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    1. PSAUMES (LIVRE DES)##


PSAUMES (LIVRE DES). LES ATTRIBUTS DIVINS

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Aussi le poète qui a composé le ps. xxxvi magnifict-il ces deux attributs de Dieu :

Jahvé’comme’les cieux est la bonté ;

Ta fidélité’va’jusqu’aux nues.

Ta justice est comme les montagnes de Dieu.

Tes Jugements comme’le vaste Océan.

L’homme et l’animal tu les sauves ;

Jahvé, combien précieuse est ta bonté. ixxxvi, » -s. i

D’autres auteurs lui font écho :

Élevée jusqu’aux cieux est ta bonté.

Et jusqu’aux nues ta fidélité. (lvii, 11 ; cf. c.viu, 5.)

Daus le psautier on ne voit que bonté universelle de Dieu, une bonté qui se traduit en faveur et en miséricorde :

Auprès de Jahvé est la bonté. (cxxx, 7.1

Jahvé est bon envers tous,

Et sa miséricorde est sur toutes ses œuvres, (cxi.v, 7. i

La terre est remplie de la bonté de Jahvé. (xxxiii, .">. i

Ta bonté est meilleure que la vie. (i.xiii, 4. i

Universelle, cette bonté est également éternelle : Jahvé, ta bonté est éternelle. (cxxxviii, 8.)

C’est pourquoi le psalmiste ne cesse de proclamer la fidélité de Jahvé, en même temps que sa bonté, ps. xxv, 10 ; lvii, 4 ; lxi, 8 ; lxxxix, 2, 25, 29, 34 ; xcvni, 3 ; cxxxviii, 3. Une bonté éternelle, ps. xxv, (3 ; c, 5 ; evi, 1 ; cvii, 1, est une bonté fidèle. Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant que parfois revienne comme un refrain ou comme une réponse à des litanies cette courte phrase : « Car sa bontéest éternelle. » Ps cxxxvi, 1-26 ; cf. cxviii, 1-4, 29.

Le Juif ne pouvait, en effet, oublier qu’en un jour solennel Jahvé lui-même s’était écrié devant Moïse : « Jahvé ! Jahvé ! Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve sa grâce jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la révolte et le péché. » Ex., xxxiv, 6-7. Ces mots, il les retrouvait dans son psautier, lxxxvi, 15, et il les voyait exaltés en une magnifique comparaison, celle de la miséricordieuse bonté d’un père pour ses enfants :

Jahvé est miséricordieux et compatissant. Lent à la colère et riche en bonté []. Il ne nous traite pas selon nos péchés. Et ne nous rétribue pas selon nos iniquités.

Mais, autant les cieux sont élevés sur la terre. Autant’s'élève’sa bonté sur ceux qui le craignent ; Autant l’Orient est loin de l’Occident, Autant il éloigne de nous nos fautes.

Comme un père est miséricordieux pour ses enfants, Jahvé est miséricordieux pour ceux qui le craignent. Car lui, il sait de quoi nous sommes formés, II se souvient que nous ne sommes que poussière.

L’homme, ses jours sont comme l’herbe ;

Comme la fleur des champs il fleurit ;

Qu’un souffle passe sur lui et il n’est plus ;

Et le lieu qu’il occupait ne le connaît plus, (cm, 8-1(5.)

Les bontés de Jahvé, tant envers sa race qu’envers lui, l’Israélite s’en souvenait et le psalmiste les lui rappelait, ps. xxv, 6 ; lxxviii, 38. Et c’est pourquoi le fidèle pouvait répéter avec l’auteur sacré : « En ta bonté, j’ai confiance, Jahvé », ps. xiii, 6. Et encore :

Lorsque je disais : » Mon pied chancelle »,

Ta bonté, Jahvé, me soutenait, (xerv, 18.)

Création, providence, gouvernement divin.

Si nous unissons ces trois concepts, ce n’est pas que le psautier les confonde, c’est parce qu’ils sont très sou vent imbriqués. Le psalmiste détaille les œuvres que Dieu a créées, unis c’est pour affirmer aussitôt, ou bien que Dieu s’en occupe, ou bien que toutes les créa tures célèbrent la louange divine, ou bien que Dieu se trouve ; derrière toutes les manifestations de la nature. C’est à la parole divine que l’auteur du ps. xxxin attribue la création, et, dans cette œuvre divine, il discerne une activité générale de tous les attributs de Dieu.

La parole de Jahvé est droite,

Et toute son œuvre il l’a faite dans la vérité.

Il aime la justice et l’équité ;

La bonté de Jahvé remplit la terre.

l’ar la parole de Jahvé les cieux ont été faits, Et par le souffle de sa bouche toute leur armée. Il rassemble comme en un tas les eaux de la mer ; Il place en des réservoirs les océans.

Toute la terre craint devant Jahvé ;

Tous les habitants du monde tremblent.

Car lui, il a dit et tout s’est fait ;

Lui, il a ordonné, et tout a subsisté. (xxxiii, 4-9.)

Il est difficile de s’exprimer d’une manière plus formelle au sujet de cette dépendance totale du monde vis-à-vis de Dieu qui l’a tiré de rien, uniquement par la parole qui appelle tout à l’existence.

D’autres psaumes viendront nous décrire en des strophes d’une haute inspiration, l’intervention de Dieu dans la nature. Les phénomènes les plus divers, Dieu les produit encore par sa parole toute-puissante :

II envoie son ordre sur la terre ;

Avec rapidité s’élance sa parole.

Il répand la neige comme de la laine ;

Il saupoudre le givre comme de la poussier ».

Il projette sa grêle comme par morceaux ; Devant sa froidure les eaux se gèlent ; Il envoie sa parole et il les fond ; Il fait souffler son vent et les eaux coulent.

[(cxLvn, 15-18. i C’est toi qui as partagé, par ta puissance, la mer, Brisé les têtes des dragons sur les eaux.

C’est toi qui as fracassé les têtes du Léviathan, Qui l’as donné en pâture au peuple’des* bètes fauves. C’est toi qui as fait jaillir la source et le torrent ; C’est toi qui as mis à sec des fleuves intarissables !

A toi est le jour, à toi aussi la nuit ;

Car c’est toi qui as créé la lumière et le soleil.

C’est toi qui as fixé toutes les limites de la terre.

L’été et l’hiver, c’est toi qui les as établis.

[(lxxiv, 13-17.)

Outre le ps. xciii, que nous avons déjà cité, il faut mentionner encore le ps. civ, dans lequel l’auteur nous fait assister à une véritable féerie d’activités humanodivines ; son regard se porte successivement sur toutes les créatures et il en trace un portrait d’une variété remarquable. Extrayons-en ce simple passage :

Eux tous, ils attendent de toi

Que tu leur donnes leur nourriture en son temps.

Tu la leur donnes, ils la saisissent,

Tu ouvres ta main ils sont rassasiés de biens.

Tu caches ta face, ils sont dans l’épouvante ;

Tu reprends leur souffle, ils expirent ;

Tu envoies ton soufflu, ils sont créés ;

Et tu renouvelles la face de la terre. (civ, 27-30.)

Rien n’échappe à ce gouvernement général du monde, ni à la providence particulière de Dieu :

Il compte le nombre des étoiles, Toutes il les appelle par leur nom… C’est lui qui couvre les cieux de nuages, Qui prépare la pluie pour la terre.