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PROVERBES (LIVRE DES)
l’HdVI DENCE
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les principales traductions anciennes, Leipzig, 1890 ; Mezzacasa. Il libro itti Prouerbi di Salomone (studio crltlco suite agejiiinir greco-alessandrlne), Borne, 1913. Cf. Revue biblique, 1914, p. 300-302.
Sur la version syriaque (Peschito), a version Bahidique.le targum des Proverbes, voir Dictionnaire de lu Bible, t., Paris, 1912, col. 793-794, et W.-H. Worrell, TheProverbs » Solomon in sahidic coplic accordtng to the Chicago manuscript, Chicago, 1931.
L. Bioot.
PROVIDENCE. — On étudiera successivement :
I. La providence dans la sainte Écriture ;
II. La
providence selon les Pères grecs (col. 941) ;
III. La providence
selon saint Augustin (col. 961) ;
IV. La providence
selon la théologie (col. 985).
I. LA PROVIDENCE DANS LA SAINTE ÉCRITURE.
— Ce que le commun langage appelle providence, les théologiens le nomment plutôt gouvernement divin. Ils réservent ce terme de providence pour désigner le divin et éternel programme, dont le gouvernement du monde par Dieu représente l’exécution historique. La sainte Écriture, bien entendu, parle le langage de tout le monde. Essayons néanmoins d’introduire quelque distinction dans ses propos. Voyons ce qu’elle nous dit d’abord du gouvernement divin, puis de la providence et enfin de la prescience liée nécessairement à la providence.
I. Le gouvernement divin. —
Ce serait perdre son temps que d’entreprendre de prouver que, pour la sainte Écriture, Dieu gouverne le monde qu’il a créé.
La Bible n’a pas d’autre objet que ce gouvernement divin du monde et spécialement de l’humanité. Que font en effet les livres historiques de l’Ancien et du Nouveau Testament que de nous raconter ses successives entreprises ? Et les livres prophétiques que de les annoncer à l’avance ? Et les livres sapientiaux ou doctrinaux que d’en faire l’apologie ?
1° Sa marche générale. —
Dès les récits de la création, Gen., i-ii, nous voyons s’affirmer l’anthropocentrisme du gouvernement divin. Dès l’histoire du paradis, Gen., ii, l’homme nous apparaît élevé à l’ordre surnaturel. D’où nous pouvons conclure que Dieu va gouverner le monde (anthropocentrisme) et l’humanité au bénéfice des destinées surnaturelles de l’homme. Le gouvernement divin du monde se révèle un gouvernement surnaturel. Cependant, la chute originelle, Gen., ii-iii, va lui imprimer un cours nouveau. Le gouvernement surnaturel devient un gouvernement de rédemption. La nature elle-même, au dire de saint Paul, Rom., viii, 19-22, pour avoir été dès l’origine coordonnée à l’homme, se trouve engagée en ce nouveau système : « La vive attente de la nature appelle en effet la révélation des fils de Dieu. La nature a été assujettie à la vanité, non de son propre chef, mais par celui qui l’y a soumise, dans l’espoir que la nature aussi sera délivrée de l’esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous savons en effet que la nature entière gémit et souffre, en tous les êtres qui la composent, les douleurs de l’enfantement jusqu’à maintenant. » Nous devons d’ailleurs avouer que la signification précise de ces paroles nous échappe. Ce dont nous ne pouvons douter, c’est que la nature et l’humanité, telles que nous les avons sous les yeux, appartiennent l’une et l’autre à l’ordre de la chute et sont gouvernées solidairement par Dieu en vue de la rédemption.
