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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/659

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, p. 323 s(|. Il peut arriver d’ailleurs que la même action, la prière par exemple, possède a la luis cette triple Formalité. Voir Prière, t. mu, col. 234-235. Le mérite pour autrui ne peut, en toute hypothèse, être qu’un mérite de convenance. Voir Cc>c ; m ; o un i, t. iii, col. 1143-1144. De ces principes, dont ou ne peut marquer ici que les grandes ligues, l'Église a déduit la légitimité des indulgences, sous la forme qu’elles révèlent présentement, appliquées aux défunts. Ici, la théorie, déjà formulée au XIIIe siècle, a singulièrement devancé l’application officielle Noir Indulgences, t. vu. col. 16Il et 1616.

Les suffrages énumérés par le concile de Trente (voir col. 1279) et proposés par tous les théologiens rentrent dans l’une ou l’autre des trois catégories : sacrifices de la messe, prières, aumônes, autres œuvres de piété (dont les pénitences volontaires et les indulgences), toutes ces manifestations de notre activité surnaturelle en laveur des défunts ont valeur impétratoire, satisfactoire ou méritoire, soit disjonctivemenl, soit simultanément.

Sur le détail de ces suffrages pour les âmes du purgatoire, voir J. Terrisse, Le purgatoire ou pouvoir, motifs et moyens que nous avons de secourir les âmes du purgatoire, Paris, 1911-1912, p. 223-307 ; Chollet, op. cit., toc. laud. ; J. Munford, Traité de la charité envers les âmes du purgatoire, dansBouix, Le purgatoire, 3e éd., Paris, 1883 ; L. Rouzic, Le purgatoire, Paris, 1922, c. xxi-xxvii ; A. Molien, La prière pour les défunts, Avignon, 1929.

3. La manière dont les suffrages aident les défunts. — C’est là un troisième point où la théologie a dû apporter quelques éclaircissements.

a) La prière. — Il s’agit de la prière considérée uniquement quant à sa valeur impélratoire. Les théologiens sont assez divisés sur la manière dont la prière, par sa seule valeur impétratoire, peut apporter secours aux âmes du purgatoire.

Les uns estiment que la prière, considérée uniquement sous la formalité d’impétration, peut obtenir de Dieu directement la remise de la peine encore due à la justice divine par les âmes du purgatoire. Le Christ n’a-t-il pas dit sans restriction : « Demandez, et vous recevrez ? » De Lugo, De pœnitentia, disp. XXIV, n. 20. Bellarmin adopte cette solution. « La prière, dit-il, aide d’une double façon les âmes des défunts : d’abord en tant qu’oeuvre pénale et laborieuse… ; ensuite, en tant que simple impétration. ce qui est le caractère propre de la prière, tout comme les prières des bienheureux sont utiles et à nous et aux âmes du purgatoire, bien qu’elles ne possèdent pas de valeur satisfactoire. » Op. cit., t. II, c. xvi, p. 123. Théophile Raynaud distingue entre prières des vivants et prières des saints du ciel : les premières seules auraient une influence directe en faveur de la rémission des peines du purgatoire. Scapulare marianum, q. v, dans Opéra, t. vii, Lyon, 1665, p. 289. « Doctrine pieuse, probable et peut-être vraie », déclare Suarez, op. cit., disp. XLVIII, sect. v, n. 5 ; mais combien incertaine et peu fondée, ajoute-t-il aussitôt. Car, si par nos prières, considérées comme simples impétrations, il nous est impossible d’obtenir pour nous-mêmes la rémission de la dette de peine dont nous sommes encore redevables à Dieu après le pardon de nos fautes, combien la chose sera-t-elle plus impossible encore à l'égard d’autrui. C’est donc en tant qu’oeuvres satisfactoires, que nos prières obtiennent directement et pour nous-mêmes et pour autrui une rémission des peines dues aux péchés pardonnes. En tant qu'œuvres impétratoires, elles peuvent indirectement obtenir cette rémission en demandant à Dieu d’appliquer aux âmes souffrantes les satisfactions de Jésus-Chiist, de la sainte Vierge et des saints et

