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individus. DiaL, i, col. 173 c- 176 A. Parmi les attributs qui conviennent à pieu, cm use de l’être de toutes choses, DiaL, iii, col. 181 B, Justin mentionne au premier plan la bonté. I)ieu a créé le monde pour l’homme par bonté etil distribue à tous ses bienfaits, Apol., i, 10, col. 340 C ; don, en échange, le bien-fondé de la prière, de l’action de grâces et de l’eucharistie. L’incarnai ion du Christ et son supplice ; ont été voulus par le Père pour la rédemption du péché. Apol., ii, 6, col. 153 B ; DiaL, i.xiii, col. 620 C ; xc.v, col. 701 CD. Le sacrifice eucharistique non seulement rend grâces du bienfait de la création, mais il commémore également la passion du Sauveur et la libération du péché et de ses conséquences. DiaL, xi.i, col. 5(51 C. Si l’on mentionne la place faite, dans le gouvernement divin, aux intermédiaires ange liques et le rôle, partout mis en relief, des démons, on aura groupé les traits essentiels de la pensée de Justin philosophe, apologiste et théologien, sur le gouvernement de Dieu à l’égard de ses créatures.

Comme l’avait fait Justin, Taticn, son disciple, insiste sur les fins morales que poursuit le gouvernement divin ; les hommes sont libres de toute inclination fatale au mal, cette liberté est la seule cause du péché, car aucun mal ne peut venir de Dieu. Discours aux Grecs, xi, P. G., t. vi, col. 829 BC ; le maître de toutes choses laisse pour un temps les démons et ceux qui leur obéissent faire leur œuvre mauvaise ; il se réserve de juger toutes les créatures à la fin du monde. Ibid., xii, col. 832 C.

Athénagorc invoque l’ordre du monde comme un argument en faveur de l’affirmation de la providence divine. Lcgalio pro christianis, xxv, P. G., t. vi, col. 949 CD. Dieu exerce sa prévoyance à l’égard de tout ce qu’il a créé grâce au ministère des anges. Ibid., xxiv, col. 918 A. Les démons, anges déchus, ont amené le trouble dans l’ordre établi par Dieu, ils sont causes que certains esprits aient pu mettre en doute l’existence d’une providence. Ibid., xxv, col. 948 C-949. Ainsi Aristote a-t-il nié que celle-ci puisse s’étendre aux réalités du monde inférieures au ciel. Ibid. Dans le même ouvrage, Athénagore prend parti contre rêx7rôpco(nç des stoïciens et la doctrine de l’éternité de la matière. Ibid., xx, col. 929 B. Mais c’est surtout dans son traité Sur la résurrection des corps que le philosophe chrétien insiste sur l’objet moral du gouvernement divin. Celui qui admet la providence universelle de Dieu, sa sagesse et sa justice, doit également admettre le châtiment final des méchants et la récompense des bons, tant dans leur àmeque dans leur corps. De resurr., xvii, P. G., t. vi, col. 1009 BD.

Dans son I" livre à Autolycos, Théophile d’Anlioche reprend et développe l’argument esquissé par Athénagore : l’ordre du monde nous permet de connaître quelque chose de Dieu ; c’est par sa providence qu’il se manifeste à nous, de même que l’âme d’un homme nous est dévoilée par les mouvements de son corps. Ad Aulol., i, 4-G, P. G., t. vi, col. 1029 B-1033 C. Le IIe livre oppose aux doctrines philosophiques et cosmogoniques des anciens sur l’origine du monde et sur la providence les enseignements tirés de l’Écriture et, plus spécialement, du livre de la Genèse. Ad Autol., ii, 4-11, col. 1052-1069. En effet, Dieu s’occupe du genre humain ; il lui a donné la loi et les prophètes qui lui enseignent et l’unité de Dieu et les vertus au moyen desquelles on peut obtenir la vie éternelle. Ibid., 34, col. 1108 AB.

IL L’opposition au gnosticisme, saint Irénée. — Saint Irénée, pour théologien qu’il soit, sait faire également leur part aux affirmations de la raison naturelle touchant la providence.