Le gouvernement divin se développe sous forme de choix successifs effectués au sein de l’humanité. La Genèse les évoque tour à tour, avec leur contre-partie d’éliminations progressives. A la première génération, Soth est élu et Gain rejeté. Plus tard, c’est Noé qui survit, tandis que le gros de l’humanité périt dans les eaux du déluge. Voici Sem, que Dieu favorise d’une bénédiction spéciale qui n’est point accordée à ses deux frères. Dans la suit e, Abraham bénéficie, parmi la descendance de Sein, d’une élection que la Genèse met en rapport direct avec la promesse originelle d’un Rédempteur. IsaâC, à son tour, est choisi, à l’exclusion d’Ismaël, et finalement c’est à Jacob-Israël que se termine le processus des élections divines, Ésaii étant rejeté. A propos de ces derniers choix, saint Paul a fortement souligné la souveraine liberté de Dieu en ces actes majeurs de son gouvernement. Hom., ix, 0-13. Jacob-Israël est le père du peuple nommé Israël d’après son propre surnom, peuple de Dieu, peuple messianique, qui devient l’objet privilégié de ce gouvernement divin, dont nous avons dit qu’il était tout orienté vers le Rédempteur et la rédemption.
Ce n’est pas à dire que Dieu ait jamais, pour autant, cessé de gouverner ces portions de l’humanité qu’il n’élisait point en vue de l’accomplissement de son dessein spécial de rédemption. Le prophète Amos nous en est un garant particulièrement précieux. « Les anathèmes contre Damas, les Philistins, Tyr, Édom, Ammon, Moab, qui précèdent, aux c. i-ii, la condamnation de Juda et d’Israël, mettent clairement en relief, dès le début du livre, cette idée que Jahvé exerce son empire sur tous les peuples, que tous relèvent de sa justice souveraine. Il est à noter que ce n’est pas seulement comme protecteur de son propre peuple, mais à un titre absolu que Jahvé revendique et met en œuvre le pouvoir sur les nations païennes. » Van Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. 103.
Plus décisif encore est l’enseignement de saint Paul. Pour être en quelque sorte concentré sur Israël, le gouvernement salvifique de Dieu n’en embrasse pas moins l’humanité tout entière. Ce n’est pas assez de dire que l’œuvre rédemptrice dont Dieu prépare en Israël l’accomplissement tournera finalement au bénéfice spécial des gentils. Entre temps, Dieu ne les a pas abandonnés. « Ce Dieu, déclare Paul aux païens de Lystres, dans les siècles passés, a laissé toutes les nations suivre leurs voies. » Act., xiv, 15-17. Ce qui veut dire surtout qu’il ne leur a pas donné de loi semblable à la loi mosaïque. « Cependant, il n’a pas cessé de se rendre témoignage à soi-même, en faisant du bien, en dispensant du ciel les pluies et les saisons favorables et en nous donnant avec abondance la nourriture qui remplit nos cœurs de joie. » Paul insiste dans son discours aux Athéniens : « D’un seul homme, il a fait sortir tout le genre humain pour peupler la surface de toute la terre. Il a fixé pour chaque nation la durée de son existence et les bornes de son domaine, afin que les hommes le cherchent comme à tâtons, quoiqu’il ne soit pas loin de chacun de nous. Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être… » Act., xvii, 26-28.
Paul précise sa pensée, Rom., i, 19-20 : « Tout ce que l’on peut connaître de Dieu leur (aux gentils) est clairement connu. Dieu le leur a fait connaître. Depuis la création du monde, ses invisibles perfections se découvrent à la pensée par le moyen de ses œuvres, à savoir sa puissance éternelle et sa divinité. » Mais ils ignorent la loi de Dieu I Non pas. « Lorsque des gentils, qui n’ont pas de loi, accomplissent naturellement ce que prescrit la Loi, ces gens-là, qui n’ont pas de loi, sont à eux-mêmes leur loi. Ils montrent que les prescriptions de la Loi sont gravées dans leur cœur. Leur conscience aussi leur rend témoignage, de même que ces débats intérieurs qui tantôt les accusent et tantôt les défendent. C’est ce que l’on verra au jour où Dieu, selon mon évangile, jugera les actions secrètes des hommes par Jésus-Christ. » Rom., ii, 14-16 ; cf. Eccli., xvii, 5-8, que nous aurons l’occasion de citer plus loin. Qu’on n’objecte point qu’à ce régime les gentils, d’après Paul, ne sont arrivés à rien. A prendre ses propos à la lettre, les Juifs n’ont pas eu meilleur succès.