surtout d’inspirer aux fidèles de l'Église militante la pieuse pensée ei la charitable résolution d’offrir des

satisfad ions pour les à mes en faveur de qui sont faites ces prières. Cette seconde opinion nous paraît de beaucoup plus probable. En effet, de leur nature les peines du purgatoire sont dues a la justice divine, et le soulagement de ces peines doit être normalement obtenu par des satisfactions offertes par ceux-là qui sont en état de les offrir. Demander a Dieu que les âmes soient libérées gratuitement, c’est-à-dire indépendamment de toute satispassion de leur part ou de sal isfaction de notre part, c’est s’exposer grandement à ne pas être exaucé. Cf. Lépicier, op. cit., p. 299 ; Ch. Pesch, op. cit., t. ix, n. 611 ; L’Ami du clergé, 1932, p. 111-112.

Cette solution éclaire la question connexe de l’intervention d<'s saints du ciel en faveur des âmes du purgatoire. Cette intervention ne saurait être mise en doute. Deus venige largitor… quiesumus clementiam tuam : ut noslnc congregationis fratres… qui ex hoc sœculo transierunt, beat a Maria skmper virgin’e ixtehcedente cru omnibus SANCTis tuis, ad perpétuée beatitudinis consortium pervenire concédas. Deuxième collecte de la messe quotidienne pro defunctis. Mais le mode d’intervention doit être expliqué conformémint aux principes énoncés tout à l’heure. Les saints, en elïet, outre leur impossibilité de mériter et d’offrir à Dieu des satisfactions présentes, entendent bien se conformer, en priant pour les défunts, à l’ordre de la Providence, qui fait dépendre de l’expiation la rémission de la peine ou totale ou même partielle. La sainte Vierge et les saints offrent donc à Dieu les satisfactions passées de Jésus-Christ et leurs propres satisfactions acquises pendant leur vie terrestre ; ils demandent à Dieu d’inspirer aux vivants la pratique de satisfactions en faveur des âmes souffrantes et peut-être au cas où certains suffrages offerts pour des âmes déterminées ne pourraient leur être appliqués (soit parce qu’elles sont déjà au ciel ou qu’elles sont damnées), la Vierge et les saints désignent-ils à Dieu par leur intercession les âmes auxquelles peuvent être transmis le bénéfice des suffrages inutilisables. Sur tous ces points, voir J.-B. Terrien, La Mère des hommes, t. ii, Paris, s. d., p. 320-326.

Avec Suarez le P. Terrien estime peu probable que les saints du ciel (la même raison vaut aussi pour les prières des vivants) obtiennent de Jésus-Christ qu’il applique lui-même aux défunts la quantité de ses propres satisfactions nécessaire et suffisante pour qu’ils soient délivrés. L T ne délivrance ainsi obtenue serait gratuite et du côté du donataire et du côté de ses avocats ; mais la justice aurait néanmoins pleine satisfaction du côté du Christ. Ce mode d’application ou de rémission semble improbable, du moins d’une façon régulière, parce que « Jésus-Christ, cause et source universelle de toute rémission de la peine, ayant établi des instruments et comme des causes secondes pour appliquer ses satisfactions, il n’a pas coutume d’en faire l’application de lui-même, en dehors des moyens institués par lui. Si donc il le fait quelquefois, c’est par une économie spéciale qui ne tombe ni sous la science, ni sous la loi. » Terrien, op. cit., p. 324, note 1. Voir aussi Palmieri, op. cit. ; § 31, n. 4. En réalité nous ne pouvons que faire des conjectures plus ou moins vraisemblables. Dieu demeurant toujours libre d’agir par pure bonté et miséricorde.

De plus, les théologiens admettent généralement que si les suints ne peuvent venir réconforter par leur présence les âmes dans le purgatoire, il n’en est pas de même des anges gardiens, que Dieu ou la Vierge Marie, peuvent députer vers les âmes qui souffrent pour les soutenir ou leur annoncer leur proche délivrance. Suarez, De angelis, t. V, c. ix, n. 9, Opéra,