l’appel de la sa^< lui résister, négliger ses conseils, sa réprimande, i, 2125. Par nature, il n’est donc pas à l’abri du péché et il ne peut être assure de n’avoir jamais péché, xx, 9. C’est pourquoi le malheur peut atteindre le juste, qui se relève pourtant, tandis que le méchant y est » préeipilé » sans espoir, xxiv, 10.

Les fins dernières de l’homme paraissent considérées dans le livre des Proverbes d’un double point de vue : du lieu où s’en vont « tout entiers » tous les mortels, i, 12 b ; xxi, 16 b ; xxvii, 20 ; xxx, 16, et de la sanction, récompense ou châtiment, dans l’au-delà, appliquée à chacun selon ses œuvres et ses mérites, xii, 1 1 (xxiv. 12).

Les morts « descendent », i, 12 b ; v, 5 b ; vii, 27 b, au schéol, « séjour de la mort », situé dans les « profondeurs » de la terre et opposé aux « cieux », ix, 18 ; xxv, 3, impénétrable aux regards des humains, xv. 1 1. et représenté parfois comme un être monstrueux dont la gueule « insatiable » engloutit les vivants, i, 12° ; xxvii, 20 ; xxx, 6. Les mots, grec et latin qui traduisent l’hébreu $*’ôl évoquent des images semblables : injerus ou infernus, « souterrain », et ixStjç, « invisible ». Trois fois ces vocables sont mis en parallèle avec la « mort elle-même, ii, 18 ; v, 5 ; vii, 27 ; une fois avec le « puits ou la « fosse » où l’on enterre les défunts (hébreu : bôr ; latin : lacus). i, 12 b. Par là, le séjour des morts s’identifie en quelque manière avec leur tombeau. Considérés dans leur totalité, ces morts forment cependant « au schéol » comme une « assemblée », xxi, 16 : « l’assemblée des r^faïm », cf. ii, 18 b ; ix, 18 a, que les versions dénomment « géants » : xxi, 16, YÎyavTs ;, gigantes, ou « fils de la Terre » : ix, 18, -prçYSvsïç, et que le grec une fois en particulier représente curieusement comme des âmes-oiseaux s’en allant jucher — ère ! 7TSTaupov aSou, « sur le perchoir de l’hadès », ix. 18 — lointaine réminiscence de la fable babylonienne qui décrit « l’habitant de la maison des ténèbres, les bras vêtus d’un vêtement d’ailes et nourri de poussière et de boue ». Gilgamès, tabl. ii, col. iv, b, lig. 28, 33-31 ; IStar aux enfers. r°, lig. 7-10.

Est-il réellement fait mention dans le livre des Proverbes d’une sanction d’outre-tombe ? Le texte xxiii, 18, par le mot’ahartt, in novissimo (Vulg.), paraît se référer à l’au-delà, faisant promesse d’un « avenir. récompense de la crainte de Jahvé, objet d’une « espérance impérissable > ; mais il est encore fort embarrassé dans l’hébreu : « car si donc (est) un avenir, ton espérance ne sera pas déçue », et ne s’explique que par l’omission d’un mot essentiel qui se retrouve dans le grec : 17. « Que ton cœur… ait toujours la crainte de Jahvé ; 18, car, si tu la gardes, tu auras postérité, et l’espérance que tu as ne sera pas déçue » — èàv yàp Ty ; pr, rry ; ç aura, ïrsry.’. aoi ÈV.yovx — l’hébreu étant à restituer : « car si tu la gardes (tisnFrénnâh), postérité à toi (’aharlt lâk), de même le syriaque et le targum : ci’que confirme la Vulgate hiéronymienne : quia habebis spem (môrâS, lecture fautive du verbe sàmar, « garder "). in novissimo (b°’aharit). L’espérance non déçue étant, en vertu du parallélisme, celle d’une « postérité. la promesse ne dépasse pas encore en por-