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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/705

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    1. PUSÉYISME ET RITUALISME##


PUSÉYISME ET RITUALISME. LES DIFFICULTÉS

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légalité des ornements eucharistiques et Veaslward position. Cette dernière pratique était un nouvel emprunt a la liturgie catholique. Le prêtre anglican, dans la célébration de la cène, se teneit au bout de la table de communion, à demi tourné vers l’assistance (norlliivard position). Les ritualistes se tenaient pour la messe devant l’autel, le dos tourné à l’assistance (easlward position), comme le font les prêtres catholiques. La rubrique du Pruyer book disait d’ailleurs simplement que le célébrant se tenait devant la table.

Contre cette partie du jugement de la Cour des Arches, la Church Association en appela au Conseil privé, qui, le 23 février 1871, condamna comme illégale l’eustward position. Le motif de la condamnation est doctrinal : « h’eastward position de l’ofliciant, qui a été ainsi déclarée illégale, est, du consentement général, en relation très étroite dans le jugement populaire avec 1’afïîrmation de la doctrine eucharistique et est certainement davantage d’accord avec la pratique qui prévaut dans la chrétienté. Elle est pratiquement identifiée aux yeux des Églises qui y ont été accoutumées avec la croyance au caractère sacrificiel de la sainte eucharistie. > Simpson, op. cit., p. 136.

Devant cette condamnation, Purchas garda la même attitude que Mackonochie : il se refusa à payer les frais du procès et à changer quoi que ce soit dans sa manière d’agir. Frappé de suspense pour un an, il n’en continua pas moins d’exercer ses fonctions. L’intervention de l’État dans ces matières n’avait pour lui aucune autorité. Liddon et Gregory, chanoines de la cathédrale Saint-Paul, pensaient de même : écrivant à leur évêque pour lui demander d’être aussi indulgent envers les ritualistes qu’il l’était envers les evangelicals qui négligeaient les rubriques, ils déclaraient ne pas reconnaître l’autorité du Conseil privé ; si l’obéissance canonique à l’évêque a ses limites in foro conscientise, pourquoi la soumission serait-elle sans limites lorsqu’il s’agit de décrets portés par une cour laïque ? Simpson, op. cit., p. 137. Les évêques, d’ailleurs, n’étaient pas non plus obéis. Randall, curé d’AU Saints, à Clifton, qui avait reçu de l’évêque de Gloucester, Elliott, l’ordre de se conformer à la décision du Conseil privé dans l’affaire Purchas, lui opposa un refus respectueux, invoquant la décision de la Ccur des Arches, qui avait reconnu la légitimité des ornements.

Les protestations contre cette décision affluèrent : cinq mille clergymen demandent aux évêques de ne pas l’appliquer ; Pusey, à partir de ce moment, adopte en célébrant Veastward position et se déclare prêt à la résistance. Liddon, Life of Pusey, t. iv, p. 223-225. Church critique la sentence, Occasional papers, t. ii, p. 48 sq. ; l’évêque Wilberforce redoute un schisme et craint que ces interventions ne marquent la fin de l’Église établie, Life of Wilberforce, t. iii, p. 229. Cette idée de séparation de l’Église et de l’État gagne en effet du terrain : ne serait-ce pas le seul moyen de rendre à l’Église son indépendance ? Pusey ne la désire pas, il en saisit les graves inconvénients, mais, malgré toit, il se demande si l’on ne sera pas contraint d’y arriver. Cf. Liddon, ibid., p. 199-202, 207-208, 223-224.