Certains païens, dit-il, moins adonnés que d’autres aux voluptés coupables et au culte des idoles, ont pu connaître quelque chose du Père, artisan de toutes

i ho.s, qui gouverne le monde pour nous. dont, hier.,

t. III, t- xxv, 1, P. G., t. vii, col. 968 li. Les épicuriens se voient reprocher d’avoir nié la providence, I. III,

c. xxiv, 2, col. 967 C, tandis que Platon, « plus religieux », est loué d’avoir confessé la bonté, la justice et la puissance divines. L. III, <’xxv, 5, col. Irénée affirme, en termes très forts, comment rien n’échappe au gouvernement divin, t. II, c xxv ;, 2-3, col. 801-802 ; les anges et les démons même v sont soumis, I. II, c. vi, 2. col. 72 1-725 : ce pouvoir universel de Dieu est comparé a celui qu’exerce l’empereur dans L’État. Ibid. Comme l’avaient fait les apologistes, l’évêque de Lyon estime que l’un des actes essentiels du gouvernement divin est la récompense des bons et la punition des méchants. L. IV, c. xxxvi, 6, col. 1096 C ; c. xi., 1-2, col. 1112-1113 ; t. V, c. xviii, 3, col. 1174 C.

Supposant aux hérésies dualistes, Irénée affirme avec une vigueur spéciale, contre les gnostiques, l’unité du Dieu créateur, I. II, c. i-iv, col. 709-721, et contre Marcion l’identité du Dieu créateur et juge et du Dieu Père, révélé dans le Nouveau Testament. L. III, c. xxv, 2-3, col. 968-969. L’argumentation du controversiste est appuyée surtout par des textes scripturaires ; on ne peut relever ici le détail de la discussion ; qu’il suffise de faire mention d’un argument théologique, d’une force réelle et d’une originalité indiscutable, qui fait état du dogme eucharistique pour prouver l’unité du plan divin. Comment le Christ aurait-il pu dire que le pain est son corps et le vin son sang, si son Père n’était pas le Dieu qui a fait le pain et le vin ? Pour pouvoir nous nourrir de son corps après nous avoir rachetés par son sang, Jésus doit être le Fils de celui qui a fabriqué » ce monde visible. L. IV, c. xviii, 4, col. 1027 ; c. xxxiii,

2, col. 1073 B ; t. V, c. ii, 1-2, col. 1123-1125. Irénée use de termes qui font image pour mettre en relief, contre la gnose, l’unité du plan divin : Adam avait été comme une pâte, un plasma sous les doigts du Créateur ; l’application de la rédemption, le don de la grâce est une nouvelle plasmatio. L. IV, c. xxxix, 2-3, col. 1110-1111 ; t. V, c. xvi, 1, col. 1167 AB. De même, l’homme avait été créé à l’image de Dieu, mais, le Verbe étant alors invisible, il a facilement perdu cette divine ressemblance. Le Verbe fait chair, image visible du Dieu invisible, est venu rendre à l’homme et consolider sa similitude avec le Père invisible. L. V, c. xvi, 2, col. 11671168. On touche ici à la doctrine de la récapitulation de toutes choses dans le Verbe, qui constitue la fin particulière en même temps que le moyen privilégié du gouvernement divin. Cette récapitulation, c’est l’o’ixovop. îa, le plan, la disposition de Dieu sur l’humanité, réalisé par l’incarnation et la passion du Christ. Tantôt Irénée parle des dispositions divines, oixovoutai, que le Saint-Esprit a révélées par le ministère des prophètes, t. I, c. x. 1, col. 549 B ; tantôt il emploie comme synonymes disposition et gouvernement, disponens et gubernans, 1. I. c. xxii, 1, col. 669 C : disposition et providence, providens et disponens, t. III, c. xxv, 1, col. 968 B ; tantôt il met en conjonction disposition et récapitulation : Christus Jésus Dominas noster veniens per universam dispositionem et omnia in semetipsum recapitulans. L. III, c. xvi, 6, col. 925 C. Au contraire, ceux qui admettent une pluralité de principes, de dieux et d’éons restent extra dispositionem, en dehors de l’accomplissement gratuit de la récapitulation dans le Christ. L. III, c. xvi, 8, col. 926 C. Il semble qu’il était difficile de marquer, dans une doctrine théologique plus forte et plus nette, l’unité du plan divin sur l’humanité.

Dans la Démonstration de la prédication apostolique, catéchèse plus élémentaire, Irénée se contente d’afiîrmer que « tout est placé sous le domaine de Dieu, tout ce qui est placé sous sa dépendance doit agir pour lui. Démonstr., 3, P. O., t.xii, p. 758.