Victorieux dans toutes ses interventions précédentes auprès du Conseil privé, la Church Association subit un échec à propos de la doctrine de l’eucharistie. Le Rév. W. Bennett, dans une lettre publique adressée à Pusey, avait exposé sa doctrine sur l’eucharistie. Il est traduit par la Church Association devant la Cour des Arches, qui, le 23 juillet 1870, reconnaît n’avoir rien à condamner dans la doctrine de Bennett sur « la présence objective, réelle, actuelle et spirituelle », non plus que dans ses assertions sur le sacrifice et sur le culte eucharistique, qui étaient conformes à celles des

formulaires et des théologiens. Le 8 juin 1872, le Conseil privé ; saisi a son tour de l’alfaire, confirme la sentence de la Cour des Arches. La doctrine pour laquelle Pusey avait été condamné en 1843 obtenait au moins la tolérance. C’était un succès pour le puséyisme, succès imparfait, il est vrai, puisque la doctrine contraire était également tolérée.

3. Le « Public worship régulation act » : emprisonnement des ritualistes. — a) Yole du bill et altitude des ritualistes. — Évêque de Londres, Tait avait déjà manifesté ses tendances Broad Church et antiritualistes ; devenu archevêque de Cantorbéry, il appuiera de tout son pouvoir la campagne de la Church Association. Il sera le promoteur de l’acte de répression’contre le ritualisme : Public worship régulation act.

La Church Association fit présenter aux deux archevêques de Cantorbéry et d’York une pétition couverte de soixante mille signatures, réclamant la suppression complète de toutes les cérémonies et pratiques déjà jugées illégales. Tait répondit en manifestant sa sympathie aux signataires et en critiquant la minorité, qui veut « renverser les principes de la Réforme *. Dans leur réponse à une députation de la Church Association reçue à Lambeth en 1873, les deux archevêques se montrent conscients du danger que fait courir cette minorité considérable, qui a osé présenter à la Convocation de Cantorbéry une demande appuyée par quatre cents clergymen « pour le rétablissement de ce qu’ils appellent la confession sacramentelle ». Ils sont décidés « à s’opposer à une telle innovation et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour l’entraver ». Simpson, op. cit., p. 139-140.

Ce moyen, Tait crut l’avoir trouvé en proposant une loi pour la réglementation du culte public. Il fut soutenu par la reine Victoria, qui lui écrit, en janvier 1874, qu’il faut que « tout soit fait pour mettre en échec le High Church et le parti ritualiste ». Elle dit à Gladstone que « les progrès de ces alarmantes tendances romanisantes » sont devenus si sérieux que le jeune clergé semble empreint de ces doctrines tout à fait antiprotestantes, et elle se déclare « protestante jusqu’au fond du cœur ». Simpson, op. cit., p. 142. Malgré le respect qu’il avait pour la reine, Gladstone combattit au Parlement le projet, qui fut soutenu par Disræli. Malgré les efforts des ritualistes — Pusey publia trois lettres dans le Times, 19, 24 et 30 mars 1874 — le projet fut voté par les deux Chambres et promulgué le 7 août 1874. Il prétendait simplifier la procédure à suivre dans les procès pour irrégularités cultuelles : les poursuites pouvaient être engagées soit par un churchwarden (marguillierl, soit par trois paroissiens, l’évêque ayant droit de veto pour s’opposer aux poursuites. La première juridiction était constituée par le conseil diocésain, présidé par l’évêque ; la seconde était le comité judiciaire du Conseil privé.

La persécution violente allait commencer contre les ritualistes. Ceux-ci ne peuvent que faire appel à l’opinion. Le 27 juin 1875, une déclaration de résistance est lue dans diverses églises de Londres, où, en 1873, soixante-quatorze églises avaient adopté Veastward position, et cent dix-neuf en 1875. En même temps, sur l’initiative de l’English Church Union, étaient établies les revendications que l’on jugeait essentielles et sur lesquelles on ne transigerait jamais : easlward position, ornements eucharistiques, usage des cierges allumés et de l’encens, mélange de l’eau au vin dans le calice, pain azyme. Une nouvelle société se fonde pour libérer l’Église de la tutelle de l’État. L’idée de la séparation des deux pouvoirs fait des progrès. On lit dans le Church Times du 1 er janvier 1875 : « Le « désétablissement » ne nous effraye pas ; nous ne saurions le regarder comme un mal. » Dans le Conlemporary quill. 1875) Gladstone constate